F.
Bétourné nous propose donc plusieurs lignes de pistes, et il n’est pas à
douter que son travail devrait ouvrir à une possibilité de lire Lacan
avec rigueur et inventivité.47 J’ajoute que ce livre est dédié à celui
qui fut un des grands défricheurs de la possibilité d’écrire sur les
textes et les Séminaires de Lacan et d’en transmettre un
enseignementxA0;: Jo?l Dor. Beaucoup de l’exigence de J. Dor, de son
intégrité et de sa volonté de travail, effective, se retrouve ici.48
Olivier Douville Houbballah Adnan, Gori Roland, Hoffmann Christian
(dir.), Pourquoi la violence des adolescentsxA0;? Voies croisées entre
Occident et Orient, Toulouse, érès, 2001.
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49 Cette réflexion a été élaborée dans le cadre d’un colloque
international qui s’est tenu à Beyrouth, ce qui explique son caractère
biculturel.50 En introduction 150; xA0;Violence, addiction et
adolescencexA0; 150;, Adnan Houbballah présente l’hypothèse qui court,
tel un fil conducteur, tout au long de cette réflexionxA0;: lorsqu’ils
font preuve de violence (mais aussi lorsqu’ils présentent, comme
réactionnellement, une addiction), les adolescents expriment sous une
forme comportementale les non-dits (refoulements, désirs, idéaux) de
leurs parents et, par delà, ceux de la génération de ces derniers. Dans
xA0;L’humain ou le néantxA0;, Roland Gori explique ensuite que la
destruction de l’autre con?u comme étranger et inassimilable est une
automutilation indirecte, qui a pour but de xA0;dénier sa propre
division psychique, en essayant de réduire les effets du multiple au
sein de l’in-dividuxA0;, et pour conséquence de placer l’auteur de cette
violence sur la voie de xA0;la frérocité, à distance du rivage de la
fraternité sociale fondée sur la dette et la culpabilitéxA0; (p. 13).51
Le livre comprend quatre parties. Dans la première partie 150;
xA0;L’être dans la violencexA0; 150;, R. Gori, dans un second texte 150;
xA0;Le réalisme de la hainexA0; 150;, insiste sur la rencontre possible
entre des événements historiques réels et xA0;l’aspiration létale de la
haine inconsciente à faire advenir le réel et à le prendre comme objet
passionnelxA0; (p. 29). Une telle occurrence pousse le sujet violent à xA0;cauchemarder
deboutxA0;, risque auquel les adolescents 150; en quête forcenée
d’altérisation, xA0;d’écriture gestuellexA0; de soi pour se protéger
d’une angoisse de fusion 150; sont électivement exposés. à ce titre, la
haine n’aurait pas pour objet ce qui a été perdu (c’est plut?t le propre
de l’objet amoureux), mais un réel non réalisé qu’elle xA0;fait advenir
en voulant l’abolirxA0; (p. 30). Dans xA0;Logique de la violence et
ordre symboliquexA0;, Adnan Houbballah détaille le lien entre l’acte
criminel et la forclusionxA0;: xA0;Le meurtrier tue en même temps que
l’autre le sujet parlant en lui-mêmexA0; (p. 40), provoquant une
forclusion du sujet parlant qui le faisait homme parmi les hommes.
Auto-exclu ou auto-expulsé de l’humain, le criminel xA0;est déjà dans
l’enfer tout en restant dans le royaume des vivantsxA0; (ibid.
). Dans xA0;Le sinthome adolescentxA0;, Jean-Jacques Rassial rappelle
que l’adolescent accomplit une opération psychique singulièrexA0;:
xA0;La transformation de la fonction du Nom-du-Père, détachée dès lors
de la métaphore paternelle, familialement soutenue et imposant
l’invention de nouveaux Noms-du-père tels que le sujet puisse
s’autoriser de lui-mêmexA0; (p. 43). Ce passage suppose un désarrimage
fonctionnel et passager vis-à-vis du symbolique, au risque de
l’effondrement mental ou/et du passage à l’acte en cas de xA0;pannexA0;
au c?ur de cette situation d’incertitude périlleuse. Dans xA0;Corps de
la femme entre sacralité et désymbolisationxA0;, Ahmed-Farid Merini
présente deux observations cliniques convaincantes pour expliquer qu’au
Maroc, dans les représentations masculines, le corps féminin perd sa
sacralité en même temps que sa virginité, l’idée du sexe de la femme
comme béance étant insoutenablexA0;: xA0;Soit ce trou est couvert par
l’hymen et garanti par le nom paternel, soit il est comblé par l’enfant,
sous couvert du nom de l’époux. Il n’est pas supportable qu’il y ait un
trou en dehors de la loi représentée par le père ou le mari, sous peine
d’entra?ner le corps dans une désymbolisationxA0; (p. 56).