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2014-07-25 11:54:48
Une dizaine d’organisations politiques et syndicales nationalistes,
associatives, culturelles et institutionnelles, comme le Conseil
économique, social et culturel, forment un Culletivu pè a lingua Corsa
ayant pour objet l’160;action en faveur de la ratification de la Charte
des langues minoritaires et la contribution à l’élaboration du Plan de
développement pour la langue et la culture corses prévu par l’article 53
de la loi Joxe160;. La manifestation unitaire, à Ajaccio, de soutien à
la création d’un office du bilinguisme ou office de planification
linguistique proposée à l’assemblée de Corse par les élus de Corsica
Nazione sera un succèsxA0;: 160;4 000 voix pour une langue160;, titre
Corse matin du 6 avril 1997. 28 En 1998, cette lutte identitaire
deviendra un facteur de consensus et de mobilisation de toutes les
forces politiques de la droite d’opposition majoritaire et des
nationalistes, se démarquant ainsi du pouvoir gouvernemental durant la
période du préfet Bonnet. 29 Il en est de même en mars 2002, après la
suspension par les élus de Corsica Nazione du soutien au processus de
Matignon et la fin d’un consensus qui n’est plus activé avec les élus
régionaux. à la veille des élections présidentielles, le combat pour
l’article 7 donne l’occasion aux nationalistes divisés de s’affirmer sur
l’échiquier politique insulaire et de se repositionner par rapport aux
élus locaux. Il y a reprise des attentats à connotation xénophobe; le
sigle IFF redevient d’actualité. Et à nouveau une mobilisation du
mouvement lycéen et étudiant s’organise pour la langue corse.
Si la pratique de la langue et de la culture corses est devenue une
source notable de création d’emplois, la promotion et la politisation de
Langue et culture corses (LCC) par les nationalistes jouent en défaveur
de la langue corse 30 Tous les nouveaux emplois engendrés par la mise
en place de son enseignement sont des emplois de la fonction publique,
les associations privées ne s’étant pas impliquées au niveau du primaire
comme Diwan en Bretagne ou les ikastolas au Pays basque. Depuis 1991,
une centaine de professeurs ont obtenu le CAPES et enseignent dans les
collèges et lycées de l’?le. Cependant, l’étroitesse de l’aire
d’enseignement entra?ne la demande d’extension puis de généralisation
dans le premier degré, qui conduit à moyen et long termes à la création
de nouveaux postes. 31 Pour certains élus de la droite traditionnelle
claniste, il peut être vécu comme un facteur d’indépendance. Par
ailleurs, l’enseignement de LCC (Langue et culture corses) est parfois
re?u avec méfiance. Pour les instituteurs et les professeurs, s’exprimer
en corse dans une salle de classe peut être per?u comme un acte
militant ou comme une forme de solidarité avec les nationalistes, tant
la revendication culturelle est devenue politique. 32 Quant aux parents
d’élèves, on assiste à une désaffection de la part des familles pour
l’enseignement de LCC alors que ce dernier est fondé sur le volontariat. Ils refusent la revendication culturelle car assimilée à une
revendication politique visant à l’indépendance de la Corse. Une
identité linguistique, source de spécificité, est un outil de
reconnaissance d’un territoire régional La reconnaissance culturelle de
la langue et de la culture corses 33 D’une terre aux multiples parlers à
un territoire à une langue. 150; Le fait qu’il y ait en Corse des
représentations de 160;terre160; et non pas de 160;territoire160;,
notion intraduisible localement, est à mettre en corrélation avec un
espace insulaire morcelé, cloisonné, composé de multiples territoires à
différentes échelles et doté d’une langue aux parlers diversxA0;: de
part et d’autre du col de Vizzavone l’160;En de?à160; des monts tourné
vers la Toscane et l’160;Au-delà160; des monts tourné vers la Sardaigne,
avec une multitude de microrégions qui sont des territoires où se
confrontent des forces politiques rivales à toutes les échelles de
pouvoir. Dans le passé, le locuteur pouvait savoir de quel village,
voire de quelle microrégion ou partie de l’?le était son interlocuteur;
aujourd’hui, cet exercice est devenu souvent impossible avec une
expression linguistique normalisée et déterritorialisée. 34
Reconnaissance de la languexA0;: concept de langue polynomique et de
reconnaissance-naissance de la langue. 150; La reconnaissance de la
langue corse est récente. Les travaux fondamentaux des universitaires
Fernand Ettori, Pascal Marchetti et Jean-Baptiste Marcellesi en sont en
grande partie à l’origine.
160;Que le corse soit une langue romane, comme le notait à la fin du
XVe siècle le chroniqueur Petrus Cyrnaeus, que notre langue appartienne à
l’aire dialectale italique, personne ne peut de bonne foi le contester.
Ses plus proches parents sont à chercher en Toscane parmi les parlers
rustiques plus encore que dans le toscan littéraire160; (F. Ettori,
160;Corse160;, Encyclopédies régionales, 1984). 35 Selon le
sociolinguiste Jean-Baptiste Marcellesi, 160;l’individuation
socio-linguistique est le processus par lequel une communauté ou un
groupe social tend à systématiser ses différences linguistiques, à les
sacraliser, à les considérer comme déterminantes, à en faire un élément
de reconnaissance. Ces différences deviennent alors des “indicateurs
d’identité” (160;L’?le miroir, actes du colloque d’Aix-en-Provence,
27-28 novembre 1987). 36 Selon Jeannine Grob, 160;le corse est objet
d’une mystification qui souvent (surtout de la part des étudiants
interrogés) s’accompagne d’une stigmatisation du fran?ais.