Leur ? dictateur favori ?, comme on aime à le répéter ici. Ironie de
l'histoire, dans son livre Dans la ligne de tir, lancé en fanfare aux
?tats-Unis, il y a une dizaine de jours, le général-président
pakistanais reconna?t qu'A.Q. Khan a bien livré des centrifugeuses à la
Corée du Nord. Reste, pour Delhi, le plus important : sauver ce qui peut
encore l'être du traité, passé au forceps, avec Washington, le 2 mars
dernier, lors de la visite à Delhi de George W. Bush. Il y a ceux qui
veulent y croire, comme le ministre de la Défense, Pranab Mukherjee ; et
ceux qui jugent qu'il est temps pour l'Inde de se retirer du jeu.
C'est le cas des ? gourous ? de la communauté scientifique, qui ont
donné à l'Inde sa fierté ?nucléaire.Le monde entier sait que l'Inde a un
dossier ? impeccable ? sur ses activités nucléaires, a affirmé
Mukherjee. Delhi a procédé à son premier essai nucléaire en 1974, puis à
cinq autres en mai 1998, mais l'Inde n'a jamais signé le Traité de
non-prolifération (TNP). ? Si l'Inde veut garder sa force de dissuasion
nucléaire, elle ferait mieux d'abandonner l'idée de se soumettre aux
exigences américaines ?, affirme un chercheur nucléaire, estimant
qu'elle y perdra sa souveraineté.Le président de la République veut
faire de la modernisation du dialogue social la grande réforme de la fin
de son deuxième mandat. Plus de dix ans après le blocage de 1995 contre
le plan Juppé et six mois après le psychodrame du CPE, nul n'en
contestera la nécessité ni l'urgence, même tardive. Ce qui ne signifie
pas, bien s?r, que le sujet fasse consensus. Il y a, en la matière, deux erreurs très fran?aises à ne pas commettre.
La première consiste à se contenter de crier : ? Rupture, rupture,
rupture ! ? Les manifestations du printemps dernier l'ont montré, ce
n'est pas en agitant le chiffon rouge que l'on bouscule les
conservatismes sociaux. Au contraire, cela les fige. Mais la seconde
consiste à croire que le monde envie notre modèle social, alors que
celui-ci est à bout de souffle. Le besoin de changement est profond et
les pratiques étrangères peuvent être riches d'enseignements.Le
reconna?tre, c'est déjà faire un grand pas. Si notre pays subit
régulièrement des crises sociales volcaniques, si la logique du rapport
de forces, avec son parfum capiteux de lutte des classes, l'emporte trop
souvent sur celle de la négociation et du compromis, c'est bien le
signe que quelque chose de fondamental doit être revu dans notre mode de
régulation sociale.
Autour de nous, en Europe, des pans entiers du droit du travail
résultent d'accords entre syndicats et patronat, sans que Parlements ni
gouvernements ne croient nécessaire - ni même bon - d'intervenir.
L'Union des employeurs européens, dont le Medef est membre, et la
Confédération européenne des syndicats, à laquelle sont affiliées les
organisations syndicales fran?aises, ont conclu il y a... quinze ans un
accord, repris dans le traité de Maastricht, prévoyant que tout projet
de réglementation sociale doit d'abord être négocié entre partenaires
sociaux avant de faire l'objet d'une directive, c'est-à-dire de devenir
une loi européenne.Le projet de loi de modernisation du dialogue social
élaboré par le ministre du Travail Gérard Larcher ne dit pas autre
chose. Il s'inspire de cette pratique banale partout sauf chez nous.