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2014-10-10 10:43:15
L’étude de la piété des confréries catholiques en Europe, en pleine
expansion dans les années 1970, est la démonstration de cette adhésion
d’élites la?ques à des formes de piété qualifiées trop vite de
populaire. Le protestantisme lui-même n’a cessé de composer avec des
formes de piété qu’il dénonce par ailleurs et qu’il est censé avoir fait
dispara?tre (Philippe Joutard[8][8] Philippe Joutard,
xA0;Protestantisme populaire en Cévennes...suite). En outre les travaux
historiques consacrés à l’islam ou aux religions syncrétiques, en rapide
développement durant cette période, confirment le caractère universel
d’expressions de la croyance qui transgressent, en toute bonne foi, les
frontières des orthodoxies. Dès lors la frontière ne passe pas entre le
peuple et les élites, car ces dernières partagent, au moins
ponctuellement, les croyances et les pratiques qualifiées de populaires.
On peut seulement distinguer le christianisme défini par le magistère
et le christianisme re?u par les fidèles. 12 Peu à peu le qualificatif
de populaire est donc abandonné au profit de la notion de religion
vécue. Les travaux historiques s’ordonnent désormais autour du couple
religion prescrite/religion vécue. On s’efforce de montrer que la ligne
de partage ne passe pas entre des catégories sociales clairement
différenciées mais entre des niveaux de culture et des manières d’entrer
en relation avec un au-delà du monde. La diversité des formes prises
par la religion populaire, assimilée de fait à la religion du plus grand
nombre, correspond à des modes particuliers d’appropriation des normes
et de la doctrine. Si ces recherches divergent dans le diagnostic, elles
ont en commun de renoncer à dégager un xA0;religieux populairexA0;, et
de mettre le croyant, plut?t que l’institution, au centre de
l’observation. 13 Au contact de l’anthropologie, l’histoire du
religieux, quel que soit le champ privilégié, est ainsi devenue dans les
années 1980, selon le v?u de Dupront en 1972, une histoire tournée vers
l’étude de l’homo religiosus et de l’expérience religieuse. sac longchamp lm cuir pas cher L’étude des expériences croyantes, voire des mystiques, pas seulement
chrétiennes, a supplanté celle des dogmes et des institutions, et
l’histoire des rites l’emporte désormais sur la comptabilité des
pratiquants. De cette évolution, l’historiographie consacrée aux
sociétés créoles dans les Cara?bes comme dans l’Océan Indien, est une
excellente illustration, avec les multiples publications de Philippe
Delisle et de Prosper ève. Le premier a résumé son itinéraire à
l’occasion de son habilitation à diriger des recherches (HDR), consacrée
à xA0;Catholicisme, esclavage et acculturationxA0;. Il montre bien
comment le passage du prescrit au vécu est un des volets les plus
stimulants pour l’étude de l’exportation du catholicisme dans la Cara?be
et en Guyane. Le second a multiplié les études de cas et proposé dès
1984 une première collecte de ses recherches[9][9] Philippe Delisle,
Catholicisme, esclavage et acculturation...
suite.L’historien en quête de concepts opératoiresxA0;: succès du
bricolage 14 Mais cette association de l’histoire à l’anthropologie n’a
pas tardé à soulever d’autres problèmes. La formation universitaire des
historiens ne les avait pas préparés à une telle évolution. Elle les
mettait dans l’obligation de s’initier au plus vite, mais souvent en
autodidactes, aux méthodes et aux concepts des anthropologues. à défaut
de lire les écrits théoriques, ou de les comprendre, ils ont d’abord
cherché à surmonter la difficulté par le recours à la littérature
ethnographique. Son accès leur était facilité par le r?le de quelques
historiens qui se montraient des médiateurs de talent, capables d’allier
une double compétence. Michel de Certeau est sans aucun doute la
personnalité qui a exercé l’influence la plus forte pour introduire des
questionnements et des concepts issus de l’anthropologie.