Mais les négociations n'ont pas encore débuté sur les treize points
proposés, notamment un embargo sur les armes, l'inspection
internationale des cargaisons en provenance ou à destination de la Corée
du Nord et des sanctions financières contre l'?tat stalinien, dont les
principales sources de revenus sont les faux dollars, le trafic de
drogue et les ventes de missiles à des pays tels que l'Iran et la Syrie.
Bush a prévenu hier la Corée du Nord que ? le transfert d'armes ou de
matériels nucléaires à des ?tats ou des entités (...) serait considéré
comme une grave menace contre les ?tats-Unis ?, dont le pays serait tenu
? pleinement responsable. ??Un nouvel ?ge nucléaire?La réponse
américaine comporte aussi un volet plus musclé : ? Nous continuerons à
nous protéger et à défendre nos intérêts ?, a souligné le président et
? nous respecterons toute l'étendue de nos engagements de dissuasion et
de sécurité ? dans la région. La formule vise à rassurer la Corée du Sud
et le Japon, dont le nouveau premier ministre, Shinzo Abe, a évoqué
l'entrée de l'Asie ? dans un nouvel ?ge nucléaire dangereux ?. Les
analystes américains doutent que Tokyo se lance à son tour dans la
course à l'atome, mais ils prédisent un accroissement du budget
militaire. De source officieuse au Pentagone, les troupes américaines
stationnées en Corée du Sud et au Japon ont été mises en alerte et un
dispositif naval pour arraisonner les navires au large de la Corée du
Nord est déjà à l'étude.Mais Kim Jong-il a considérablement relevé la
barre en s'invitant dans le club des nations nucléaires. ? Aucune nation
ayant mené avec succès un test nucléaire n'a jamais été persuadée
d'abandonner ses armes gr?ce à la diplomatie, les sanctions ou quelque
autre moyen ?, notait hier le Washington Post. Pour l'Administration
américaine, l'alternative est désormais la reprise des ? pourparlers à
Six ? avec un front uni de cinq contre un, ou un changement de régime à
Pyongyang. Vu l'état exsangue du pays, l'enr?lement de Pékin et de Séoul
dans des sanctions pourrait avoir un effet décisif. Mais cela reste
improbable : la Corée du Sud redoute un effondrement qui provoquerait un
exode de populations, et la Chine s'effraie à l'idée d'une
réunification qui amènerait une présence américaine sur sa frontière. Bush n'a pas ouvert de nouvelle voie hier, laissant penser que ses
visées étaient autant domestiques que diplomatiques. Alors que le
Congrès américain et les médias sont occupés par un scandale sexuel qui
tourne à la chasse aux sorcières, le président n'a pas laissé échapper
l'occasion de montrer qu'il est aux commandes, accaparé par des enjeux
de sécurité nationale autrement sérieux. A un mois des élections de
mi-mandat, que son parti aborde en position de faiblesse, la crise en
Asie lui lance un défi plut?t mal venu. Ajoutée à l'Irak et à l'Iran,
elle souligne l'échec de sa politique étrangère. Mais c'est aussi une
occasion de souder le pays devant la menace et de détourner l'attention
d'autres problèmes.LA COR?E DU NORD s'est affirmée comme la 9e puissance
nucléaire de l'histoire avec un premier test conduit hier matin à
10 h 35 (4 h 35 à Paris). Déjà considérée comme un inquiétant
proliférateur, la dictature de Kim Jong-il s'impose comme le cinquième
membre du ? club ? atomique en Asie, région du monde où la course aux
armements s'accélère dangereusement. Le
régime de Pyongyang a salué un ? événement historique ? qui lui donne
la ? défense puissante et indépendante dont l'Armée populaire et le
peuple coréen voulaient disposer ?, d'après l'agence officielle KCNA. La
charge est évaluée entre 5 et 15 kilotonnes par les experts russes,
puissance comparable à celle d'Hiroshima. Les experts américains parlent
toutefois d'une puissance de moins d'un kilotonne.L'explosion
souterraine s'est produite au nord-est du pays (Hwadaeri), au sud des
frontières chinoise et russe, zone où converge depuis peu le regard de
nombreux satellites-espions. La secousse artificielle a été mesurée
jusqu'aux ?tats-Unis. Les stations sud-coréennes n'ont relevé aucune
radioactivité anormale, et la Maison-Blanche estimait hier que deux
jours seraient nécessaires pour déterminer si l'explosion était bien
d'origine nucléaire.L'onde de choc politique mettra plus de temps à
s'amortir.