Après avoir toléré des attaques d'ambassades occidentales d'une violence
rare, la plupart des gouvernements, y compris celui de la République
islamique d'Iran, ont fini par ramener l'ordre. Reste que l'affaire a
montré à quel point toute mise en cause, en Occident, des préceptes de
l'islam, était devenue sensible.Instrumentalisée depuis le début, la
colère a été volontairement détournée de son objet.Elle a d'abord servi
ceux qui voulaient attiser le choc des civilisations. Elle sert
maintenant à raviver des conflits internes : au Nigeria, la guerre de
religion ; au Pakistan, le combat des intégristes contre l'un des
principaux alliés des Etats-Unis dans leur lutte contre le
terrorisme.Les extrémistes feront évidemment tout pour maintenir en vie
une flamme qui peut les aider à allumer bien des incendies. S'ils le
font si aisément, c'est parce qu'ils opèrent dans un vide
impressionnant. Qui,
en Occident, s'est efforcé de d'éteindre la mèche ? Qui a pris la peine
de remettre les choses à leur place ?L'Europe a une lourde
responsabilité puisque l'affaire a son origine au Danemark. Plut?t que
de venir en aide à un pays dépassé par les événements, chacun a fait
semblant de ne rien voir, préférant attendre que le problème disparaisse
de lui-même. Sur un sujet aussi important pour notre continent,
l'Europe est sans voix.Les Etats-Unis ne se sont pas sentis concernés.
Sans doute parce que le sentiment religieux est plus profond
outre-Atlantique, les caricatures du Prophète n'ont guère été
reproduites. Il n'en reste pas moins que l'Amérique a été conspuée comme
l'Europe par les foules en colère.Il ne suffit pas de clamer que l'on
refuse le choc des civilisations. Peut-être faudrait-il au moins tenter de gérer l'image désastreuse
suscitée par les accusations de mauvais traitements à Guantanamo ;
donner le sentiment que l'on sait où l'on va en Irak, ou dans
l'affrontement avec Téhéran sur le programme nucléaire iranien ;
expliciter clairement quelle sera la politique à l'égard d'un
gouvernement du Hamas légitimement élu en Palestine...Si toutes ces
questions recevaient des réponses sans équivoque, il serait sans doute
plus facile de faire comprendre que la liberté d'expression est, pour
nous, essentielle et qu'elle ne nous affranchit pas du sens des
responsabilités ou du respect des autres religions.Par la modération de
leurs réactions, les musulmans d'Europe ont montré que, dans leur grande
majorité, ils l'avaient compris.malchanceux au scrutin de juin dernier,
Ali Laridjani se retrouva sixième sur sept prétendants au poste de
Président, loin derrière l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad.
Aujourd'hui, pourtant, son pouvoir égale voir ?dépasse?, disent certains
celui de son rival aux élections. Et
pour cause. A 48 ans, visage p?le et barbe rousse, il est l'acteur
incontournable des discussions sur le nucléaire iranien, sous les
projecteurs permanents de la communauté internationale.?Selon la loi,
Mahmoud Ahmadinejad est le numéro deux du régime, derrière le guide
religieux, l'ayatollah Ali Khamenei. Mais, dans le contexte actuel,
Larijani est plus puissant, car il tient entre ses mains le dossier le
plus important du pays?, commente le politologue Morteza Firouzi. De
plus, murmure-t-on dans les coulisses du pouvoir, son conservatisme
pragmatique est plus apprécié que les dérapages verbaux de l'actuel
président. Nommé, l'été dernier, à la tête du Conseil suprême de la
Sécurité nationale, en remplacement de Hassan Rohani, Ali Larijani est,
comme Ahmadinejad, un ancien des gardiens de la révolution. Les deux
hommes sont connus pour être des idéologues convaincus, défenseurs
acharnés de la République islamique.