Il est assez baroque de constater que les pays qui ont décollé ces
dernières années ont suivi un modèle opposé : la Chine, l'Inde, la Corée
et les ?dragons? asiatiques ont mis en place un Etat dynamique
structurant une économie fondée sur une insertion internationale
unilatérale, agressive à l'exportation mais protégée à l'importation.
J'en tire une le?on : promouvoir des règles commerciales asymétriques
pour le Sud. Le commerce mondial est certes un moteur pour le
développement des pays qui y sont intégrés, mais tous ne le sont pas. Le
commerce mondial est, dans les faits, asymétrique : les pays pauvres
importent nos marchandises sans réussir à exporter les leurs à un prix
rémunérateur. Dans ces conditions, le droit commercial international ne
doit pas être le même pour tous, il doit corriger ces déséquilibres.
C'est en cours à l'OMC mais trop lentement.J'en tire une autre le?on :
il faut des Etats structurés pour le Sud. Nous
tentons d'imposer dans ces pays la démocratie telle que nous
l'entendons. Mais la démocratie, c'est bien plus que des élections :
c'est une organisation administrative qui fait respecter la loi, c'est
une justice indépendante et une police contr?lée par cette dernière,
c'est le respect des minorités. Et pour cela il faut un Etat. Seul un
Etat dynamique, ou des structures régionales telles l'Union africaine ou
le NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique),
peuvent piloter de tels investissements. Il faut aussi un investissement
dans l'avenir et notamment le capital humain. Le développement ne se
limite pas au seul commerce.Nous avons des exemples à proposer. La construction européenne, notamment, est un modèle de solidarité
économique réussie. Nous pouvons aussi contribuer directement à ces
investissements publics. La Banque mondiale a commencé à le faire, en
privilégiant la consolidation des institutions nationales sur la
libéralisation. Il faut aller plus loin.Je ne prendrai qu'un seul
exemple : la santé. La santé est la plus fondamentale des conditions du
développement. Plusieurs pandémies touchent le Sud : le sida, la
malaria, la résurgence de la poliomyélite, les risques de grippe
aviaire. En
Afrique, le sida remet en cause toute tentative de développement. En
Afrique australe, l'espérance de vie a chuté de dix ans en dix ans.
Chaque année, l'épidémie y tue plus de trois millions de personnes. La
Banque mondiale a montré que la croissance par tête en Afrique serait
trois fois supérieure sans les effets ravageurs de la maladie. Aider le
Sud à se doter d'une politique de santé robuste est un devoir impérieux,
sauf à accepter de regarder mourir des peuples entiers sans rien faire.
J'ai proposé trois pistes au sommet des progressistes.D'abord, l'accès
aux médicaments génériques.
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