Nous pensons que les
principaux cerveaux de ces tentatives de déstabilisation sont entre nos
mains, a révélé le général Hermogenes Esperon, chef de l'armée de
terre. Mais nous n'affirmons pas avoir mis au jour l'ensemble des
conspirateurs.? Les seize officiers interrogés ?prévoyaient d'abolir les
institutions démocratiques, la Chambre des représentants, le Sénat, le
système judiciaire?, a-t-il dit. Quand l'on entend dans les salons
feutrés de Manille que ?la démocratie est une idée stupide et
romantique, irréalisable dans le pays? et qu'?un retour à la dictature
serait utile?, la création d'une junte militaire prévue par les mutins
para?t moins incongrue.Aspirations contradictoiresLes Philippins
oscillent entre lassitude et affliction. Il y a vingt ans, ils
écrivaient une page glorieuse de leur histoire en bravant l'armée de
Ferdinand Marcos et en obtenant l'impensable, la chute du dictateur. Ils
estiment maintenant que cette révolution populaire sans effusion de
sang baptisée ?le pouvoir au peuple? est une malédiction.
Selon l'institut de sondage Pulse Asia, ils ne sont plus que 36% à
approuver les manifestations de masse de 1986 qui ont mis fin à 21
années d'un règne abusif et inspiré les mouvements prodémocratiques en
Corée du Sud, au Pakistan, en Chine ou à Rangoon. L'éditorialiste Amado
Doronila, qui jadis glorifiait le ?people power?, estime que c'est
aujourd'hui ?surtout une source d'instabilité politique?. ?Les
événements de 1986 nous ont légué deux aspirations contradictoires :
pouvoir élire un président mais aussi pouvoir chasser démocratiquement
un président élu?, explique l'historien Manuel Quezon. Illustration :
l'ancienne présidente Corazon Aquino, qui joua un r?le décisif dans le
renversement de Marcos, a pris la tête de tous les rassemblements contre
ses trois successeurs. Avant d'ébranler la présidence d'Arroyo, elle a
empêché Fidel Ramos de modifier la Constitution et de reconduire son
mandat en 1998 et elle a obtenu en 2001 le départ de Joseph Estrada,
accusé d'avoir confondu les caisses de l'?tat et son portefeuille. ?Le
monde a compris Edsa 1 (du nom d'une des artères de Manille, l'avenue
Epifanio de los Santos d'où a démarré le ?people power? de 1986), a
toléré Edsa 2 en 2001, il ne pardonnera pas un Edsa 3?, a mis en garde
Arroyo, mardi.Adolescence politique à rallonge?Les Philippines ont une
adolescence politique à rallonge?, regrette l'historien Quezon. Un mauvais système électoral, peu de conscience politique, un niveau
de corruption qui entrave le développement économique, une société à
deux vitesses. Le malaise est profond. ?Nous sommes pris au piège dans
un système politique. Les Américains ma?tres du pays de 1898 à 1946 ont
sacrifié la démocratie philippine et mis en place une oligarchie
foncière et d'affaires avec des milices armées que seuls peuvent
concurrencer des réseaux mafieux?, explique l'analyste politique Nelson
Navarro. Sheila Coronel, à la tête du centre philippin de journalisme
d'investigation, estime que ?le problème vient de l'inégalité sociale :
deux cents familles dominent l'économie et la politique, le reste de la
population dépend d'un système féodal de patronage?. Pour Fidel Ramos,
le seul président à avoir fini son mandat, ?la le?on politique la plus
douloureuse de ces 35 dernières années est que le système présidentiel
américain ne fonctionne pas aux Philippines? et pr?ne le passage à un
système parlementaire. Traditionnellement montrés du doigt pour leur
faible empressement à transposer les directives européennes, les ?tats
membres ont été au contraire félicités hier par la Commission européenne
pour le zèle législatif dont ils font preuve depuis quelques années.
En 2005, seules 1,6% des directives communautaires n'avaient pas été
transposées dans le droit national, un score très proche de l'objectif
fixé par le Conseil en 2001 (1,5%). ?Il s'agit d'un excellent résultat
qui montre que les ?tats membres s'investissent de plus en plus dans la
réalisation du marché unique?, s'est félicité le commissaire Charlie
McCreevy. C'est en l'occurrence la meilleure performance réalisée depuis
la mise en place d'un indicateur, en 1997. Naguère lanterne rouge, la
France est remontée à la 18e place du classement sur 25. Vingt-huit
directives n'y ont pas été encore transposées, dont six ont déjà
adoptées à Bruxelles il y a plus de deux ans. Un délai considéré comme
?inacceptable?. Début 2003, Paris avait adopté des mesures afin de
résorber ses ?retards chroniques? de transposition.
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