, Ce rocher br?lé par le feu, cette lave durcie par l'air, ces scories
sillonnées par l'eau des tempêtes, estce donc une patrie . Qu'on y naisse, cela
est concevable, on na?t où l'on peut . mais qu'ayant la faculté de se mouvoir,
le libre arbitre qui fait qu'on peut chercher le mieux, une barque pour vous
porter partout ailleurs, et qu'on reste là, c'est ce qui est impossible à
comprendre, c'est ce que ces malheureux euxmêmes, j'en suis s?r, ne sauraient
expliquer. Une partie de la journée nous cour?mes des bordées, nous avions
toujours le vent contraire . nous passions successivement en revue les Salines,
Lipari et Vulcano . apercevant à chaque passage, entre les Salines et Lipari,
Stromboli secouant à l'horizon son panache de flammes. Puis, chaque fois que
nous revenions vers Vulcano, tout enveloppée d'une vapeur chaude et humide, nous
voyions plus distinctement ses trois cratères inclinés vers l'occident, et dont
l'un d'eux a laissé couler une mer de lave, dont la couleur sombre contraste
avec la terre rouge?tre et avec les bancs sulfureux qui l'entourent. Ce sont deux ?les réunies en une seule par une irruption qui a
comblé l'intervalle . seulement, l'une était connue de toute éternité, et
c'était Vulcano . tandis que l'autre ne date que de l'an 550 de Rome,
L'irruption qui les joignit eut lieu vers la moitié du seizième siècle . elle
forma deux ports, le port du levant et le port du couchant. Enfin, après huit
heures d'efforts inutiles, nous parv?nmes à nous glisser entre Lipari et
Vulcano, et, une fois abrités par cette dernière ?le nous gagn?mes à la rame le
port de Lipari, où nous jet?mes l'ancre vers les deux heures. CHAPITRE III
EXCURSION AUX ILES ?OL.. , .
43 Page 47 Le Capitaine Arena, Volume 1 Lipari, avec son ch?teaufort b?ti sur un
rocher et ses maisons suivant les sinuosités du terrain, présente un aspect des
plus pittoresques. Nous e?mes, au reste, tout le temps d'admirer sa situation,
attendu les difficultés sans nombre qu'on nous fit pour nous laisser entrer. Les
autorités, à qui nous avions eu l'imprudence d'avouer que nous ne venions pas
pour le commerce de la pierreponce, le seul commerce de l'?le, et qui ne
comprenaient pas qu'on p?t venir a Lipari pour autre chose, ne voulaient pas, à
toute force, nous laisser entrer. Enfin, lorsqu'à travers une grille nous e?mes
passé nos passeports que, de peur du choléra, on nous prit des mains avec des
pincettes gigantesques, et qu'on se fut bien assuré que nous venions de Palerme,
et non point d'Alexandrie ou de Tunis, on nous ouvrit une grille, et l'on
consentit à nous laisser passer. Il y avait loin de cette hospitalité à celle du
roi ?ole, On se rappelle que Lipari n'est autre que l'antique ?olie, où vint
aborder Ulysse après avoir échappé à Polyphème, Voici ce qu'en dit Homère .
?Nous parvenons heureusement à l'?le d'?olie, ?le accessible et connue, où règne
?ole, l'ami des dieux.