La redevance perpétue ensuite une dépendance. Les seigneurs ont aussi
souvent un droit de regard sur les mariages. Des seigneurs la?cs ou
ecclésiastiques revendiquent par exemple le plat de noces. Ils essayent
ensuite de faire passer ces redevances, alimentaires ou non, dans le
texte de la coutume. La jeunesse joue un r?le spécialement important.
C’est un groupe qui dispose de larges prérogatives et qui assume des
responsabilités collectives ritualisées. La stratégie seigneuriale vise à
s’immiscer dans ce système d’échanges, à transformer des pratiques
coutumières en droits seigneuriaux.
Les redevances seigneuriales sont exigées et des pénalités prévues pour
ceux qui s’y soustraient. Martine Grinberg évoque les efforts des
juristes eux-mêmes pour opérer un classement de ces droits. Difficile,
le classement est un travail sans cesse repris. Une tendance lourde se
dégage toutefois. C’est la réticence croissante des juristes aux rituels
féodaux. De fait, seuls certains de ces droits entrèrent dans les
coutumes.48 Commence alors la seconde partie, centrée sur le travail de
rédaction des coutumes. Martine Grinberg retrace rapidement le long cheminement de ces coutumes
depuis le xie siècle, la composition de coutumiers privés, de statuts
urbains ayant valeur de coutume, et le contr?le royal qui commence à
s’exercer dès le xiiie siècle. Le processus engagé avec l’ordonnance de
1454 aboutit à 65 coutumes générales et 300 coutumes locales
homologuées. Le chapitre 7 entre dans le détail des travaux de rédaction
et fait ressortir l’ampleur du travail accompli. Le régime de la preuve
en sort complètement bouleversé. Tout ce qui n’est pas écrit est rejeté
dans la périphérie du droit. La rédaction s’accompagne d’un vaste
mouvement d’unification autour de quelques coutumes générales fortes.
L’exposé des raisons pour lesquelles certaines coutumes ont été
écartées, d’autres décrétées mais qualifiées seulement de locales,
éclaire remarquablement le souci de progresser vers une homogénéisation
coutumière.
L’intégration d’articles des coutumes locales dans les coutumes
générales procède de la même volonté. Le droit féodal est intégré dans
le texte de la coutume, mais les droits seigneuriaux particuliers
relèvent du contrat privé. Le chapitre 9 revient sur le travail des
glossateurs, sur les éditions de coutumiers et sur la mise en ordre qui
l’accompagne. Aux yeux des juristes, le monde seigneurial para?t de plus
en plus étrange.49 Le temps de la rédaction, temps d’affrontements et
de négociations, fait l’objet de la troisième et dernière partie de cet
ouvrage. Les seigneurs défendent leurs droits avec acharnement et se
plaignent de la manière dont s’accomplit la rédaction. Un des enjeux
principaux concerne l’exercice de la justice.
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