La porte tirée, Catherine se trouva enfermée avec le jeune homme dans ce
corridor obscur. Tous deux firent une vingtaine de pas, Catherine marchant
devant, Orthon suivant Catherine. Tout à coup Catherine se retourna, et Orthon
retrouva sur son visage la même expression sombre qu'il y avait vue dix minutes
auparavant. Ses yeux, ronds comme ceux d'une chatte ou d'une panthère,
semblaient jeter du feu dans l'obscurité. Arrête ! dit-elle. Orthon sentit un
frisson courir dans ses épaules : un froid mortel, pareil à un manteau de glace,
tombait de cette vo?te ; le parquet semblait morne, comme le couvercle d'une
tombe ; le regard de Catherine était aigu, si cela peut se dire, et pénétrait
dans la poitrine du jeune homme. Il se recula en se rangeant tout tremblant
contre la muraille. , Où
est le billet que tu étais chargé de remettre au roi de Navarre Le billet
balbutia Orthon. Oui, ou de déposer en son absence derrière le miroir Moi,
madame dit Orthon. Je ne sais ce que vous voulez dire. Le billet que de Mouy t'a
remis, il y a une heure, derrière le jardin de l'Arbalète. Je n'ai point de
billet, dit Orthon ; Votre Majesté se trompe bien certainement. Tu mens, dit
Catherine. Donne le billet, et je tiens la promesse que je t'ai faite. Laquelle, madame Je t'enrichis. Je n'ai point de billet, madame, reprit
l'enfant. Catherine commen?a un grincement de dents qui s'acheva par un sourire.
Veux-tu me le donner, dit-elle, et tu auras mille écus d'or Je n'ai pas de
billet, madame. Deux mille écus. Impossible. Puisque je n'en ai pas, je ne puis
vous le donner.