Or, je le demande à tous ces messieurs pouvais-je laisser mon h?te entre les
mains de ces affreux bandits, comme vous les appelez , D'ailleurs, vous le
savez, j'avais, en vous sauvant, une arrière-pensée qui était de me servir de
vous pour m'introduire dans les salons de Paris quand je viendrais visiter la
France. Quelque temps vous avez pu considérer cette résolution comme un projet
vague et fugitif ; mais aujourd'hui, vous le voyez, c'est une bonne et belle
réalité, à laquelle il faut vous soumettre sous peine de manquer à votre
parole.XL. Le déjeuner. 156Page 160Le Comte de Monte-Cristo, Tome II-Et je la
tiendrai, dit Morcerf ; mais je crains bien que vous ne soyez fort désenchanté,
mon cher comte, vous, habitué aux sites accidentés, aux événements pittoresques,
aux fantastiques horizons. Chez nous, pas le moindre épisode du genre de ceux
auxquels votre vie aventureuse vous a habitué. Notre Chimborazzo, c'est
Montmartre ; notre Himalaya, c'est le mont Valérien ; notre Grand-Désert, c'est
la plaine de Grenelle, encore y perce-t-on un puits artésien pour que les
caravanes y trouvent de l'eau. Nous avons des voleurs, beaucoup même, quoique nous n'en ayons pas autant qu'on
le dit, mais ces voleurs redoutent infiniment davantage le plus petit mouchard
que le plus grand seigneur ; enfin, la France est un pays si prosa?que, et Paris
une ville si fort civilisée, que vous ne trouverez pas, en c h e r c h a n t d a
n s n o s q u a t r e - v i n g t - c i n q d é p a r t e m e n t s , j e d i s
quatre-vingt-cinq départements, car, bien entendu, j'excepte la Corse de la
France, que vous ne trouverez pas dans nos quatre-vingt-cinq départements la
moindre montagne sur laquelle il n'y ait un télégraphe, et la moindre grotte un
peu noire dans laquelle un commissaire de police n'ait fait poser un bec de gaz.
Il n'y a donc qu'un seul service que je puisse vous rendre, mon cher comte, et
pour celui-là je me mets à votre disposition : vous présenter partout, ou vous
faire présenter par mes amis, cela va sans dire. D'ailleurs, vous n'avez besoin
de personne pour cela ; avec votre nom, votre fortune et votre esprit
(Monte-Cristo s'inclina avec un sourire légèrement ironique), on se présente
partout soi-même, et l'on est bien re?u partout. Je ne peux donc en réalité vous
être bon qu'à une chose. Si quelque habitude de la vie parisienne quelque
expérience du confortable, quelque connaissance de nos bazars peuvent me
recommander à vous, je me mets à votre disposition pour vous trouver une maison
convenable. Je n'ose vous proposer de partager mon logement comme j'ai partagé
le v?tre à Rome, moi qui ne professe pas l'égo?sme, mais qui suis égo?ste par
excellence ; car chez moi excepté moi, il ne tiendrait pas une ombre, à moins
que cette ombre ne f?t celle d'une femme. -Ah ! fit le comte, voici une réserve
toute conjugale. , Vous m'avez en effet, monsieur, dit à Rome quelques
mots d'un mariage ébauché ; dois-je vous féliciter sur votre prochain bonheur ,
-La chose est toujours à l'état de projet, monsieur le comte. -Et qui dit
projet, reprit Debray, veut dire éventualité.XL. Le déjeuner.157Page 161Le Comte
de Monte-Cristo, Tome II-Non pas ! dit Morcerf ; mon père y tient, et j'espère
bien, avant peu, vous présenter, sinon ma femme, du moins ma future :
mademoiselle Eugénie Danglars. -Eugénie Danglars ! reprit Monte-Cristo ;
attendez donc : son père n'est-il pas M. le baron Danglars , -Oui, répondit
Morcerf ; mais baron de nouvelle création.
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