Une pensée nous
rappelleWittgenstein dans ce texte visionnaire xA0;estessentiellement ce
qui est exprimé par une proposition danslaquelle le contexte exprimé ne
veut pas dire xA0;provoquéparxA0; ou xA0;amenéxA0; (Ibid. ma
traduction).68 Il ny adonc rien de privé dans une pensée puisquelle
nesexprime et na de sens que dans et par le langage quilui par essence
relève de la sphère publique et sociale.Et le sens dune proposition est
ce que les phrases quipeuvent être traduites lune dans lautre ont en
commun.69Lanthropologie cognitive travaille depuis une trentaine dannées
à lélaboration dun principe dintelligibilitéunivoque quelle
appliquerait au domaine social etculturel de la même manière que les
neuroscienceslappliquent au système neuronal. Nonobstant quelles sontles
procédures délargissement par lesquelles on passe ducerveau à la pensée
de la pensée à laction et delaction à la société? Il y aurait comme une
voie directesans aucune médiation entre la représentation mentale et
lemonde. Or même la neurophysiologie contemporaine défendaujourdhui avec
prudence la thèse des médiationsindirectes.
On ne voit pas pourquoi lhomme discursiféchapperait à une loi qui vaut
à tout le moins pourlhomme neuronal.70 Aucune science ne se déploie à
létatbrut de même quaucun donné ne soffre dans sa puretéoriginaire.
Aucun état du monde ni aucune science ne sedonnent xA0;sans mise en
scène rituels appareillagetechnique décors finalités pédagogiques
instaurationdune vulgate appels à limagination échecsaccidentsxA0;
(Chauviré 2005xA0 177).71 Rabattrelanthropologie culturelle sur une
psychologie aventureusef?t-elle cognitive ne conduira quà lélimination
de lapremière. Et si lon est fondé à comprendre la pertinencede la
question que posait Sperber (1982xA0 42) xA0;par quelprocessus de
sélection et en fonction de quels facteurs unetoute petite fraction des
représentations mentales que leshumains construisent deviennent-elles
des représentationsculturelles partagées?xA0; la réponse quil apporte
dixans plus tard est en revanche inadaptée pour un ethnologueet un
anthropologue. Car les xA0;propriétés psychologiquesde lhomme
(propension au mimétisme capacité demémorisation et autres mécanismes
cognitifs) expliquentbeaucoup mieux la propagation des représentations
que leur sélectionxA0; (Scubla 1988xA0 185). Or la culture relève biende
la sélection et non de la propagation ou de la contagion(Remotti 2003). 72 Mais quand bien même accepterait-on ànotre corps défendant un
accrochage de lanthropologie àla locomotive de la psychologie encore
conviendrait-il de démontrer que des concepts aussi massivement
psychologiquesque ceux de langage famille perception ou imitation
sontavant tout des catégories sociales.73 Tache qui constitue ànen pas
douter un autreprogramme.BibliographieBIBLIOGRAPHIEAndler Daniel ed.1992
Introduction aux sciences cognitives. ParisGallimard.Andrade Roy d 1995
The Development ofCognitive Anthropology. Cambridge Cambridge
UniversityPress.
Anscombe Gertrude Elizabeth Margaret 2002LIntention. Préface de Vincent
Descombes. ParisGallimard.Atran Scott 1987 xA0;Constraints on the
OrdinarySemantics of Living KindsxA0; Mind and Language 2 (1)xA027-63. —
1990 Cognitive Foundations of Natural History.Cambridge Cambridge
University Press.Benoist Jocelyn 2005Les Limites de lintentionnalitéxA0
recherchesphénoménologiques et analytiques.