Pour s'entra?ner, il adapte un roman de Sébastien Japrisot, Compartiment
tueurs. Le scénario circule dans Paris, c'est une belle partition à
laquelle Montand accepte de participer, puis Signoret, Piccoli. Le film
séduit, le réalisateur est lancé. Suivront entre autres, outre Z, L'Aveu
(1970), Etat de siège (1972), Section spéciale (1975). Des films de
militant, dénon?ant tour à tour les purges staliniennes, les dictatures,
les dérives fascisantes ou les connivences honteuses, comme dans le
très contesté Amen (2002). Il se construit un style qui fait de lui
l'inventeur d'un genre, le ?thriller politique?, sur un leitmotiv : la
place de l'homme au coeur des systèmes. Il s'explique : ?J'ai traversé
l'occupation allemande, la guerre civile, puis un régime extrêmement
autoritaire. Ce
n'est que lorsque je suis arrivé en France, il y a un demi-siècle, que
j'ai enfin découvert ce qu'était la liberté. ? Si la liberté reste son
combat passionné, son savoir-faire le portera à tracer un bout de chemin
aux Etats-Unis avec des films comme Missing (1982), palme d'or à
Cannes, et Music Box (1989).Qu'est-ce qui, aujourd'hui, à 73 ans, fait
tourner Costa-Gavras ? L'envie de ?poser des questions sur notre société
plut?t que d'apporter des réponses ?. Du politique, il est passé en
2005 au polar social avec Le Couperet, métaphore acide contre le
néolibéralisme et le nombrilisme qui en est l'avatar. Il n'hésite pas à
créer un personnage central amoral, pour qui le crime finit par
payer.Cet homme généreux, plein d'humour, toujours disponible à l'égard
des étudiants en cinéma, demeure un insurgé. Car pour lui
?l'indifférence, c'est le début de la mort ?. Alors, il continue à avoir envie de cinéma, participe comme scénariste
au prochain film de Laurent Herbiet, Mon colonel, qui aborde la torture
pendant la guerre d'Algérie.Et après ? On se demande quel sujet délicat
va faire se lever ?Costa?... Et la réponse arrive, inattendue : ?Une
comédie musicale ! C'est le rêve de tous les metteurs en scène, non ? ?
On apprend au passage qu'il a failli faire Chicago. ?C'est beau, une
comédie musicale.. Penser
qu'un jour je pourrais en réaliser une relève pour moi de l'utopie.
Encore une. ?Constantin Costa-Gavras interviendra à la Sorbonne le
dimanche 22 octobre à 11 heures sur le thème : ?L'artiste.Certains
enfants grandissent avec des amis imaginaires, doudous infaillibles
contre la réalité. Chevillard, lui, refuse de m(o)urir en prenant le
dessus sur un ennemi personnel mijoté aux petits oignons en la personne
de l'ignoble Désiré Nisard, critique littéraire du XIXe siècle,
opportunément mort en 1888 et ?oublié presque aussit?t? - mais une
douleur qu'on oublie est une douleur qui menace de se réveiller à chaque
instant. Charge guerrière impitoyable ou déclaration d'amour dé?u
d'avance, Démolir Nisard est un appel au crime passionnel, un
réjouissant texte de propagande pour la formation d'une armée punitive
que le lecteur est cordialement invité à rejoindre, sans illusion
pourtant sur sa défection certaine.