Selon la loi, Mahmoud Ahmadinejad est le numéro deux du régime, derrière
le guide religieux, l'ayatollah Ali Khamenei. Mais, dans le contexte
actuel, Larijani est plus puissant, car il tient entre ses mains le
dossier le plus important du pays?, commente le politologue Morteza
Firouzi. De plus, murmure-t-on dans les coulisses du pouvoir, son
conservatisme pragmatique est plus apprécié que les dérapages verbaux de
l'actuel président. Nommé, l'été dernier, à la tête du Conseil suprême
de la Sécurité nationale, en remplacement de Hassan Rohani, Ali Larijani
est, comme Ahmadinejad, un ancien des gardiens de la révolution. Les
deux hommes sont connus pour être des idéologues convaincus, défenseurs
acharnés de la République islamique. Mais c'est là que la comparaison
s'arrête. Populiste et islamiste, Ahmadinejad aime provoquer : sur la
question d'Isra?l,qui doit être rayé de la carte?, sur le traité de
non-prolifération, dont il mena?ait récemment de se retirer. Têtu,
mais toujours posé, Laridjani rassure : ?Nous ne fermons pas la porte
aux discussions diplomatiques?, déclarait-il, il y a quelques
jours.Proche conseiller de KhameneiC'est lui qui, l'année dernière,
reprochait à son prédécesseur d'avoir ?accepté d'échanger une perle
contre un bonbon?, en acceptant de renoncer à l'enrichissement d'uranium
contre une coopération nucléaire, commerciale et politique offerte par
les Européens. C'est lui, également, qui, à chaque occasion, rappelle
?le droit absolu de l'Iran d'enrichir l'uranium sur son territoire?.
Mais sans jamais élever le ton.Calme et fermeté : voilà des qualités
particulièrement appréciées par le guide suprême, l'ayatollah Ali
Khamenei, dont Laridjani est un proche conseiller. ?Son prestige dans
les hautes sphères, il le doit également à ses origines familiales?,
remarque Morteza Firouzi. Né à Nadjaf, en Irak, Ali Larijani n'est autre
que le fils de l'ayatollah Hachem Amoli un grand marjaa (?source
d'imitation?) chiite et le beau-fils de l'ayatollah Morteza Motahari, un
des théoriciens de la révolution islamique, tué en 1979. Il est ?un enfant du sérail?. Son frère a?né, Mohammad Javad, a été
député au Parlement iranien. Sadegh, un de ses jeunes frères, siège au
Conseil des gardiens, une puissante instance d'arbitrage du régime.Après
des études de mathématiques à l'université Sharif de Téhéran, Ali
Larijani encha?na sur un doctorat de philosophie, au cours duquel il se
familiarisa avec les pensées de Hegel, Kant et Heidegger. Au moment de
la guerre Iran-Irak (1980-88), il rejoint les gardiens de la révolution,
l'armée d'élite. En 1992, il se retrouve à la tête du ministère de la
Culture. Trois ans plus tard, le guide religieux le nomme chef de la
radiotélévision d'Etat, où il restera pendant dix ans. Ces
?années noires?, les défenseurs d'une plus grande liberté ne les ont
pas oubliées. C'est, en effet, sous la direction d'Ali Larijani, que fut
lancé ?Hoviyat?, un programme qui dénigrait systématiquement les
écrivains et opposants iraniens. Les étudiants se rappellent, aussi, les
aveux forcés de certains de leurs camarades devant les caméras de la
télévision, après leur arrestation lors des manifestations de l'été
1999. ?Il faut fermer la télévision de Laridjani?, pouvait-on entendre
dans leurs meetings de contestation.Face à la concurrence accrue des
images satellitaires de l'opposition qui diffusent clandestinement en
Iran Ali Larijani s'est efforcé, pendant ses dernières années passées à
la tête de la télévision, de moderniser le petit écran en y introduisant
des vidéo-clips et en lan?ant parallèlement toute une série de cha?nes
diffusées via le satellite : Sahar, Khabar, Jam é Jam...
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