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2014-07-28 10:28:46
De surcro?t, la population de la Crimée manifestait sa volonté de
rester russe. Une guerre aurait pu éclater, certains nationalistes
ukrainiens prédisaient le pire.23 Cependant, malgré l’importance des
enjeux géostratégiques pour la Russie (avec le port de Novorossiisk, il
ne lui reste qu’un assez médiocre débouché sur la mer Noire), celle-ci
se résigna à la perte de la Crimée et une solution de compromis fut
trouvée quant au partage de la flotte.24 Il est heureux qu’à la
différence des drames qui ont marqué l’éclatement d’un autre état
socialiste, la République socialiste fédérative de Yougoslavie, la
séparation des quinze républiques fédérées qui formaient les pièces
majeures de l’Union soviétique se soit, somme toute, déroulée à
l’amiable. Mais il n’en est pas de même pour ce qui concerne la
fédération de Russie, où la volonté de sécession de la petite république
de Tchétchénie est la cause première d’une guerre qui a d’abord duré de
1994 à 1996 et qui, malgré un compromis, a repris en 1999, sans que
présentement l’on entrevoie une solution.L’affaire de Tchétchénie ne
cesse de s’envenimer depuis dix ans25 En Tchétchénie, les enjeux
géostratégiques pour la Russie n’ont pas, quoi qu’on en dise, de commune
mesure avec ceux qu’offraient pour les Russes le littoral de la mer
Noire, et tout particulièrement la presqu’?le de Crimée. Et pourtant,
Boris Eltsine a admis les conséquences de l’indépendance de l’Ukraine.
En revanche, l’affaire de Tchétchénie, qui commence en fait dès 1990 et
qui dure encore onze ans plus tard, montre les difficultés dans
lesquelles se trouvent les dirigeants russes pour trouver une solution à
ce problème qui discrédite grandement la Russie aux yeux de l’opinion
internationale.26 Pour la Russie, l’enjeu géostratégique que
constituerait la Tchétchénie est en vérité assez limité, surtout de nos
joursxA0;: il s’agit d’un secteur d’une centaine de kilomètres de large
sur la fa?ade nord de l’énorme cha?ne de montagnes qu’est le Caucase.
Elle s’allonge en effet sur près de 900 km entre la Caspienne et la mer
Noire. Dans cette cha?ne, dont plusieurs sommets dépassent les 5000 m,
rares sont les cols d’accès relativement facile qui permettent de passer
du versant nord à la Transcaucasie. Or la fameuse passe de Darial, qui
permet de relier Vladikavkaz à Tbilissi, ne se trouve pas en
Tchétchénie, mais plus à l’ouest, en Ossétie, qui est majoritairement
peuplée de chrétiens et non de musulmans comme dans l’ensemble du
Caucase. Le contr?le de cette passe, comme celui du versant nord du
Caucase, a eu pour les Russes une importance stratégique tant qu’ils
occupaient la Géorgie et l’Azerba?djan. Mais ce n’est plus le cas
aujourd’hui puisque les états de Transcaucasie sont indépendants et
rivaux. Ils sont en fort bons termes avec les compagnies américaines pour faire
passer au sud du Caucase des oléoducs de Bakou vers la mer Noire.27
Pour la Russie, l’intérêt stratégique de la Tchétchénie n’est plus tant
que Groznyi, la capitale, se trouve située sur un petit gisement
pétrolier (aujourd’hui en voie d’épuisement, semble-t-il) et sur le
tracé d’un vieil oléoduc qui va de Bakou vers la Russie, au pied du
versant nord du Caucase. La sédition tchétchène a coupé à maintes
reprises cet oléoduc nord-caucasien, ce qui a favorisé d’autant le
développement de nouveaux oléoducs au sud du Caucase et en dehors de la
fédération de Russie. Mais les Russes viennent de construire un nouvel oléoduc qui évite par le nord
le territoire de la Tchétchénie. Ce nouvel oléoduc re?oit celui qui
vient du nord de la Caspienne et qui achemine le pétrole des très grands
gisements de Tenguiz, au Kazakhstan occidental, vers le port de
Novorossiisk, sur la mer Noire. Le contr?le de la Tchétchénie en tant
que telle ne présente donc plus pour la Russie un grand intérêt
géostratégique. D’ailleurs, à l’automne 1996, après deux ans de violents
combats, les troupes soviétiques ont évacué la Tchétchénie, un accord
ayant été conclu sur un référendum dans les cinq
28 Cependant, l’ardeur combative des Tchétchènes s’est déjà exercée à
plusieurs reprises hors des frontières de leur république, par des raids
dans des villes russes situées à plusieurs centaines de kilomètres.
Poussés par des leaders islamistes, ils revendiquent aussi les plaines
au nord du Caucase, sous prétexte qu’elles étaient jadis les terres de
nomades musulmans. En septembre 1999, des Tchétchènes ont voulu fonder
dans le Caucase oriental une république islamique faisant sécession de
la république du Daghestan, qui a fait appel aux troupes de la
fédération de Russie. Au même moment, de très graves attentats ont été
commis à Moscou et ils ont été attribués à des terroristes tchétchènes.
Aussi en octobre 1999 l’armée russe a-t-elle de nouveau envahi la
Tchétchénie et s’est-elle emparée une fois encore et non sans peine de
Groznyi. Depuis, la guerre continue dans la montagne contre les maquis
tchétchènes qui s’infiltrent aussi dans les villes de la plaine, y
compris dans Groznyi.29 Il faut remarquer que ce conflit fait l’objet
depuis des années d’une attention soutenue de la presse internationale,
alors que l’enjeu territorial n’est qu’une centaine de kilomètres à la
périphérie d’un immense pays.