?Oh ! oui, dit-elle, je reconnais le go?t de mes breuvages nocturnes, de cette
eau qui rendait un peu de fra?cheur à ma poitrine, un peu de calme à mon
cerveau. Merci, monsieur, merci. Voilà comment vous avez vécu quatre nuits,
Valentine, dit le comte. Mais moi, comment vivais-je . Oh ! les cruelles heures
que vous m'avez fait passer ! Oh ! les effroyables tortures que vous m'avez fait
subir, quand je voyais verser dans votre verre le poison mortel, quand je
tremblais que vous n'eussiez le temps de le boire avant que j'eusse celui de le
répandre dans la cheminée ! Vous dites, monsieur, reprit Valentine au comble de
la terreur, que vous avez subi mille tortures en voyant verser dans mon verre le
poison mortel . Mais si vous avez vu verser le poison dans mon verre, vous avez
d? voir la personne qui le versait . Oui. , ? Valentine se souleva sur son séant, et ramenant sur sa poitrine plus
p?le que la neige la batiste brodée, encore moite de la sueur froide du délire,
à laquelle commen?ait à se mêler la sueur plus glacée encore de la terreur : C.
L'apparition.. 167 Page 172 Le Comte de Monte-Cristo, Tome IV ?Vous l'avez vue
.répéta la jeune fille. Oui, dit une seconde fois le comte. Ce que vous me dites
est horrible, monsieur, ce que vous voulez me faire croire a quelque chose
d'infernal. Quoi ! dans la maison de mon père, quoi ! dans ma chambre, quoi ! sur
mon lit de souffrance on continue de m'assassiner .Oh ! retirez-vous, monsieur,
vous tentez ma conscience, vous blasphémez la bonté divine, c'est impossible,
cela ne se peut pas. ?tes-vous donc la première que cette main frappe, Valentine
. n'avez-vous pas vu tomber autour de vous M. de Saint-Méran, Mme de
Saint-Méran, Barrois .n'auriez-vous pas vu tomber M. Noirtier, si le traitement
qu'il suit depuis près de trois ans ne l'avait protégé en combattant le poison
par l'habitude du poison .