Leur niveau dépendra de la capacité de résistance du gouvernement
Erdogan aux pressions de la rue. Les autorités turques établissent
pourtant, en principe, un distingo entre le choix des députés et
l'hostilité au texte du gouvernement fran?ais. Engagées dans une guerre
d'usure, elles devraient graduer leur riposte en fonction de la
progression du texte dans le circuit législatif fran?ais.Mais à en
croire Ali Babacan, le ministre de l'?conomie et ? M. Europe ? d'Ankara,
la décision de punir Paris va ? dépendre du peuple ?.? Les relations
franco-turques, qui se sont développées au cours des siècles, ont été
endommagées par les affirmations fausses et irresponsables de
personnalités politiques fran?aises qui ne voient pas les conséquences
politiques de leurs actes ?, commente le ministère turc des Affaires
étrangères. ? La France perd malheureusement sa position privilégiée
dans l'estime du peuple turc, ajoute-t-il.
? une période où l'on conseille (à la Turquie) de renforcer davantage
la liberté d'expression, d'adoption de ce texte reflète un double
langage. ? Le président du Parlement, Bülent Arin?, prend moins de
gants. Il n'hésite pas à dénoncer une ? décision honteuse ? de nature à
? endommager globalement ? les relations bilatérales.?Critère
Chirac?Fruit d'une lente dégradation, les rapports entre Paris et Ankara
ont dérivé vers une crise ouverte à l'occasion des propos récents de
Jacques Chirac reliant l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne à
la reconnaissance par la Turquie du génocide arménien. Désignés depuis
sous le terme de ? critère Chirac ? par les médias, ces déclarations
tenues à Erevan ont été interprétées comme une tentative de changement,
en cours de partie, des règles du jeu des négociations entre Bruxelles
et Ankara. La loi sur la criminalisation du génocide est considérée
comme une nouvelle emb?che semée par des politiciens hexagonaux opposés
au processus d'intégration. De son c?té, l'UE craint que la question
arménienne, décrite par la Commission comme une ? obsession fran?aise ?,
dénature un dialogue turco-européen déjà particulièrement ardu. COMBIEN la guerre en Irak a-t-elle fait de victimes ? Les estimations
proposées par des organismes de différentes obédiences oscillaient
jusqu'à présent entre 50 000 et 100 000 morts. La publication mardi
dernier sur le site ?Internet de la revue britannique The Lancet d'une
étude évaluant à 655 000 le nombre de tués depuis le début des
hostilités en mars 2003, a fait l'effet d'une bombe et soulève une vive
polémique dans le monde.Le professeur Gilbert Burnham de l'?cole de
santé publique Johns Hopkins Bloomberg à Baltimore, éminente
personnalité de la biostatistique, a collaboré avec le professeur Riyadh
Lafta (université al-Moustansiriya, Irak) pour évaluer le taux de
mortalité liée à cette guerre. Pour ce travail, il s'est basé sur des
relevés établis en mai et juin 2006 par des enquêteurs américains et
irakiens auprès de 1 849 familles, soit près de 13 000 Irakiens, dans
47 localités à travers l'Irak. Tous ont été questionnés sur les
naissances, les décès et les déplacements au cours des trois dernières
années, selon une méthode déjà utilisée au Congo, au Kosovo et au
Soudan. Dans 92 % des cas, les décès signalés ont été confirmés par un
certificat.En extrapolant les résultats ainsi obtenus à l'ensemble de la
population irakienne, les chercheurs estiment que le taux de mortalité
annuelle depuis le début de la guerre est de 13,3 pour 1 000 habitants
contre 5,5 pour 1 000 avant mars 2003.
D'où cette conclusion que 655 000 décès seraient directement imputables
à l'invasion américaine. L'étude calcule que le taux de mortalité en
Irak est désormais 2,5 fois supérieur à ce qu'il était avant la guerre,
quand les statistiques démographiques officielles faisaient état de
143 000 décès par an. Ces morts liés au conflit recouvrent les morts
violentes (attentats, fusillades) mais aussi celles provoquées par
l'augmentation de certaines maladies. Près de 60 % des décès sont des
hommes et des adolescents de 15 à 44 ans, victimes essentiellement de
mort violente.La méthode utilisée est-elle fiable ? Selon un chercheur
fran?ais, la méthodologie pas plus que les chercheurs l'ayant mis en
oeuvre ne sont contestables. Néanmoins, ce travail repose sur un
recensement à partir de déclarations qui peuvent être sujettes à
caution. Par ailleurs, le fait d'extrapoler des données - obtenues dans
des conditions de guerre difficiles -, à toute une population, induit
une certaine marge d'incertitude.