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分类: 网络与安全

2014-08-25 16:56:46

Grace à cetacte d’hypocrisie, on pouvait se faire pardonner toutesles mésalliances, tous les crimes même, à la courd’Autriche ; et MarieThérèse suivait en cela l’exempleque son père et sa mère lui avaient donné, d’accueillirquiconque voulait échapper aux rebuts et aux dédains de l’Allemagne protestante, en se réfugiant dans legiron de l’église romaine. Mais, toute princesse et toutecatholique qu’elle était, la margrave n’était rien àVienne, et M. de Kaunitz était tout. Aussit?t que Consuelo eut chanté son troisièmemorceau, le Porpora, qui savait les usages, lui fit unsigne, roula les cahiers, et sortit avec elle par une petiteporte de c?té sans déranger par sa retraite les noblespersonnes qui avaient bien voulu ouvrir l’oreille à sesaccents divins. Tout va bien, lui ditil en se frottant les mainslorsqu’ils furent dans la rue, escortés par Joseph quileur portait le flambeau. Le Kaunitz est un vieux fouqui s’y conna?t, et qui te poussera loin.Et qui est le Kaunitz ? je ne l’ai pas vu, ditConsuelo. Tu ne l’as pas vu, tête ahurie ! Il t’a parlé pendantplus d’une heure.Mais ce n’est pas ce petit monsieur en gilet rose etargent, qui m’a fait tant de commérages que je croyaisentendre une vieille ouvreuse de loges ?C’est luimême. Qu’y atil là d’étonnant ?Moi, je trouve cela fort étonnant, réponditConsuelo, et ce n’était point là l’idée que je me faisaisd’un homme d’état.C’est que tu ne vois pas comment marchent lesétats. Si tu le voyais, tu trouverais fort surprenant queles hommes d’état fussent autre chose que de vieillescommères. Allons, silence làdessus, et faisons notremétier à travers cette mascarade du monde.Hélas ! mon ma?tre, dit la jeune fille, devenuepensive en traversant la vaste esplanade du rempartpour se diriger vers le faubourg où était située leurmodeste demeure : je me demande justement ce quedevient notre métier, au milieu de ces masques si froidsou si menteurs.
Eh ! que veuxtu qu’il devienne ? reprit le Porporaavec son ton brusque et saccadé : il n’a point à devenirceci ou cela. Heureux ou malheureux, triomphant oudédaigné, il reste ce qu’il est : le plus beau, le plusnoble métier de la terre !Oh oui ! dit Consuelo en ralentissant le pastoujours rapide de son ma?tre et en s’attachant à sonbras, je comprends que la grandeur et la dignité de notreart ne peuvent pas être rabaissées ou relevées au gré ducaprice frivole ou du mauvais go?t qui gouvernent lemonde ; mais pourquoi laissonsnous ravaler nospersonnes ? Pourquoi allonsnous les exposer auxdédains, ou aux encouragements parfois plus humiliantsencore des profanes ? Si l’art est sacré, ne le sommesnous pas aussi, nous ses prêtres et ses lévites ? Que ne vivonsnous au fond de nos mansardes, heureux decomprendre et de sentir la musique, et qu’allonsnousfaire dans ces salons où l’on nous écoute en chuchotant,où l’on nous applaudit en pensant à autre chose, et oùl’on rougirait de nous regarder une minute comme desêtres humains, après que nous avons fini de paradercomme des histrions ?Eh ! eh ! gronda le Porpora en s’arrêtant, et enfrappant sa canne sur le pavé, quelles sottes vanités etquelles fausses idées nous trottent donc par la cervelleaujourd’hui ? Que sommesnous, et qu’avonsnousbesoin d’être autre chose que des histrions ? Ils nousappellent ainsi par mépris ! Eh ! qu’importe si noussommes histrions par go?t, par vocation et parl’élection du ciel, comme ils sont grands seigneurs parhasard, par contrainte ou par le suffrage des sots ? Ouida ! histrions ! ne l’est pas qui veut ! Qu’ils essaientdonc de l’être, et nous verrons comme ils s’y prendront,ces mirmidons qui se croient si beaux ! Que lamargrave douairière de Bareith endosse le manteautragique, qu’elle mette sa grosse vilaine jambe dans lecothurne, et qu’elle fasse trois pas sur les planches ;nous verrons une étrange princesse ! Et que croistuqu’elle fit dans sa petite cour d’Erlangen, au temps oùelle croyait régner ? Elle essayait de se draper en reine,et elle suait sang et eau pour jouer un r?le audessus deses forces. Elle était née pour faire une vivandière, et, par une étrange méprise, la destinée en avait fait unealtesse. Aussi atelle mérité mille sifflets lorsqu’ellefaisait l’altesse à contresens. Et toi, sotte enfant, Dieut’a faite reine ; il t’a mis au front un diadème de beauté,d’intelligence et de force. Que l’on te mène au milieud’une nation libre, intelligente et sensible je supposequ’il en existe de telles !, et te voilà reine, parce que tun’as qu’à te montrer et à chanter pour prouver que tu esreine de droit divin. Eh bien, il n’en est point ainsi ! Lemonde va autrement.
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