.. vous, vous, Marguerite, ma Marguerite,
bien-aimée...Marguerite le regarda à travers ses larmes avec une
mélancolieprofonde.-- Octave, répondit-elle, vous m'aimez, dites-vous;
j'ai bienbesoin de vous croire, dans ce moment surtout.
Et elle prit un ton grave et une pose sérieuse et réfléchie.-- Octave,
poursuivit-elle, vous ne pouvez vous retirer par cetteporte, car, ainsi
que vous le disiez, on vous rencontrerait, et jeserais perdue. Cette
fenêtre ne vous offrirait pas un moyenmeilleur de retraite, et quoique
vous me le proposiez, je seraiaussi généreuse que vous, je n'accepterai
pas. Il faut donc quevous restiez ici jusqu'au jour.Mais, ajouta-t-elle
en lui désignant un des coins de la chambre,j'attends de votre loyauté,
de ne point franchir la distance quevous allez mettre entre nous!... C'étaient deux enfants, l'un ?gé de vingt ans, l'antre de seize...?ge
heureux où l'on se souvient encore de sa première pureté, oùl'?me n'a
pas perdu toute sa na?veté et sa candeur; ?ge terribleaussi, où les
premières passions, les plus doux sentiments, lesplus irrésistibles
penchants s'éveillent au coeur de l'homme.Octave était un bon et simple
jeune homme, qui n'avait pris aucundes travers du milieu dans lequel il
avait vécu. Fils unique,dernier rejeton d'une famille aristocratique, il
avait étéentouré, dès son enfance, de tous les soins, de toutes
lesfantaisies qui flattent l'esprit, et cependant, son coeur ni
sonesprit n'en avaient été g?tés. Il s'était développé au milieu dece
monde de luxe, sans se laisser entra?ner sur la pente si doucedes
plaisirs faciles que le monde tolère, et à vingt ans, il avaitencore sa
première pureté, et aucune séduction ne l'avait entra?néau-delà des
limites sacrées de l'honneur et du devoir.
Octave avait aimé Marguerite dès le premier jour; il avait biensenti le
trouble pénétrer dans son coeur, avec ce nouveausentiment; mille désirs
impatients avaient vingt fois sollicité sajeunesse; mais la passion ne
l'avait pas emporté jusqu'àl'aveuglement, et jamais la pensée ne lui
était venue de ternir lachasteté de son amour par une trop vive ardeur
de la possession.Pour Marguerite, nous l'avons dit, les choses s'étaient
passéesautrement. Pour elle, en effet, la vie n'avait pas toujours eu
desjoies sans amertume; privée, dès sa plus tendre jeunesse descaresses
d'une mère chérie, elle avait vécu, un peu isolée,quelquefois même, en
proie à des découragements indéfinissables.L'amour de son père ne lui
avait pas toujours suffi. Puis, unsoir, elle avait vu Octave, et elle
l'avait aimé. Cela s'étaitpassé aussi simplement que nous le racontons.
Elle crut lire dansles yeux du jeune homme qui se rapprochait d'elle,
une pitiétendre qui s'adressait à sa souffrance cachée, une promesse
debonheur qu'on lui envoyait pour l'aider à supporter ses
douleurssecrètes, et elle, la pauvre enfant na?ve, s'était laissé
prendreà la joie, à l'espérance, à la vie, en rencontrant cette
chastesympathie.
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