Son livre intervient
après plusieurs autres[6] [6] C’est dans cette perspective que
s’inscrivent les ouvrages...suite, mais il se démarque par sa volonté de
ne pas fournir une histoire encyclopédique, par la liberté laissée au
lecteur de ne pas suivre forcément l’ordre des chapitres et par son
approche riche en perspectives pour aujourd’hui.39 Nélia DiasJulien
Ténédos, ed., L’économie domestique. Entretien avec Florence Weber, La
Courneuve, Aux lieux d’être, 2006, 126 p.
, bibl.40 Présenté sous la forme d’un dialogue, cet ouvrage s’intéresse
à la trajectoire intellectuelle de Florence Weber, à sa conception des
sciences sociales et à sa pratique de l’enquête. et sur l’épistémologie
(empiriquement fondée) des sciences sociales, en général.41 Fille de
philosophes qui se rebella contre le théoricisme en se convertissant à
l’anthropologie, la trajectoire intellectuelle de Florence Weber,
marquée donc par sa rupture ostentatoire avec la philosophie, est proche
de celles de personnages fondateurs de la sociologie et de
l’anthropologie fran?aises. Très t?t, elle critique une partie de
l’héritage re?u, comme la division entre la sociologie et
l’anthropologie (la modernisation restant du c?té du xA0;socialxA0; et
la permanence du c?té du xA0;culturelxA0;). Elle se démarque également
de la vision lévi-straussienne des modèles matrimoniaux, convaincue
qu’il s’agit d’affaires pratiques socialement et historiquement situées
–comme le montre Pierre Bourdieu lorsqu’il critique l’existence de
règles univer- selles de la parenté pour leur substituer l’analyse des
stratégies matrimoniales. Mais, en dépit de cet hommage à Bourdieu,
Florence Weber considère que la théorie de l’habitus élude la question
de sa formation et de sa transformation. Dès 1981, Jean-Claude Chamboredon – qui joua un r?le déterminant dans
sa trajectoire (p. 111) – influence aussi sa lecture de plusieurs
travaux d’anthropologie structurale[7] [7] Sur ces lectures, voir
Florence Weber, «xA0;Ethnologues...suite et la conforte dans
ses visions sociohistorique de l’ethnographie et matérialiste de la
culture. Comme beaucoup de grands noms des sciences sociales fran?aises,
Florence Weber se situe donc au croisement de multiples influences et
renvoie l’image d’une intellectuelle inclassable (voir, par exemple,
p.x00A0;33).
42 Outre des références à Max Weber ou à Clifford Geertz, en passant
par Norbert Elias, et celle éphémère d’Aaron Cicourel lors d’un séjour à
New York, cette prépondérance fran?aise dans les références de Florence
Weber est néanmois quelque peu troublante. Soit ce champ intellectuel
est ici considéré comme dominant les sciences sociales internationales,
et donc, par sa seule évocation, Florence Weber traite de l’excellence
épistémologique universelle. Soit Florence Weber renvoie l’image d’un
espace intellectuel incroyablement fermé, centré sur lui-même, d’une
myopie spectaculaire et préoccupante. : l’auteure ne cesse de rappeler
son malaise face à la revendication excessive de proximité de Bourdieu
dans sa xA0;PostfacexA0; à La Misère du monde.44 De plus, pour Florence
Weber, le travail scientifique a des sources morales. Elle s’accorde
avec George Devereux qui indiquait que la précision dans la recherche
procédait d’une inquiétude moralexA0;: ne pas traiter les êtres humains
comme des objets[9] [9] George Devereux, De l’angoisse 224; la
m233;thode dans les..