La San-Felice, Tome I Naples. Et, cette fois, Barras, qui lui portait un intérêt
tout particulier, lui avait dit, en lui remettant ses instructions : -Si
laguerre éclate de nouveau, tu seras le premier des généraux républicains chargé
de détr?ner un roi. -Les intentions du Directoire seront remplies,
réponditChampionnet avec une simplicité digne d'un Spartiate. Et, chose étrange,
la promesse devait se réaliser. Championnet partit pour l'Italie avec Salvato
;il parlait déjà l'italien avec facilité, la pratique seule de la langue lui
manquait ; mais, à partir de ce moment, il ne parla plus qu'italien avecSalvato,
et même, dans la prévoyance de ce qui pouvait arriver, il s'exer?a avec lui au
patois napolitain, qu'en s'amusant Salvato avait appris de sonpère. A Milan, où
le général s'arrêta à peine quelques jours, Salvato fit connaissance avec le
comte de Ruvo et le présenta au général Championnet commeun des plus nobles
seigneurs et des plus ardents patriotes de Naples. Il lui raconta comment Hector
Caraffa, dénoncé par les espions de la reine Caroline,persécuté et emprisonné
par la junte d'?tat, s'était évadé du ch?teau Saint-Elme, et demanda pour lui la
faveur de suivre l'état-major sans y être attachépar aucun grade. , Tous deux l'accompagnèrent à Rome. Le programme donné au général
Championnet était celui-ci : ?Repousser par les armes toute agressionhostile
contre l'indépendance de la république romaine, et porter la guerre sur le
territoire napolitain si le roi de Naples exécutait les projetsd'invasion qu'il
avait si souvent annoncés.? Une fois à Rome, le comte de Ruvo, comme nous
l'avons raconté plus haut, n'avait pu résister au désir deprendre une part
active au mouvement révolutionnaire qui était, disait-on, sur le point d'éclater
à Naples ; il était entré dans cette ville sous undéguisement, et, par
l'intermédiaire de Salvato, avait mis les patriotes italiens en communication
avec les républicains fran?ais, pressant le général deleur envoyer Salvato, dans
lequel Championnet avait la plus grande confiance, et qui ne pouvait manquer
d'inspirer une confiance pareille à sescompatriotes. Le but de cette mission
était de faire voir au jeune homme, par ses propres yeux, le point où en étaient
les choses, afin qu'il p?t, deretour près du général, lui XI - LE G?N?RAL
CHAMPIONNET.. 107 Page 111.La San-Felice, Tome I rendre compte des moyens que
les patriotes avaient à leurdisposition.
sac longchamp pliage
cuir Nous avons vu à travers quels dangers Salvato était arrivé au
rendez-vous, et comment, les conjurés n'ayant point de secrets pour lui, ilavait
voulu, de son c?té, pour qu'ils pussent mesurer son patriotisme à la position
que les événements lui avaient faite, n'avoir point de secrets poureux. Mais,
par malheur, les moyens d'action de Championnet, dans le commandement qu'il
venait de recevoir et qui avaient pour but la protection de larépublique
romaine, étaient loin de répondre à ses besoins. Il arrivait dans la ville
éternelle un an après que le meurtre du général Duphot, sinonprovoqué, du moins
toléré et laissé impuni par le pape Pie VI, avait amené l'envahissement de Rome
et la proclamation de la république romaine. C'étaitBerthier qui avait eu
l'honneur d'annoncer au monde cette résurrection. Il avait fait son entrée à
Rome et était monté au Capitole comme un triomphateurantique, foulant cette même
voie Sacrée qu'avaient foulée, dix-sept siècles auparavant, les triomphateurs de
l'univers. Arrivé au Capitole, il avait faitdeux fois le tour de la place où
s'élève la statue de Marc-Aurèle, aux cris frénétiques de ?Vive la liberté !
vive la république romaine ! vive Bonaparte! vive l'invincible armée fran?aise
!? Puis, ayant réclamé le silence, qui lui fut accordé à l'instant même, le
héraut de la liberté avait prononcé lediscours suivant : -M?nes de Caton, de
Pompée, de Brutus, de Cicéron, d'Hortensius, recevez les hommages des hommes
libres, dans ce Capitole où vous aveztant de fois défendu les droits du peuple
et illustré par votre éloquence ou vos actions la république romaine. Les
enfants des Gaulois, l'olivier à lamain, viennent dans ce lieu auguste rétablir
les autels de la liberté dressés par le premier des Brutus.