Le lendemain, le duc de Devonshire envoya à Mme Récamier une des
baguesque sa belle-mère portait encore au moment suprême, et qu'elle lui
avaitléguée.M. Mathieu de Montmorency, en apprenant cette mort,
écrivait à MmeRécamier: ?Ce 8 avril 1824. ?J'ai re?u hier, aimable amie,
quelques mots seulement, comme si vous étiez tout près de moi, à
l'Abbaye-au-Bois; mais je pardonne cette brièveté à la peine que vous
éprouvez et que je partage si profondément. Ce peu de mots m'ont été au
coeur. Cette pauvre duchesse! elle a donc été prise bien subitement? Les
lettres du 12 ne disaient rien de son mal, et celles du 24 en parlent
comme d'une grande maladie. Quel supplice que cette distance de treize
et quatorze jours! on en frémit dans la seule pensée d'inquiétudes
encore plus vives; et puis je me désole qu'on l'ait séquestrée des soins
de l'amitié, qui lui auraient été précieux sous plus d'un rapport.
Je me figure d'abord les v?tres, comme une des plus douces
consolations que la bonne Providence puisse ménager dans un tel moment,
et vous vous doutez bien aussi que ma pensée va au delà de ce monde qui
finit si vite. Enfin, je veux espérer de plus d'une manière pour notre
pauvre amie. Je con?ois tous vos regrets; ils prouvent la bonté de votre
coeur. Nous nous entretiendrons souvent de ce qui vous a laissé une
impression plus profonde encore, par le souvenir du cruel spectacle dont
vous avez été témoin. Mais je dis toujours: quand causerons-nous? Je
compte les heures et les moments. ?Adieu, adieu. Je ne vous parlerai pas
de politique aujourd'hui. On ne parle pour le moment que de rentes; leur réduction ne vous
atteint-elle pas aussi? Je suis curieux de savoir ce que M. Récamier et
d'autres personnes qui vous tiennent de près pensent de ce hasardeux
projet.--Je suis toujours avec un homme de votre connaissance sur le
même pied: obligeance sans intimité ni confiance réciproque.?On le voit,
dans toutes ses lettres, M. de Montmorency insistait, ainsique les
autres amis de Mme Récamier, pour qu'elle fix?t l'époque de sonprochain
retour en France. Les étrangers abandonnaient Rome; il
devenaitnécessaire de prendre un parti et de se résoudre, soit à
partirpromptement pour ne pas voyager pendant les chaleurs, soit à
rester enItalie. Mme Récamier était très-combattue.
Bien que la santé de sa niècese f?t raffermie, on lui disait, et
elle-même était la première à sepersuader qu'un second hiver passé dans
les pays chauds consoliderait,d'une manière plus certaine, cette santé
qui lui avait donné beaucoupd'inquiétude.Mme Récamier redoutait
d'ailleurs de retomber avec M. de Chateaubrianddans le rapport orageux
qu'elle avait voulu fuir; c'est le sentimentqu'elle exprime dans une
lettre écrite le 1er mai. ?[...] Je n'ajouterai qu'un mot à ce que vous
dit Amélie: si je retournais à présent à Paris, je retrouverais les
agitations qui m'ont fait partir.
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