En six jours, les combats font une trentaine de morts, dont le chef du
maquis, Bassem al-Kanj, vétéran du djihad en Afghanistan et en Bosnie.
Les islamistes capturés à Dinniyé ont passé plusieurs années en prison,
mais beaucoup auraient été libérés il y a quelques mois, après le départ
des Syriens du Liban.?Malgré tous ces événements, le phénomène
salafiste continue à être occulté par la classe politique libanaise?,
explique un diplomate en poste à Beyrouth. ?Pourtant, la manifestation
d'Achrafiyeh illustre bien la manière dont les institutions officielles
sunnites ont tendance à surestimer leur contr?le sur leurs
coreligionnaires.? Organisée à l'appel du mufti et de Dar al-Fatwa, le
conseil des oulémas sunnites libanais, la manifestation contre les
caricatures avait vu affluer à Beyrouth des militants radicaux qui
n'obéissaient à aucun des mots d'ordre des organisateurs.Pas plus qu'ils
ne reconnaissent les autorités religieuses sunnites traditionnelles,
les islamistes radicaux contestent aussi le système confessionnel
libanais, qui pratique un équilibre politique délicat entre les
différentes confessions. ?Cette méthode pour diviser le peuple libanais a
été introduite par les Fran?ais à l'époque du mandat.
Elle n'a pas changé depuis et sert à tous ceux qui essayent de détacher
le Liban du reste du monde arabe?, dit le cheikh Bilal. Un certain
nombre de fondamentalistes se sont éloignés de la Jemaah Islamiyah,
branche libanaise des Frères musulmans, elle aussi ralliée au système
politique libanais.La poudrière des camps de réfugiés
palestiniens?L'autre vivier de recrutement des islamistes radicaux se
trouve dans les camps palestiniens?, ajoute Kassem Qassir, journaliste à
el-Mustaqbal. Ces enclaves où l'armée libanaise ne pénètre pas et où
s'entassent plus de 300 000 réfugiés palestiniens abritent depuis
longtemps des mouvements radicaux islamistes. ?La victoire du Hamas, qui
vient d'interrompre les discussions entre les autorités libanaises et
les Palestiniens pour obtenir le désarmement des camps, risque de leur
faire encore gagner du terrain?, dit-il.Le retour d'un certain nombre de
volontaires libanais partis se battre en Irak aux c?tés de
l'insurrection sunnite constitue un sujet de préoccupation
supplémentaire pour le Liban. ?Sans que ces groupes de djihadistes lui
soient directement inféodés, la Syrie porte une bonne part de
responsabilité, en laissant retourner vers le Liban des facteurs de
nuisance potentiels?, ajoute un diplomate. ?Depuis le départ des Syriens, le Liban est redevenu une plaque
tournante dans la région et les islamistes ne manquent pas de
l'utiliser.? Autorité palestinienne. Le président de l'Autorité
palestinienne Mahmoud Abbas doit charger officiellement aujourd'hui à
Gaza le chef de file du mouvement radical Hamas, Isma?l Haniyeh, de
former le prochain gouvernement. Cette annonce a été faite hier soir par
Isma?l Haniyeh et le chef du groupe parlementaire du Hamas, Mahmoud
al-Zahar, après une rencontre à Gaza avec Mahmoud Abbas. Le nouveau
premier ministre disposera de trois semaines pour former le gouvernement
et pour le faire approuver par le Conseil législatif palestinien (CLP,
Parlement). S'il échoue, deux semaines supplémentaires pourraient lui
être accordées. Considéré comme un pragmatique, Isma?l Haniyeh, 43 ans,
sera le premier chef du gouvernement palestinien issu du Hamas, un
groupe qui ne reconna?t pas le droit à l'existence d'Isra?l et est
qualifié de ?terroriste? par l'Etat juif, les Etats-Unis et l'Union
européenne.
Ce dernier a confirmé que son mouvement ?poursuivrait les discussions
avec les frères au Fatah et d'autres personnalités, courants et forces
politiques à l'intérieur et à l'extérieur (des territoires palestiniens)
en vue de présenter un cabinet qui obtiendra la confiance du Parlement
et le respect du peuple?. Le Front populaire de libération de la
Palestine (FPLP) a donné son ?accord de principe? pour participer au
gouvernement, mais le mouvement radical Djihad islamique a refusé, tout
en affirmant qu'il soutiendrait le Hamas.LES MINISTRES européens de la
Justice et de l'Intérieur ont formellement approuvé hier, à Bruxelles,
la directive sur la rétention des données téléphoniques. Cette
législation européenne oblige les opérateurs téléphoniques et les
fournisseurs d'accès Internet à conserver les traces des appels, SMS, et
e-mails pendant six mois à deux ans au moins. Les Etats membres
disposent de dix-huit mois pour adapter leurs législations nationales.
Réclamée par la France, la Grande-Bretagne et la Suède, dans la foulée
des attentats de Madrid en mars 2004, cette directive a re?u le feu vert
du Parlement européen, très soucieux du respect des droits individuels
et de la vie privée.Le contenu des conversations téléphoniques ou des
messages électroniques n'est pas visé par la nouvelle législation
européenne.