?On chercha partout son libérateur, mais son libérateur ne reparut point ; on le
demanda à tout le monde, mais personne ne l'avait vu. Quant à Carmela, elle
était si troublée qu'elle ne l'avait point reconnu. ?Au reste, comme le comte
était immensément riche, à part le danger XXXIII. Bandits romains. 33 Page 37 Le
Comte de Monte-Cristo, Tome II qu'avait couru Carmela, et qui lui parut, par la
manière miraculeuse dont elle y avait échappé, plut?t une nouvelle faveur de la
Providence qu'un malheur réel, la perte occasionnée par les flammes fut peu de
chose pour lui. ?Le lendemain, à l'heure habituelle, les deux jeunes gens se
retrouvèrent à la lisière de la forêt. Luigi était arrivé le premier. , Il vint au-devant de la jeune fille avec une grande gaieté ; il
semblait avoir complètement oublié la scène de la veille. Teresa était
visiblement pensive, mais en voyant Luigi ainsi disposé, elle affecta de son
c?té l'insouciance rieuse qui était le fond de son caractère quand quelque
passion ne le venait pas troubler. ?Luigi prit le bras de Teresa sous le sien,
et la conduisit jusqu'à la porte de la grotte. Là il s'arrêta. La jeune fille,
comprenant qu'il y avait quelque chose d'extraordinaire, le regarda fixement.
?-Teresa, dit Luigi, hier soir tu m'as dit que tu donnerais tout au monde pour
avoir un costume pareil à celui de la fille du comte, ?-Oui, dit Teresa, avec
étonnement, mais j'étais folle de faire un pareil souhait. ?-Et moi, je t'ai
répondu : C'est bien, tu l'auras. ?-Oui, reprit la jeune fille, dont l'étonnement croissait à chaque
parole de Luigi ; mais tu as répondu cela sans doute pour me faire plaisir. ?-Je
ne t'ai jamais rien promis que je ne te l'aie donné, Teresa, dit
orgueilleusement Luigi ; entre dans la grotte et habille-toi. ?? ces mots, il
tira la pierre, et montra à Teresa la grotte éclairée par deux bougies qui
br?laient de chaque c?té d'un magnifique miroir ; sur la table rustique, faite
par Luigi, étaient étalés le collier de perles et les épingles de diamants ; sur
une chaise à c?té était déposé le reste du costume. ?Teresa poussa un cri de
joie, et, sans s'informer d'où venait ce costume, sans prendre le temps de
remercier Luigi, elle s'élan?a dans la grotte transformée en cabinet de
toilette. ?Derrière elle Luigi repoussa la pierre, car il venait d'apercevoir,
sur la crête d'une petite colline qui empêchait que de la place où il était on
ne v?t Palestrina, un voyageur à cheval, qui s'arrêta un instant comme incertain
de sa route, se dessinant sur l'azur du ciel avec cette netteté de contour
particulière aux lointains des pays méridionaux. ?En apercevant Luigi, le
voyageur mit son cheval au galop, et vint à lui. XXXIII.