Il travaillait dans une station-service, au Cerro del Fantasma - le mont
du Fant?me - en Andalousie. Il était diabétique. Durant deux ans, alors
que je poursuivais mes études, je l'ai remplacé de nuit. Je craignais
qu'il n'e?t un malaise. Le mont du Fant?me a une histoire : celle d'une
femme infidèle, surprise par son mari, qui s'était revêtu d'un drap
blanc pour appara?tre soudain, tel un spectre. Cela finit par la mort
des amants. Je pense aussi à ce poème de Miguel Hernández que nous
récitions à voix haute à la fin du franquisme, comme pour rattraper le
temps perdu :Je suis ici et c'est pour vivre tant que mon ?me vibrera,
et je suis ici pour mourir quand mon heure viendra aux sources du
peuplemaintenant et depuis toujours la vie, c'est plus qu'une gorgée et
la mort, une gorgée seule. Traduit
de l'espagnol par Serge Mestre.Un Américain tremble devant le fisc des
Fran?ais, non par peur de la taule, mais parce que vos fonctionnaires
entretiennent un certain flou, comme vous tous, en matière d'argent.
Dur, dur pour un Anglo-Saxon. Mes appréhensions ont commencé peu avant
ma première déclaration. A cause de quelques anecdotes que j'avais
entendues, en particulier concernant certains notables, tel Michel
Polnareff qui avait préféré s'exiler à Los Angeles plut?t que de donner
satisfaction à son percepteur. Il faut que cela soit grave pour qu'un
Fran?ais élise domicile dans une ville américaine où l'on sirote un
languedoc de table avec le même plaisir qu'un Ch?teau Pétrus. La fin du
mois de mars approchant, je commen?ai donc à chercher un moyen pour
réduire ma facture fiscale, en toute légalité bien entendu. J'avais croisé un jour, lors d'un cocktail, un ami, Laurent, qui, entre
autres activités, écrivait des livres. Un Fran?ais plut?t exceptionnel
car il était le seul à cette ?drinkerie? à ne pas porter de noir et à ne
pas voir d'inconvénient à parler fric. C'est vachement facile si tu es
auteur, me dit-il. Tu te déclares en BNC.BNC ? Bénéfices non
commerciaux. J'ai la tête qui tourne. Ce n'est pas à cause de mon verre à
la main. Laurent
poursuit en me brossant un rapide profil psychologique de l'imp?t sur
le revenu en France. Les fonctionnaires du fisc sont des salariés et
pour eux, toutes les professions libérales sont exercées par des voleurs
et des resquilleurs. Du coup, ils nous font payer un max. A toi de ne
pas te laisser faire.Subitement, je commence à voir les choses
autrement, inspiré par le tableau des deux France tel que Laurent me l'a
dressé : d'un c?té, il y a les pauvres salariés qui triment dur, paient
leurs imp?ts et partent humblement en congés payés ; et de l'autre, il y
a les professions libérales qui, gr?ce à ce truc qu'on appelle BNC,
vont souper à Saint-Germain-des-Prés, chez Lipp.Le kit BNC du centre de
gestion agréé que me conseille Laurent arrive dans ma bo?te aux lettres
deux jours plus tard, car nous sommes exceptionnellement dans une
période sans grève pour mon centre de tri postal marxiste-léniniste.
Première déception, les formulaires et le mode d'emploi pèsent
l'équivalent du paquebot France.
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