分类: 网络与安全
2014-07-04 15:43:30
Ou leur donnemême une idée des beaux-arts, de la peinture et de la
musique. A quoipeut servir une telle instruction dans un désert?
demanderoit-on dansle monde si cet écrit y étoit connu. Non pas à faire
briller celui quila possède, répondrois-je, mais à le rendre heureux.
Les plaisirs dessens non-seulement s'éteignent avec ces mêmes sens, mais
même dans letems de leur plus grande énergie, ils sont presque toujours
mêlésd'amertumes et de regrets. Quelle différence de cette
tristejouissance à celle que procure la pensée! le monde moral
s'aggranditavec elle. C'est là vraiment qu'existe cette volupté pure et
continuequ'on a dit être le partage des anges. C'est par l'énergie
etl'élévation de son esprit que l'homme se dérobe aux coups de
lafortune, aux douleurs même du corps; c'est par-là qu'il acquiert
cettephilosophie céleste des Sto?ciens, de cette classe d'hommes, la
plusparfaite qui ait jamais paru sur la terre.
Comme toutes les sciences se touchent, me voilà parvenu à celle quifait
le sujet de l'étude principale de notre jeunesse, la morale.La religion
est la morale réduite en préceptes. Comme il n'y a qu'unemorale, il ne
devroit y avoir aussi qu'une religion. Le christianismeétoit fait pour
servir de modèle. Cette institution étoit si simple etsi sublime, que
toute la terre auroit fini par l'adopter si ellen'avoit pas été
dénaturée. Nous avons t?ché de rétablir l'ordreprimitif. Les deux bases
de notre doctrine sont comme aux premierstems, l'amour de Dieu au-dessus
de tout; l'amour de nos semblableségal à celui que nous avons pour
nous-mêmes. Toutes les conséquencesde ces deux principes sont développées dans
notre catéchisme. Comme ilest entre les mains de tous nos habitans, il
est inutile d'en parler.Je crois seulement à propos de rappeler les
motifs de l'un et del'autre de ces principes. Le premier, l'amour du
créateur, est unsentiment naturel de reconnoissance pour le plus grand
de tous lesbienfaits, la vie; l'amour de nos semblables dérive de cette
opiniontrès-vraisemblable, que tous les hommes étant composés de la
mêmematière, et ayant tous les mêmes organes, doivent être
considéréscomme faisant partie de la même masse d'élémens, et que la
division endivers moules séparés qui forment autant d'individus
distincts, nedétruit pas l'identité primitive; que le sentiment qui
affecte chaquehomme du bien ou du mal d'un autre homme, est une
confirmation decette identité, et que par conséquent l'amour de notre
prochain n'est,à proprement parler, que l'amour de nous-mêmes.Le
catéchisme dont je viens de parler enseigne la règle de tous lesdevoirs,
et trace la route de toutes les vertus; mais, comme l'aremarqué le
premier poète de l'antiquité, pour les graces comme pourla raison, les
actions frappent bien plus l'esprit que les paroles. Lesoin des ma?tres
est donc de faire une application des préceptes auxdivers événemens de
la vie; si la conduite ordinaire ne fournit pasassez d'épreuves, ils en
font na?tre ils t?chent de faire parcourir,dans le court espace de la
jeunesse, toute la carrière de l'homme, etd'accumuler dans quelques
momens les vicissitudes de bonheur etd'adversité disséminées dans une
longue suite d'années. Ainsi,nos jeunes gens font l'apprentissage de
l'état d'homme, et ilsarrivent à cet état, déjà instruits par le
meilleur des ma?tres,l'expérience.
....CHAPITRE VIII.Un de nos frères dernièrement arrivés vient de
terminer sa carrière:c'étoit un vieillard de quatre-vingt-cinq ans,
nommé JacquesSaintgès, distingué dans tous les tems par sa
tempérance, sonassiduité au travail, ses vertus domestiques et son
incorruptibleprobité. Toute la population du Vallon a accompagné sa
dépouillemortelle à son dernier asile; mais l'examen et le jugement
prescritsn'ont pu avoir lieu à l'égard d'un homme dont la vie, quoique
silongue, n'a duré qu'un jour parmi nous.