2? Une deuxième classe d'Arabes est celle des Africains
ouOccidentaux[50], venus à diverses reprises et sous divers chefs
seréunir à la première; comme elle, ils descendent des
conquérantsmusulmans qui chassèrent les Grecs de la Mauritanie; comme
elle, ilsexercent l'agriculture et les métiers; mais ils sont plus
spécialementrépandus dans le _Sa?d_, où ils ont des villages et même des
princesparticuliers.3?. La 3^{e} classe est celle des _Bedouins_ ou
hommes des déserts[51],connus des anciens sous le nom de _Scenites_,
c'est-à-dire habitant sousdes tentes. Parmi ceux-là, les uns, dispersés
par familles, habitent lesrochers, les cavernes, les ruines et les lieux
écartés où il y a del'eau; les autres, réunis par tribus, campent sous
des tentes basses etenfumées, et passent leur vie dans un voyage
perpétuel. Tant?t dans ledésert, tant?t sur les bords du fleuve, ils ne
tiennent à la terrequ'autant que l'intérêt de leur s?reté ou la
subsistance de leurstroupeaux les y attachent. Il est des tribus qui,
chaque année, aprèsl'inondation, arrivent du sein de l'Afrique pour
profiter des herbesnouvelles, et qui au printemps se renfoncent dans le
désert; d'autressont stables en ?gypte, et y louent des terrains qu'ils
ensemencent etchangent annuellement. Toutes observent entre elles des
limitesconvenues qu'elles ne franchissent point, sous peine de guerre.
Toutesont à peu près le même genre de vie, les mêmes usages, les mêmes
moeurs.Ignorants et pauvres, les Bédouins conservent un caractère
original,distinct des nations qui les environnent. Pacifiques dans leur
camp, ilssont partout ailleurs dans un état habituel de guerre. Les
laboureurs,qu'ils pillent, les ha?ssent; les voyageurs, qu'ils
dépouillent, enmédisent; les Turks, qui les craignent, les divisent et
les corrompent.On estime que leurs tribus en ?gypte pourraient former
trente millecavaliers; mais ces forces sont tellement dispersées et
désunies, qu'onles y traite comme des voleurs et des vagabonds.Une
seconde race d'habitants est celle des _Coptes_, appelés en arabe_el
Qoubt_. On en trouve plusieurs familles dans le Delta; mais le
grandnombre habitent le _Sa?d_, où ils occupent quelquefois des
villagesentiers. L'histoire et la tradition attestent qu'ils descendent dupeuple
dépouillé par les Arabes, c'est-à-dire de ce mélange d'?gyptiens,de
Perses, et surtout de Grecs qui, sous les Ptolémées et lesConstantins,
ont si long-temps possédé l'?gyte. Ils diffèrent des Arabespar leur
religion, qui est le christianisme; mais ils sont encoredistincts des
chrétiens par leur secte, qui est celle d'Eutychès. Leuradhésion aux
opinions théologiques de cet homme leur a attiré de la partdes autres
Grecs des persécutions qui les ont rendus irréconciliables.Lorsque les
Arabes conquirent le pays, ils en profitèrent pour lesaffaiblir
mutuellement. Les _Coptes_ ont fini par expulser leurs rivaux;et comme
ils connaissent de tout temps l'administration intérieure del'?gypte,
ils sont devenus les dépositaires des registres des terres etdes tribus.
Sous le nom d'_écrivains_, ils sont au Kaire les_intendants_, les
_secrétaires_ et les _traitants_ du gouvernement etdes beks. Ces
_écrivains_, méprisés des _Turks_ qu'ils servent, et ha?sdes paysans
qu'ils vexent, forment une espèce de corps dont est chefl'écrivain du
_commandant_ principal.
C'est lui qui dispose de tous lesemplois de cette partie, qu'il
n'accorde, selon l'esprit de cegouvernement, qu'à prix d'argent.On
prétend que le nom de _Coptes_ leur vient de la ville de _Coptos_, oùils
se retirèrent, dit-on, lors des persécutions des Grecs; mais je
luicrois une origine plus naturelle et plus ancienne. Le terme
arabe_Qoubti_, un _Copte_, me semble une altération évidente du
grec_Ai-goupti-os_, un _?gyptien_; car on doit remarquer que _y_
étaitprononcé _ou_ chez les anciens Grecs, et que les Arabes n'ayant, ni
_g_devant _a o u_, ni la lettre _p_, remplacent toujours ces lettres
par_q_ et _b_: les _Coptes_ sont donc proprement les représentans
des_?gyptiens_[52]; et il est un fait singulier qui rend cette
acceptionencore plus probable. En considérant le visage de beaucoup
d'individusde cette race, j'y ai trouvé un caractère particulier qui a
fixé monattention: tous ont un ton de peau jaun?tre et fumeux, qui n'est
ni grecni arabe; tous ont le visage bouffi, l'oeil gonflé, le nez
écrasé, lalèvre grosse; en un mot, une vraie figure de mul?tre. J'étais
tenté del'attribuer au climat[53], lorsque, ayant été visiter le Sphinx,
sonaspect me donna le mot de l'énigme. En voyant cette tête
caractérisée_nègre_ dans tous ses traits, je me rappelai ce passage
remarquabled'Hérodote, où il dit[54]: _Pour moi, j'estime que les
Colches sont unecolonie des ?gyptiens, parce que, comme eux, ils ont la
peau noire etles cheveux crépus_; c'est-à-dire, que les anciens
?gyptiens étaient devrais nègres de l'espèce de tous les naturels
d'Afrique[55]; et dès lorson explique comment leur sang, allié depuis
plusieurs siècles à celuides Romains et des Grecs, a d? perdre
l'intensité de sa premièrecouleur, en conservant cependant l'empreinte
de son moule originel. Onpeut même donner à cette observation une
étendue très-générale, et poseren principe que la physionomie est une
sorte de monument propre en biendes cas à constater ou éclaircir les
témoignages de l'histoire, sur lesorigines des peuples.
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