Fouquet se pla?a devant ce tableau, qui vivait, pour ainsi dire, dans sa chair
fra?che et dans sa moite chaleur. Il regarda la figure, calcula le travail,
admira, et, ne trouvant pas de récompense qui f?t digne de ce travail d'Hercule,
il passa ses bras au cou du peintre et l'embrassa. M. le surintendant venait de
g?ter un habit de mille pistoles, mais il avait reposé Chapitre CCXVII Le
ch?teau de Vaux-... 171 Page 177 Le Vicomte de Bragelonne, Tome IV. , Le Brun. Ce fut un beau moment pour l'artiste, ce fut un douloureux
moment pour M. Percerin, qui, lui aussi, marchait derrière Fouquet, et admirait
dans la peinture de Le Brun l'habit qu'il avait fait pour Sa Majesté, objet
d'art, disait-il, qui n'avait son pareil que dans la garde-robe de M. le
surintendant. Sa douleur et ses cris furent interrompus par le signal qui fut
donné du sommet de la maison. Par-delà Melun, dans la plaine déjà nue, les
sentinelles de Vaux avaient aper?u le cortège du roi et des reines : Sa Majesté
entrait dans Melun avec sa longue file de carrosses et de cavaliers. Dans une
heure, dit Aramis à Fouquet. Dans une heure ! répliqua celui-ci en soupirant. Et ce peuple qui se demande à
quoi servent les fêtes royales ! continua l'évêque de Vannes en riant de son
faux rire. Hélas ! moi, qui ne suis pas peuple, je me le demande aussi. Je vous
répondrai dans vingt-quatre heures, monseigneur. Prenez votre bon visage, car
c'est jour de joie. Eh bien ! croyez-moi, si vous voulez, d'Herblay, dit le
surintendant avec expansion, en désignant du doigt le cortège de Louis à
l'horizon, il ne m'aime guère, je ne l'aime pas beaucoup, mais je ne sais
comment il se fait que, depuis qu'il approche de ma maison Eh bien ! quoi , Eh
bien ! depuis qu'il se rapproche, il m'est plus sacré, il m'est le roi, il m'est
presque cher. Cher , oui, fit Aramis en jouant sur le mot, comme, plus tard,
l'abbé Terray avec Louis XV.