Cette clientèle inconnue des banques et dont les besoins de crédits
limités entra?neraient pour celles-ci des co?ts de gestion
disproportionnés, rend nécessaire la création d'institutions financières
spécifiques, caractérisées par une relation de proximité avec la
clientèle et un mode de gestion approprié. Les crédits demandés par ces ?
très petites entreprises ? sont, d'une part, des crédits à court terme
(3 000 à 10 000 F) pour le financement des matières premières et du
petit outillage et parfois des crédits à moyen terme (2 à 3 ans) pour
des investissements dépassant rarement 50 000 FF. Au-delà des stricts
problèmes de financement, ces TPE ont des besoins d'appui technique
tandis que l'accès au crédit suppose souvent de disposer de garantie que
le petit entrepreneur ou ses proches ne peuvent fournir. Les
dispositifs à mettre en place comportent donc souvent trois volets :
ligne de crédit en monnaie locale, structure d'appui technique et fonds
de garantie. Comme pour le financement des activités d'auto-emploi, des
ONG jouent souvent un r?le d'opérateur avec l'appui d'un bailleur de
fonds tel que la CFD. De nombreux projets de cette nature existent en
Afrique, de la Mauritanie au Kenya. On peut par exemple citer l'Acep
(Alliance de crédit et d'épargne pour la production) au Sénégal qui en 5
ans a déjà accordé 8 000 prêts à des TPE, d'un montant moyen de 10 000
FF avec des taux de recouvrement, sans mise en jeu de garanties, de 99 %
et une rentabilité lui permettant d'équilibrer son exploitation.
L'Acep, projet géré à l'origine par une ONG vient de se transformer en
institution bancaire spécialisée sur le micro-crédit avec agrément des
autorités bancaires. D'autres projets très intéressants visent, sur ce
même créneau, les apports en capitaux propres ou en garantie. Tel est le
cas des filiales africaines de la Sidi (Société d'investissement et
développement international), ONG fran?aise, émanation du CCFD (Comité
catholique contre la faim et pour le développement). Levier majeur
Toutes ces interventions en faveur d'un développement de proximité ont
pour objectif de permettre l'accès au financement des plus pauvres, ceux
qui vivent en marge de l'économie formelle et qui constituent la grande
majorité des populations africaines. Elles visent aussi la création de
banques de proximité, financièrement viables, et une réelle et complète
appropriation des projets par les bénéficiaires, qui, seule, peut
assurer leur pérennité après le retrait des ONG et des bailleurs de
fonds. On sait en effet aujourd'hui que si le développement des pays
pauvres passe nécessairement par la mise en place des infrastructures
économiques et sociales indispensables (eau, électricité, transport,
équipement urbain), il doit parallèlement faire toute sa place au
travail peu visible, au ras du sol, qui libère l'énergie de populations
qui ne demandent qu'à produire et échanger, pour peu que la contrainte
que représente la lutte pour la survie quotidienne se desserre un peu.
Le micro-crédit appara?t aujourd'hui, au niveau international, comme
l'un des leviers majeurs de lutte contre la pauvreté. Le sommet de Washington, qui a rassemblé des représentants des pays
pauvres, des ONG et des bailleurs de fonds du monde entier, marque la
reconnaissance de cette dimension essentielle du développement. Il a
fixé comme objectif à la communauté internationale l'accès au crédit
pour 100 millions de familles les plus pauvres du monde afin de leur
permettre de créer des emplois autonomes. Cet objectif est ambitieux,
mais il est possible de l'atteindre. Et il est réconfortant de constater
que, dans ce domaine-là aussi, notre pays tient sa place, toute sa
place.Vu de Delhi, un premier constat s'impose : l'Europe puissance
laisse peu ou prou indifférente. Incohérente, manquant de volonté
politique, elle n'offre pas de ? vision stratégique ?. Au début des
années 1960, l'Inde était pourtant l'un des premiers pays à établir une
relation diplomatique avec la CEE.
Aujourd'hui, sur le plan géopolitique, l'Europe ne pèserait guère plus
que l'Afrique du Sud. Au rang des six grandes puissances qui formeront
les piliers de l'architecture multipolaire anticipée par l'Inde,
l'Europe serait la dernière sur la liste.En septembre 2005, l'UE
finalisait pourtant avec l'Inde le plan d'action d'un ? partenariat
stratégique ?, invitant les deux plus grandes démocraties au monde à
renforcer leur coopération dans un ensemble de domaines. Pourtant, outre
l'adhésion de l'Inde aux programmes de navigation satellite Galileo, ou
Iter dans le domaine de la fusion nucléaire, le bilan reste pauvre. Si
une première évaluation des progrès réalisés en ce sens se déroule
aujourd'hui, avec le 7e sommet UE-Inde, la présidence finlandaise de
l'UE pourrait-elle saisir cette occasion pour engager une réflexion plus
profonde sur le futur de l'Europe en général ?? ce jour, la cohésion de
l'Europe sur le plan économique reste la pierre angulaire des relations
Inde-UE. Mais la clef de vo?te en est d'abord, in fine, celle des
relations bilatérales avec les ?tats membres, au rang desquels le
Royaume-Uni, la France et l'Allemagne ont une position de premier choix.
Sur le terrain, le fran?ais Alstom est en compétition directe avec
l'Allemand Siemens dans la course aux contrats.