L'autre fois
il avait mis cinq minutes à peine pour aller de la porte SaintMartin à
la rue Montmartre; cette fois il mit plus d'une heure. et plus d'une
heure encore pour aller de la rue Montmartre à son h?tel. car, dans
l'espèce d'abattement où il était tombé, peu lui importait de rentrer
t?t ou tard, peu lui importait même de ne pas rentrer du tout. On dit
qu'il y a un Dieu pour les ivrognes et les amoureux. ce Dieulà, sans
doute. veillait sur Hoffmann. Il lui fit éviter les patrouilles.
il lui fit trouver les quais. puis les ponts. puis son h?tel, où il
rentra, au grand scandale de son h?tesse. à une heure et demie du matin.
Cependant, au milieu de tout cela, une petite lueur dorée dansait au
fond de l'imagination d'Hoffmann, comme un feu follet dans la nuit. Le
médecin lui avait dit, si toutefois ce médecin existait, si ce n'était
pas son imagination, une hallucination de son esprit. le médecin lui
avait dit qu'Arsène avait été enlevée au thé?tre par son amant, attendu
que cet amant avait été jaloux d'un jeune homme placé à l'orchestre. avec lequel Arsène avait échangé de trop tendres regards. Ce médecin
avait ajouté, en outre. que ce qui avait porté la jalousie du tyran à
son comble. c'est que ce même jeune homme avait été vu embusqué en face
de la porte de sortie des artistes. c'est que ce même jeune homme avait
couru en désespéré derrière la voiture. or, ce jeune homme qui avait
échangé de l'orchestre des regards passionnés avec Arsène. c'était lui,
Hoffmann.
or, ce jeune homme qui s'était embusqué à la porte de sortie des
artistes. c'était toujours lui, Hoffmann. Donc Arsène l'avait remarqué,
puisqu'elle payait la peine de sa distraction. donc Arsène souffrait
pour lui. il était entré dans la vie de la belle danseuse par la porte
de la douleur, mais il y était entré, c'était le principal; à lui de s'y
maintenir. Mais comment par quel moyen par quelle voie correspondre
avec Arsène. lui donner de ses nouvelles.
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