Tout le monde de me regarder; un officier me demande d'où vientce
cheval: ?C'est un cheval qui a déserté et qui a passé de notre c?té;je
l'ai agrafé en passant.--Bonne prise?, dit-il.Arrivé à mon logement, je
fis donner l'avoine à mes chevaux, et vérifiaima capture; je trouvai un
petit portemanteau avec du beau linge et leschoses nécessaires à un
officier. Je fis desseller ce cheval et je levendis; comme j'en avais
trois, cela me suffisait. Je fus à l'état-majorprendre un air de bureau;
je trouvai beaucoup de monde près du maréchal:les uns sortaient, les
autres arrivaient; toute la nuit ce ne fut queconférences. Le lendemain,
1er juillet, nous e?mes l'ordre de nousporter au midi de Paris,
derrière les Invalides, où l'armée se réunitdans de bons retranchements.
Je m'y rendis après avoir été prendre lesordres de mon général; il me
fit partir avec son aide de camp et seschevaux: ?Partez, dit-il, Paris
est rendu; l'ennemi va en prendrepossession.
Ne perdez point de temps; tous les officiers doivent sortirde Paris;
vous seriez arrêtés. Allez rejoindre l'armée qui se réunit duc?té de la
barrière d'Enfer, et là vous recevrez des ordres pour passerla Loire à
Orléans.?Arrivé à la barrière d'Enfer où l'armée était réunie, je
trouvai lemaréchal Davoust à pied, les bras croisés, contemplant cette
belle arméequi criait: ?En avant!? Lui, silencieux, ne disait
mot; il sepromenait le long des fortifications, sourd aux supplications
de l'arméequi voulait marcher sur l'ennemi. Nos soldats voulaient se
porter surl'ennemi qui avait passé la Seine, une partie sur
Saint-Germain, l'autresur Versailles, tandis que nous n'avions que le
Champ de Mars àtraverser pour gagner le bois de Boulogne. Avec notre
aile gauche surVersailles, il ne serait resté pas un Prussien ni un
Anglais devant lafureur de nos soldats. Le maréchal Davoust ne savait
quel parti prendre;il fit appeler les généraux de la vieille garde et
donna ordre augénéral Drouot de montrer l'exemple à l'armée, disant
qu'il feraitsuivre son mouvement et partir sur-le-champ pour Orléans.
Notre sort futainsi décidé. Les vieux braves partirent sans murmurer; le mouvementcommen?a, notre
aile droite sur Tours et l'aile gauche sur Orléans. Lesennemis formèrent
de suite notre arrière-garde, et ils eurent la cruautéde s'emparer des
hommes qui rejoignaient leur corps et de lesdépouiller, ainsi que les
officiers. ? notre première étape, ils nousserraient de si près, que
l'armée fit demi-tour et tomba sur leuravant-garde; on les poursuivit,
ils ne furent plus si insolents et nenous suivirent que de loin.Nous
arriv?mes dans Orléans sans être poursuivis; nous pass?mes le pontsur la
Loire et on établit le quartier général dans un grand faubourgqui se
trouvait presque désert; les habitants étaient rentrés en villeet nous
manquions de tout. Quand nous f?mes installés, on s'occupa debarricader
le pont par le milieu avec des poteaux énormes et deux portesà résister
contre une attaque de vive force; puis on mit la tête du pontdans un
état de défense, toute hérissée de pièces d'artillerie. Nousrest?mes
tranquilles pendant quelques jours; ces deux énormes portess'ouvraient à
volonté pour aller aux vivres; nous f?mes obligés d'alleren ville pour
en chercher. Nous trouv?mes une pension à l'entrée de lagrande rue, et
tous les jours il fallait faire ouvrir les portes, maiscela ne dura pas
longtemps.
On voyait le grand maréchal derrière sesbatteries, les bras derrière le
dos, bien soucieux; personne ne luiparlait. Ce n'était plus ce grand
guerrier que j'avais vu naguère sur lechamp de bataille, si brillant;
tous les officiers le fuyaient. S'ilavait voulu, sous les murs de Paris,
lui qui était le ma?tre desdestinées de la France, il n'avait qu'à
tirer son épée.Un matin donc, comme à l'ordinaire, nous part?mes à 9
heures pour nousrendre à notre pension pour déjeuner. Arrive le traiteur
qui nous dit:?Je ne puis vous servir. J'ai ordre de me tenir prêt à
recevoir lesalliés qui sont aux portes et vont faire leur entrée; les
autorités leuront porté les clefs de la ville.? Au même instant, on
crie: ?Auxcosaques!? Nous sort?mes le ventre creux; à peine dans la rue,
nousv?mes la cavalerie qui marchait en bataille au petit pas et une
fouleimmense de peuple de tout sexe, hommes et femmes.
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