Alors il prit le verre, le vida aux trois quarts dans la cheminée, pour que l'on
p?t croire que Valentine avait bu ce qu'il en manquait, le reposa sur la CI.
Locuste.. 175 Page 180 Le Comte de Monte-Cristo, Tome IV table de nuit puis,
regagnant la porte de la bibliothèque, il disparut après avoir jeté un dernier
regard vers Valentine, qui s'endormait avec la confiance et la candeur d'un ange
couché aux pieds du Seigneur. CI. Locuste.. , 176 Page 181 CII. Valentine. La veilleuse continuait de br?ler sur la
cheminée de Valentine, épuisant les dernières gouttes d'huile qui surnageaient
encore sur l'eau ; déjà un cercle plus rouge?tre colorait l'alb?tre du globe,
déjà la flamme plus vive laissait échapper ces derniers pétillements qui
semblent chez les êtres inanimés ces dernières convulsions de l'agonie qu'on a
si souvent comparées à celles des pauvres créatures humaines ; un jour bas et
sinistre venait teindre d'un reflet d'opale les rideaux blancs et les draps de
la jeune fille. Tous les bruits de la rue étaient éteints pour cette fois, et le
silence intérieur était effrayant. La porte de la chambre d'?douard s'ouvrit
alors, et une tête que nous avons déjà vue parut dans la glace opposée à la
porte : c'était Mme de Villefort qui rentrait pour voir l'effet du breuvage.
Elle s'arrêta sur le seuil, écouta le pétillement de la lampe, seul bruit
perceptible dans cette chambre qu'on e?t crue déserte, puis elle s'avan?a
doucement vers la table de nuit pour voir si le verre de Valentine était vide.
Il était encore plein au quart, comme nous l'avons dit. Mme de Villefort le prit et alla le vider dans les cendres, qu'elle
remua pour faciliter l'absorption de la liqueur, puis elle rin?a soigneusement
le cristal, l'essuya avec son propre mouchoir, et le repla?a sur la table de
nuit. Quelqu'un dont le regard e?t pu plonger dans l'intérieur de la chambre e?t
pu voir alors l'hésitation de Mme de Villefort à fixer ses yeux sur Valentine et
à s'approcher du lit. Cette lueur lugubre, ce silence, cette terrible poésie de
la nuit venaient sans doute se combiner avec l'épouvantable poésie de sa
conscience : l'empoisonneuse avait peur de son uvre. Enfin elle s'enhardit,
écarta le rideau, s'appuya au chevet du lit, et regarda Valentine. La jeune
fille ne respirait plus, ses dents à demi desserrées ne laissaient échapper
aucun atome de ce souffle qui décèle la vie ; ses lèvres blanchissantes avaient
cessé de frémir ; ses yeux, noyés dans une vapeur CII. Valentine..
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