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2014-09-11 15:00:52
?Aussit?t que M. de Chateaubriand eut connu Mme Récamier, il
désiramettre sa femme en rapports avec elle, et il l'amena à
l'Abbaye-au-Bois.Il se forma entre ces deux dames une relation qui, sans
être intime, futtoujours gracieuse et obligeante.Mme de Chateaubriand,
qui avait une ?me élevée, des affections vives etprofondes, un
dévouement réel et l'admiration la plus entière pour sonmari, avait
infiniment plus d'esprit et d'originalité que de prudence etde raison;
sa tendresse, fort exigeante sur ce qui lui semblait d? àl'objet de son
culte, avait trop souvent pour résultat d'agiter,d'inquiéter ou
d'irriter M. de Chateaubriand.--Elle affichait laprétention de ne pas
conna?tre les oeuvres littéraires de l'homme dontelle était fière de
porter le nom; mais cette prétention était très-malfondée, et plus d'une
fois on l'a surprise lisant quelque livre de sonmari.Mme de
Chateaubriand contait agréablement; elle avait une politesseparfaite,
des manières extrêmement distinguées, mais l'humeur inégale.
Ce qui ne variait point chez elle, c'était la charité: une
charitéactive, entendue, qui savait organiser, et dans laquelle elle
mettait dela constance et de la suite.--Elle était de taille moyenne,
ses yeuxétaient beaux; son visage portait la trace visible de la petite
vérole,et sa santé toujours chancelante la réduisait à une maigreur
quasidiaphane. C'était, en un mot, une personne bonne et généreuse,
maisimpossible à prévoir, et peu commode à vivre.On verra par la suite
de cette correspondance combien elle comptait surl'influence salutaire
de Mme Récamier, et avec quelle confiance elle yrecourait.LA VICOMTESSE
DE CHATEAUBRIAND ? Mme R?CAMIER.?Septembre 1823.?Vous êtes toujours,
Madame, notre port dans la tempête. C'est doncencore à votre bonté que j'ai recours pour t?cher de pénétrer dansles secrets de notre capricieux immortel[7].
Notre chapelle estprête, elle est charmante, il n'y manque plus que le
tableau; maisquand arrivera-t-il? M. Gérard me l'avait positivement
promis pourle 1er octobre. Je n'ose lui rappeler sa promesse, dans la
crainted'en reculer encore l'exécution. Il n'y a donc que vous,
Madame,qui, avec toutes vos séductions, puissiez l'amener à achever
sacharité promptement et de bonne gr?ce. Dites-lui, si vous entrouvez
l'occasion, que si la niche destinée à la sainte ne peutrien ajouter à un chef-d'oeuvre, au moins elle ne le g?tera pas. Lejour est admirable, et la couleur du stuc telle qu'un peintre lapourrait choisir.
M. Huyot m'avait conseillé de lui envoyer lecadre qui est très-beau;
mais peut-être préfère-t-il, comme il enavait l'intention, faire
apporter son tableau à l'Infirmerie, avantqu'il soit achevé, et le faire
placer dans l'endroit qui lui estdestiné, afin de voir s'il n'y aurait
point à donner quelques coupsde pinceau, dépendant de la disposition du
jour. Aurez-vous encorel'extrême bonté, Madame, de lui demander si cet
arrangement luiconvient, et quel jour il voudrait fixer? Tout serait
préparé pourqu'il n'y e?t point d'importun; ce qui serait trop aimable,
ceserait de venir ce jour-là avec lui déjeuner à l'Infirmerie même,avec
les oeufs et le bon lait de la soeur Sophie.?Je ne sais comment
vous demander assez de pardons de toutes mesimportunités; mais votre
indulgence est infatigable, lorsqu'ils'agit de coopérer à une bonne
oeuvre.?Recevez, je vous prie, tous mes regrets de ne pouvoir aller
vousprésenter moi-même ma requête, et veuillez ne pas douter, Madame,de
tous les sentiments qui m'attachent si tendrement et siinaltérablement à
vous.?LA VICOMTESSE DE CHATEAUBRIAND.?M.