Mais Ban Ki-moon, actuel ministre des Affaires étrangères de Corée du
Sud, travaille depuis des mois à sa candidature. Au Quai d'Orsay, on
s'est laissé séduire par sa faculté à apprendre notre langue ; ? à
raison de quatre heures de cours chaque week-end ?, précise l'intéressé
dans la langue de Molière. ? Mais il n'entre pas encore dans les
finesses fran?aises nécessaires aux discours diplomatiques ?, rappelle
un diplomate, tout en précisant qu'il a fait bonne impression pendant la
session d'ouverture, mi-septembre, avec un discours de très bonne
tenue, lu en présence de Jacques Chirac. Etrangement, l'homme para?t un
peu terne, effacé et timide, quand on le rencontre. Mais il faut se
méfier de cette fadeur extrême-orientale où l'attitude atténue les
propos. Ban Ki-moon est loin d'avoir la langue dans sa poche. ? L'ONU se
trouve à un tournant. On
lui reproche de ne pas être prête pour affronter les défis du XXIe
siècle, c'est un peu vrai. Elle doit rena?tre en étant encore plus
professionnelle et plus intègre ?, affirmait, téméraire, celui qui gère
la crise autour des ambitions nucléaires de la Corée du Nord et compte
des années d'activité diplomatique. Malgré tout, son profil ne manque
pas de susciter quelques réserves. D'abord, la force avec laquelle les
Américains le soutiennent ne manque pas d'inquiéter les autres grandes
puissances. Sera-t-il leur ? valet ? ou prendra-t-il de l'indépendance
une fois aux commandes du grand navire onusien ? ? Il n'a jamais
travaillé sur les dossiers extrêmement chauds du Proche-Orient,
s'inquiète également un représentant fran?ais. Il n'a pas une grande
expérience des affaires palestiniennes ou libanaises, ni même de
l'Afrique, notamment de la C?te d'Ivoire. Ce seront pourtant les
premiers défis qu'il devra relever. ? A l'ONU, comme dans les ministères des Affaires étrangères des
grandes puissances, chacun cherche maintenant à savoir de qui Ben
Ki-moon va s'entourer, pour voir un peu plus clair dans ses ambitions de
futur secrétaire général.? LA DICTATURE est la forme la plus complète
de la jalousie ?, écrivait Malaparte (1). ? Révéré Cher Leader Kim
Jong-il ?, 64 ans, dernier dinosaure stalinien de la planète avec
Castro, gagnait dans son enfance toutes les courses de voiture à
pédales. Plus grand, devenu dictateur à son tour parce qu'il était le
plus médiocre et le plus dissimulateur, le plus imprévisible, le plus
jouisseur des trois fils de son papa Kim Il-sung (le ? Révéré Grand
Leader ?, mort en 1994), il s'est fait construire un circuit pour ses
innombrables voitures de course. Toujours, il était le premier. A la
sortie sud de Pyongyang, dans son studio de cinéma personnel fabriqué
sur le modèle hollywoodien, il est devenu le metteur en scène de ses
fantasmes, des bluettes héro?ques dans lesquelles Ava Gardner et Lauren
Bacall sont remplacées par des h?tesses de l'air suédoises. Le ?
commandant en chef ? a toujours voulu défier l'Amérique, qui,
pense-t-il, tire les ficelles d'une Corée du Sud avec laquelle son pays
n'a jamais signé la paix. D'ailleurs,
en janvier 2003, Kim Jong-il avait fait donner toute la propagande de
son royaume contre ? Meurs un autre jour ?, dans lequel James Bond
illustrait ? les réelles intentions des Etats-Unis prêts à partir en
guerre contre le Nord ?. Il fallait que le ? Cher Leader ? réagisse, il
lui fallait une guerre des étoiles à son tour. C'est fait. Il s'est
offert un feu d'artifice tiré ce 4 juillet, le jour de la fête nationale
américaine. Ses sept missiles d'un autre ?ge sont retombés comme des
pioches en mer du Japon. On en annonce quelques autres (voir l'article
ci-contre), car les pétards du petit Kim n'ont fait trembler personne.
Ainsi la Chine, qui conna?t bien l'état de délabrement extrême de
l'armée nord-coréenne, a-t-elle appelé les Occidentaux à ? rester calmes
?.