Les assauts
se multiplièrent, mais à chaque tentative lesassaillants étaient
repoussés avec de nouvelles pertes. Quel que f?tle petit nombre des
défenseurs de Damme, Ackerman espérait qu'ilpourrait lutter assez
longtemps contre l'armée de Charles VI pourlaisser aux Anglais, qu'il
attendait, le temps d'arriver à sonsecours.Un parlement, convoqué à
Westminster, avait voté un subside de dixmille marcs pour couvrir les
frais d'une grande expédition qui devaitassurer l'indépendance des
communes flamandes; par malheur, les plusintrépides chevaliers anglais
se trouvaient retenus sur les frontièresd'Ecosse par l'invasion du sire
de Vienne, et le plus influent desministres du roi, Michel de la Pole,
qui s'était élevé d'une conditionobscure jusqu'au rang de comte de
Suffolk et de chancelierd'Angleterre, conserva les dix mille marcs
destinés à la guerre deFlandre; il permit même à des Génois, qui avaient
été arrêtés par desvaisseaux anglais, de continuer leur navigation vers
les ports occupéspar le duc de Bourgogne, bien que depuis longtemps on
leur reproch?td'être les constants alliés des Fran?ais dans toutes leurs
guerrescontre la Flandre. Enfin, pour mettre le comble à des mesures
qu'unesecrète trahison semblait avoir dictées, il envoya à Berwick tous
leshommes d'armes déjà réunis sur le rivage.A peu près vers la même
époque, un complot se formait à l'Ecluse enfaveur des Gantois; un grand
nombre de bourgeois y avaient con?u ledessein de surprendre dans le port
la flotte que le duc de Bourgogneavait assemblée pour envahir
l'Angleterre, et de rétablir lescommunications des assiégés de Damme
avec la mer. Ils espéraient quece succès h?terait l'arrivée des
vaisseaux anglais dans le Zwyn: s'ilsne paraissaient point ou s'ils
paraissaient trop tard, le désespoirleur suggérait un dernier effort
pour que la Flandre rest?t libre etfière jusqu'à sa dernière heure: ils
avaient, dit-on, unanimementrésolu, dans cette prévision extrême, de
rompre les digues qui laprotégeaient et de la livrer à l'Océan pour
l'arracher à ses ennemis.Tant d'audace et de courage rendait cette
conspiration redoutable,mais des espions de Philippe le Hardi la
découvrirent: tous ceux qui yavaient pris part furent mis à mort.
Peut-être ce complot des habitants de l'Ecluse s'étendait-il jusquedans
le camp de Charles VI. Le duc de Bourgogne, qui avait convoquésous ses
bannières la commune de Bruges, conduite par Gilles deThemseke, et les
milices de plusieurs autres villes de Flandre, nes'était assuré de leur
obéissance qu'en les pla?ant au milieu du camp,sous les ordres du sire
de Saimpy, dont l'heureuse témérité avaitouvert la Flandre à
l'expédition de Roosebeke.Ackerman vit bient?t s'évanouir avec ses
espérances toutes lesressources de sa défense; il avait vainement placé
sa confiance dansla position presque inaccessible de la ville de Damme,
entourée decanaux, de fossés et de marais; les chaleurs d'un été br?lant
avaientdesséché tous les étangs et tous les ruisseaux. Les assiégés
étaientaccablés de fatigues et de privations; et au moment même où
leurspuits tarissaient, les Fran?ais avaient brisé le conduit
souterrainqui portait dans leurs remparts les eaux des viviers de Male;
lesmunitions de leur artillerie étaient également épuisées. Le 22
ao?t,Ackerman convoqua ses compagnons d'armes. Il s'était opposé
pendantvingt jours, avec quinze cents hommes, à l'invasion de cent
milleFran?ais, et n'ignorait point que sa résistance, en rendant
impossiblel'exécution immédiate de tout projet contre l'Angleterre,
avait suffipour sauver d'un péril imminent la monarchie de Richard III
quil'abandonnait. Il ne lui restait plus qu'à tenter un dernier
effortpour assurer le salut des siens. Toutes les mesures propres à protégerleur retraite furent secrètement
adoptées, et lorsque la nuit futarrivée, Fran?ois Ackerman et Jacques de
Schotelaere, réunissant leursamis, sortirent en silence de la ville en
se dirigeant vers Moerkerke;ils se trouvaient au milieu des Fran?ais
sans que ceux-ci eussent eul'éveil de cette tentative et pussent
chercher à les arrêter.Ackerman, ramenant à Gand sa petite armée, y fut
re?u par de longuesacclamations.Les députés des bourgeois de Damme
s'étaient présentés, humbles etsuppliants, au ch?teau de Male
qu'occupait Charles VI pour se mettre àsa merci; avant qu'ils eussent
obtenu une réponse, les Fran?aisavaient escaladé la ville et y avaient
mis le feu; à peine les noblesdames, dont les Gantois avaient honoré
l'infortune, furent-ellesrespectées des sergents recrutés dans leurs
propres domaines.L'incendie éclaira de féroces scènes de massacre. Les
Bretons savaientbien qu'on avait décidé la destruction de la Flandre: ce
qu'ilsfaisaient, les princes l'approuvaient. Quelques Gantois avaient
étéfaits prisonniers: on les conduisit à Bruges où la plupart
furentdécapités devant le Steen.Si le duc de Bourgogne se voyait réduit à
renoncer à ses projetscontre l'Angleterre, il était bien résolu à
continuer sa guerred'extermination contre la Flandre.
On avait raconté à Charles VI, ditun historien du quinzième siècle,
?que sur les marches de Zélandeavoit un pays assez fort, où il y avoit
beaux p?turages, et largementvivres et gens.? C'était le pays des
Quatre-Métiers, fertile contréeque les ravages de la guerre avaient
jusqu'alors à peu près épargnée.Charles VI ordonna qu'on l'envah?t sans
délai (26 ao?t 1385). Leshabitants se défendirent vaillamment, mais rien
n'était prêt pour unerésistance dont ils n'avaient point prévu la
nécessité. On lespoursuivit avec une atroce persévérance. Les ch?teaux,
les villages,les hameaux, les chaumières, tout fut détruit; les moissons
furentincendiées, et comme les femmes et les enfants se réfugiaient
dans lesbois, on résolut aussi de les br?ler, afin qu'il n'y e?t
personne quiéchapp?t à la sentence du glaive. Chaque jour multipliait le
nombredes victimes; mais leur mort même était une dernière
protestationcontre l'autorité des vainqueurs.
阅读(133) | 评论(0) | 转发(0) |