Ja ja la force en moy est deffallie Ja à mes os la
seiche peau s'allie. Fay moy donq grace ores s'offre le lieu: Fay le au
nom de ce Dieu Qui fut pasteur neuf ans en Thessalie. L'ame vaguant' à
l'entour de ma bouche, Ores tend l'aisle, ores la plie et couche: Or le
sejour or la fuite elisant: Et mes nerfs à present Sont comme ceux que
sur la lire on touche. Va ame donq, maintenant en est heure: Va encor
va, à fin que tost je meure. Tu es par trop avare de mon bien: Ah, tu le
monstres bien, Quand malgré moy au corps tu fais demeure! Va puis que
celle, ou mon oeil se repose, Et qui au fonds de mon cueur est enclose,
Ne recongnoit comme sur mon bellier, A son nom vien lier A chasque bout
des cornes une rose. Et fay souvent que ma trouppe barbue Porte en son
col mainte chayne pendue De belles fleurs que je prends cà et là: Mais
je voy que cela En son endroict n'est que peine perdue. O Nimphe ingrate
un peu cest oeil retire Dont la rigueur fait croistre mon martire: Et
s'il te plaist ayes ores pitié De la grand' amitié Que je te porte, et
ne te l'ose dire.
Ceste couleur qui change, et ceste eau molle Sortant des yeux, et la
trouppe qui vole De mes souspirs te le disent assez: Les desirs tant
pressez Me font geller aux levres la parolle. Si quelque fois pres de
toy je m'advance Ta main me poulse & se met en deffence: Dont bien
souvent je demeure confuz, Mais que ferois tu plus A ceux, lesquelz te
voudroyent faire offence? Ingrate encor! advant qu'en rien me touches
Tires ta robbe arriere: et à noz bouches Ne veux souffrir le baiser
souhaité: Las tu fais grand cherté D'un bien, lequel ne peux deffendre
aux mouches. Combien de fois je t'ay portée en croupe Dessus mon Asne
allant apres la troupe De noz brebis: combien de fois aux champs Aux
espines trenchants Dessouz tes pieds j'ay estendu ma joupe? Combien de
fois au bout de ceste roche (Sur noz troupeaux ayant l'oeil tousjours
proche) Je t'ay faict part de mes fruicts delicats: Helas ne cuide pas
Que je le die à present pour reproche. Mais je le dy pour te mettre en
memoire Mon Amitié et te donner la gloire D'avoir rengé mon cueur souz
ton pouvoir Ce que tard Cuidoy voir Comme je voy que tarde es à le
croire. Tu le vois bien, et fains ne le congnoistre, Tu vois qu'il n'est
possible à aucun estre Plus amoureux que moy qui tout suis tien, Et si
n'estimes rien La grand' amour que sur toy je vien mettre. Quand m'as tu
veu d'un pied benin et grave Marcher en place, et que ne fusse brave:
Poil sans peigner, Ceincture sans flocquetz, Mon chappeau sans bouquetz,
Et que souvent ma face je ne lave? As tu encor en ces lieux veu
personne, Qui de sa voix si haut et clair resonne Que moy, et qui
dansant semble voler Jettant le pied en l'aer Quand Piranel de sa
musette sonne? J'ay bien dequoy, à l'oeil tout me prospere, Blé, vin, et
laict abonde en mon repaire: Tousjours à part j'ai dix francs sans
esmoy: Et ay qui sont à moy Seize brebis au troupeau de mon pere. Le
seul amour que je ne te puis faindre A regretter vient mon ame
contraindre Quand par ardeur celle que je poursuis J'ayme, et aymé ne
suis, Las! n'ay je point matiere de me plaindre? Ce roc biffront de
jastres qui surmonte Tous ses voisins, verra sa cheute prompte Plus tost
qu'amour laisse en moy d'avoir cours: Car cela est tousjours Quand on
ne peut des ans scavoir le compte. Apres ma mort cest' ame langoureuse, De mon malheur se reputant
heureuse, Ferme sera tousjours en son propoz: Mais loing est de repoz
Estant ainsi d'une ingrate amoureuse.L'Amie rustique.Eglogue
seconde.Carlin. Guiot. He mon Guiot. G.
He mon Carlin, Ce grand dieu à tout bien enclin Te doint santé. C.
Mais quelle chere Despuis que ne t'ay veu. G. Legere, Tousjours plein
d'amoureux soucy, Qui me rend solitaire icy, Ou tout plaisir m'est
interdict. C. Est ce par amour? G.
阅读(252) | 评论(0) | 转发(0) |