Il ne restait plus à l'émir qu'à employer les lumières qu'ilavait d?
acquérir, à perfectionner l'administration intérieure et àaugmenter le
bien-être de sa nation; mais au lieu de l'art sérieux etutile de
gouverner, il se livra tout entier aux arts frivoles etdispendieux dont
il avait pris la passion en Italie. Il b?tit de toutesparts des maisons
de plaisance; il construisit des bains et des jardins.Il osa même, sans
égard pour les préjugés du pays, les orner depeintures et de sculptures
qu'a proscrites le Q?ran. Les effets decette conduite ne tardèrent pas à
se manifester. Les Druzes, dont letribut continuait comme en pleine
guerre, s'indisposèrent. La faction_Yam?ni_ se réveilla; l'on murmura
contre les dépenses du prince: lefaste qu'il étalait ralluma la jalousie
des pachas. Ils voulurentaugmenter les contributions: ils
recommencèrent les hostilités.
_Fakr-el-d?n_ les repoussa: ils prirent occasion de sa résistance
pourle rendre odieux et suspect au sultan même. Le violent Amurat
IVs'offensa qu'un de ses sujets os?t entrer en comparaison avec lui, et
ilrésolut de le perdre. En conséquence, le pacha de Damas re?ut ordre
demarcher avec toutes ses forces contre Ba?rout, résidence ordinaire
de_Fakr-el-d?n_. D'autre part, quarante galères durent investir
cetteville par mer, pour lui interdire tout secours. L'émir, qui
comptait sursa fortune et sur un secours d'Italie, résolut d'abord de
faire tête àcet orage. Son fils Ali, qui commandait à _Safad_, fut
chargé d'arrêterl'armée turke; et en effet, il osa lutter contre elle,
malgré une grandedisproportion de forces; mais après deux combats où il
eut l'avantage,ayant été tué dans une troisième attaque, les affaires
changèrent tout àcoup de face, et tournèrent à la décadence.
_Fakr-el-d?n_, effrayé de laperte de ses troupes, affligé de la mort de
son fils, amolli même parl'?ge et par une vie voluptueuse, _Fakr-el-d?n_
perdit le conseil et lecourage. Il ne vit plus de ressource que dans la paix; il envoya sonsecond fils
la solliciter à bord de l'amiral turk, essayant de leséduire par des
présents; mais l'amiral retenant les présents etl'envoyé, déclara qu'il
voulait la personne même du prince._Fakr-el-d?n_ épouvanté prit la
fuite; les Turks, ma?tres de lacampagne, le poursuivirent; il se réfugia
sur le lieu escarpé de _Niha_;ils l'y assiégèrent. Après un an, voyant
leurs efforts inutiles, ils lelaissèrent libre; mais peu de temps après,
les compagnons de sonadversité, las de leurs disgr?ces, le trahirent et
le livrèrent auxTurks. _Fakr-el-d?n_, dans les mains de ses ennemis,
con?ut un espoir depardon, et se laissa conduire à Constantinople.
Amurat, flatté de voir àses pieds un prince aussi célèbre, eut d'abord
pour lui cettebienveillance que donne l'orgueil de la supériorité; mais
bient?t revenuau sentiment plus durable de la jalousie, il se rendit aux
instigationsde ses courtisans; et dans un accès de son humeur violente,
il le fitétrangler vers 1632.Après la mort de _Fakr-el-d?n_, la
postérité de ce prince ne continuapas moins de posséder le commandement,
sous le bon plaisir et lasuzeraineté des Turks: cette famille étant
venue à manquer de lignéem?le au commencement de ce siècle, l'autorité
fut déférée, parl'élection des _chaiks_, à la maison de _Chebak_, qui
gouverne encoreaujourd'hui. Le seul émir de cette maison qui mérite
quelque souvenir,est l'émir _Melhem_, qui a régné depuis 1740 jusqu'en
1759.
Dans cetintervalle, il est parvenu à réparer les pertes que les Druzes
avaientessuyées à l'intérieur, et à leur rendre à l'extérieur la
considérationdont ils étaient déchus depuis le revers de _Fakr-el-d?n_.
Sur la fin desa vie, c'est-à-dire vers 1745, _Melhem_ se dégo?ta des
soucis dugouvernement, et il abdiqua pour vivre dans une retraite
religieuse, àla manière des _Oqq?ls_. Mais les troubles qui survinrent
le rappelèrentaux affaires jusqu'en 1759, qu'il mourut généralement
regretté. Illaissa 3 fils en bas ?ge: l'a?né, nommé _Yousef_, devait,
selon la_coutume_, lui succéder; mais comme il n'avait encore que onze
ans, lecommandement fut dévolu à son oncle _Mansour_, par une
disposition assezgénérale du droit public de l'Asie, qui veut que les
peuples soientgouvernés par un homme en ?ge de raison. Le jeune prince
était peupropre à soutenir ses prétentions; mais un Maronite
nommé_Sad-el-Kouri_, à qui Melhem avait confié son éducation, se chargea
dece soin. Aspirant à voir son pupille un prince puissant, pour être
unpuissant visir, il travailla de tout son pouvoir à élever sa
fortune.D'abord il se retira avec lui à _Djebail_, au Kesraou?n, où
l'émir_Yousef_ possédait de grands domaines; et là il prit à t?che
des'affectionner les Maronites, en saisissant toutes les occasions
deservir les particuliers et la nation.
阅读(100) | 评论(0) | 转发(0) |