?Il avait revêtu le costume complet de Cucumetto. ?Le jeune homme s'aper?ut de
l'effet qu'il produisait sur sa fiancée, et un sourire d'orgueil passa sur sa
bouche. ?-Maintenant, dit-il à Teresa, es-tu prête à partager ma fortune quelle
qu'elle soit, ?-Oh oui ! s'écria la jeune fille avec enthousiasme. ?-? me suivre
partout où j'irai, ?-Au bout du monde. ?-Alors, prends mon bras et partons, car
nous n'avons pas de temps à perdre.? ?La jeune fille passa son bras sous celui
de son amant, sans même lui demander où il la conduisait ; car, en ce moment, il
lui paraissait beau, fier et puissant comme un dieu. ?Et tous deux s'avancèrent
dans la forêt, dont au bout de quelques minutes, ils eurent franchi la lisière. , ?Il va sans dire que tous les sentiers de la montagne étaient
connus de Vampa ; il avan?a donc dans la forêt sans hésiter un seul instant,
quoiqu'il n'y e?t aucun chemin frayé, mais seulement reconnaissant la route
qu'il devait suivre à la seule inspection des arbres et des buissons ; ils
marchèrent ainsi une heure et demie à peu près. ?Au bout de ce temps, ils
étaient arrivés à l'endroit le plus touffu du bois. Un torrent dont le lit était
à sec conduisait dans une gorge profonde. Vampa prit cet étrange chemin, qui,
encaissé entre deux rives et rembruni par l'ombre épaisse des pins, semblait,
moins la descente facile, ce sentier de l'Averne dont parle Virgile. ?Teresa,
redevenue craintive à l'aspect de ce lieu sauvage et désert, se XXXIII. Bandits
romains. 38 Page 42 Le Comte de Monte-Cristo, Tome II serrait contre son guide,
sans dire une parole ; mais comme elle le voyait marcher toujours d'un pas égal,
comme un calme profond rayonnait sur son visage, elle avait elle-même la force
de dissimuler son émotion. ?Tout à coup, à dix pas d'eux, un homme sembla se détacher
d'un arbre derrière lequel il était caché, et mettait Vampa en joue : ?-Pas un
pas de plus ! cria-t-il, ou tu es mort. ?-Allons donc?, dit Vampa en levant la
main avec un geste de mépris ; tandis que Teresa, ne dissimulant plus sa
terreur, se pressait contre lui, ?est-ce que les loups se déchirent entre eux !
?-Qui es-tu, demanda la sentinelle. ?-Je suis Luigi Vampa, le berger de la ferme
de San-Felice. ?-Que veux-tu, ?-Je veux parler à tes compagnons qui sont à la
clairière de Rocca Bianca. ?-Alors, suis-moi, dit la sentinelle, ou plut?t,
puisque tu sais où cela est, marche devant. ?Vampa sourit d'un air de mépris à
cette précaution du bandit, passa devant avec Teresa et continua son chemin du
même pas ferme et tranquille qui l'avait conduit jusque-là. ?Au bout de cinq
minutes, le bandit leur fit signe de s'arrêter.