, Mais vous Dame ! répondit Henri, si vous restez, je n'ai aucun motif pour m'en
aller, moi. Je ne partais que pour vous suivre, par dévouement, pour ne pas
quitter un frère que j'aime. Ainsi, dit d'Alen?on, c'en est fait de tous nos
plans ; vous vous abandonnez sans lutte au premier entra?nement de la mauvaise
fortune Moi, dit Henri, je ne regarde pas comme une mauvaise fortune de demeurer
ici ; gr?ce à mon caractère insoucieux, je me trouve bien partout. Eh bien, soit
! dit d'Alen?on, n'en parlons plus ; seulement, si vous prenez quelque
résolution nouvelle, faites-la-moi savoir. Corbleu ! je n'y manquerai pas,
croyez-le bien, répondit Henri. N'est-il pas convenu que nous n'avons pas de
secrets l'un pour l'autre D'Alen?on n'insista pas davantage et se retira tout
pensif, car, à un certain XVII-Deux têtes pour une couronne 160 Page 165 La
Reine Margot - Tome II moment, il avait cru voir trembler la tapisserie du
cabinet de toilette. En effet, à peine d'Alen?on était-il sorti, que cette
tapisserie se souleva et que Marguerite reparut. Que pensez-vous de cette visite demanda Henri. Qu'il y a quelque chose
de nouveau et d'important. Et que croyez-vous qu'il y ait Je n'en sais rien
encore, mais je le saurai. En attendant En attendant ne manquez pas de venir
chez moi demain soir. Je n'aurai garde d'y manquer, madame ! dit Henri en
baisant galamment la main de sa femme. Et avec les mêmes précautions qu'elle en
était sortie, Marguerite rentra chez elle. XVII-Deux têtes pour une couronne 161
Page 166 XVIII-Le livre de vénerie Trente-six heures s'étaient écoulées depuis
les événements que nous venons de raconter. ,
Le jour commen?ait à para?tre, mais tout était déjà éveillé au Louvre, comme
c'était l'habitude les jours de chasse, lorsque le duc d'Alen?on se rendit chez
la reine mère, selon l'invitation qu'il en avait re?ue. La reine mère n'était
point dans sa chambre à coucher, mais elle avait ordonné qu'on le f?t attendre
s'il venait. Au bout de quelques instants elle sortit d'un cabinet secret où
personne n'entrait qu'elle, et où elle se retirait pour faire ses opérations
chimiques. Soit par la porte entrouverte, soit attachée à ses vêtements, entra
en même temps que la reine mère l'odeur pénétrante d'un ?cre parfum, et, par
l'ouverture de la porte, d'Alen?on remarqua une vapeur épaisse, comme celle d'un
aromate br?lé, qui flottait en blanc nuage dans ce laboratoire que quittait la
reine. Le duc ne put réprimer un regard de curiosité. Oui, dit Catherine de
Médicis, oui, j'ai br?lé quelques vieux parchemins, et ces parchemins exhalaient
une si puante odeur, que j'ai jeté du genièvre sur le brasier : de là cette
odeur. D'Alen?on s'inclina.