Ces cannibales revinrent decette sanglante exécution en portant comme
un trophée les dépouillessanglantes de leurs victimes: le reste fut
fusillé dans la cour de laprison, et ces deux horribles scènes se
passèrent un dimanche, au momentoù Charette, accompagné d'une partie de
sa troupe, entendait la messe.La fusillade avait lieu dans le ch?teau de
Belleville, et ainsi les crisdes mourans et des assassins se mêlaient
aux chants que l'on entonnait àla louange de la Divinité.Depuis ce
moment, la guerre civile reprit son ancien caractère de fureuret
d'acharnement; mais elle se fit sans succès par les insurgés.
Ceux-ciallèrent chercher les munitions et les effets d'équipement que
lesAnglais débarquèrent sur la c?te de Saint-Jean-de-Mont; Ce secours
étaitpeu considérable; le présent, de la part d'une puissance, était
plusque mesquin; l'on disait que c'étaient quelques débris sauvés de
lacatastrophe de Quiberon; les munitions et objets débarqués ne
valaientpeut-être pas vingt mille écus.Cette expédition eut lieu vers la
fin de l'été; et loin que quelquesmois s'écoulassent entre cet
événement et la reprise des opérationsmilitaires, Charette ne jouit que
d'un repos fort court: dès lami-septembre, les colonnes républicaines,
conduites par le général Hocheen personne, s'avan?aient de plusieurs
points sur Belleville; il voulutdissiper les illusions de son armée, en
lui faisant toucher, pour ainsidire, ce boulevard du royalisme, qu'elle
s'imaginait être un lieufortifié par l'art et la nature. Peut-être
croyait-il lui-même queCharette l'y attendrait, et terminer la guerre
dans une seule bataille.Il ne se présentait point avec des forces
considérables; il n'avait aveclui que cinq à six mille hommes; mais
Charette décampa à son approche;et il n'e?t point accepté le combat,
quand même son ennemi e?t été deuxfois moins nombreux.
L'armée insurgée avait perdu tout son ressort, l'enthousiasme que
luiavaient donné ses succès inespérés, et le sentiment de désespoir
quiles lui avait fait obtenir. Les propriétaires, les simples
cultivateursavaient go?té les douceurs de la paix; ils avaient repris
pendantquelque temps leurs travaux et leurs paisibles habitudes; cet
étatde tranquillité leur avait offert de nouveaux charmes,
lorsqu'ilssongeaient aux périls de leur condition passée; leur
répugnance et leurchagrin à se voir engagés dans une lutte aussi
périlleuse, avaientéclaté dès les premiers momens qu'ils avaient été
contraints derejoindre leurs drapeaux: ces sentimens étaient fortement
gravés surleurs visages, et la terreur seule en avait comprimé
l'essor.XV.Le général Hoche ne fit qu'une promenade militaire. Ayant
manqué sonennemi à Belleville, il revint précipitamment sur ses pas, et
il mitaussit?t à exécution le plan de campagne qu'il avait médité, et
dont lesuccès était infaillible pour soumettre la Vendée sans
résistanceet sans effusion de sang. Il revint à la limite du pays
insurgé, endébouchant de Nantes, et il établit une ligne le postes assez
serréspour contenir le canton qu'ils occupaient, et empêcher que
Charetten'inquiét?t ses derrières assez nombreux, en même temps pour ne
pascraindre qu'ils fussent délogés à force ouverte. Des
ouverturespacifiques étaient faites à tous les habitans indistinctement;
desproclamations conciliantes étaient répandues avec provision;
lesprincipaux propriétaires étaient re?us avec cordialité par
lescommandans; on leur donnait toutes les sauve-gardes qu'ils
pouvaientdésirer; les prêtres témoignaient-ils quelque méfiance sur la
sincéritéde nos promesses et sur le maintien de la liberté du culte, le
généralHoche répondait _qu'ils pouvaient venir célébrer la messe dans
sachambre_. Chaque poste procédait ensuite, dans le rayon qu'il occupait,
audésarmement des gens suspects ou qui ne présentaient pas unegarantie
suffisante; des permis de port-d'armes étaient délivrés auxpropriétaires
honnêtes et sur lesquels on pouvait compter. Cetteopération achevée sur
toute la ligne, les postes étaient établisen avant sur une autre ligne,
et à une distance de la première quipermettait l'exécution des mêmes
mesures. Par ce moyen Charetteétait resserré chaque jour de plus en
plus, le nombre de ses soldatsdiminuait, et sa faiblesse réelle sautait
aux yeux de ses partisans.Le général républicain avait surtout
recommandé à ses généraux de ne pasrisquer le moindre engagement où
l'avantage p?t être balancé; il voulaitprévenir l'engouement et les
reviremens qu'auraient entra?nés quelquessuccès. Ces incidens pouvaient
encore séduire les esprits, et retarderl'oeuvre de la pacification.
Aussi le général Gratien fut-il fortementbl?mé pour avoir exposé à
quelque distance de Rochesaviré un détachementqui fut défait une
première fois, et qu'il rétablit au même endroit,en bravant un second
échec. Ce fut là le dernier avantage que Charetteremporta sur une
poignée d hommes, et il y perdit un de ses meilleursofficiers, le jeune
La Roberie, dont la bravoure téméraire étaitmerveilleuse pour ranimer
les courages refroidis et rebutés à cetteépoque.
Quelque temps auparavant, immédiatement après sa sortie de
Bellevilledevant Hoche, au combat de Saint-Cyr, et en voulant forcer un
faibledétachement retranché dans une église, Charette avait perdu
Guérinl'a?né, son meilleur chef de division, celui qui connaissait le
mieuxla tactique de cette nature de guerre. Les républicains suivirent
sansinterruption celle prescrite par le général Hoche qui dirigeait
toutesles opérations de son quartier-général de Nantes ou de Montaigne
où ilse trouvait quelquefois.On ne poursuivait point Charette avec
vivacité, le pays était seulementtraversé par de petits corps de
cavalerie pour empêcher la réunion desVendéens. On pacifiait
successivement; on enlevait les armes, et chaquejour le cercle où
Charette végétait était resserré. Ce ne fut quelorsqu'il fut
très-étroit, même lorsque presque toutes les communesfurent soumises,
que ce chef royaliste fut suivi sans rel?che et à lapiste; et encore
e?t-il facilement échappé à ces recherches, si songrand coeur e?t pu le
résoudre à se cacher.XVI.Il y eut réellement une négociation entamée
entre Charette et le généralGratien, pour qu'il f?t permis au premier de
sortir de France et de seretirer chez l'étranger.
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