On s’attendrait en effet à ce que, si près de la première guerre
mondiale, les opérations de recensement aient été effectuées partout
dans le strict respect des instructions militaires. Or on s’aper?oit que
la répartition observée s’éloigne, parfois de fa?on grotesque, de la
loi normale. En outre, le taux d’absentéisme relevé lors de ces
opérations signale que la loi de la République, en dépit de son
ancienneté (1872) était loin d’être partout uniformément respectée. De
ce point de vue, les historiens ont sans doute eu tendance à exagérer
l’efficacité des institutions républicaines et à penser que parmi
celles-ci, le service militaire faisait l’objet du plus large consensus.
1a Nombre de présents et d’absents et taux d’absentéisme par
département lors des opérations du recensement de la classe
1906Estimation de la taille moyenne et de la taille médiane et écart
entre moyenne et médiane par département pour les conscrits mesurés en
1907 (classe 1906)Tab. 1b?-?Estimation de la taille moyenne et de la
taille médiane et écart entre moyenne et médiane par département pour
les conscrits mesurés en 1907 (classe 1906)Estimation de la taille
moyenne et de la taille médiane et écart entre moyenne et médiane par
département pour les conscrits mesurés en 1907 (classe 1906)Estimation
de la taille moyenne et de la taille médiane et écart entre moyenne et
médiane par département pour les conscrits mesurés en 1907 (classe
1906)Bibliographie BIBLIOGRAPHIE ARON Jean-Paul,"Si les pièces
généalogiques ou les actes de la pratique lui ont été d’un grand secours
pour reconstituer les fondements de la puissance patrimoniale et
féodale de ce Grand, jouissant d’une large autonomie dans ses domaines
et des prérogatives très étendues que lui conféraient ses charges de
gouverneur (de Piémont ou de Champagne), Ariane Boltanski s’est aussi
concentrée sur la correspondance et la production littéraire du duc, qui
se distingue de ses semblables comme un homme cultivé, frotté
d’humanisme, protecteur d’intellectuels de haut vol comme Blaise de
Vigenère, et ayant rédigé ou endossé la paternité de nombreux textes
adressés au roi et à son entourage, et traitant des problèmes les plus
épineux de l’époque. Car si Nevers ne s’est pas révolté, cela ne l’a pas
empêché de prendre fermement position dans les grandes controverses
politiques et religieuses de son temps, d’essayer de jouer le r?le de
conseiller éclairé du monarque, quitte à risquer son mécontentement, à
s’aliéner certains de ses contemporains ou à se mettre en porte-à-faux
de l’opinion dominante.
3 Du croisement critique de ces sources si diverses et si
complémentaires, la part de propagande n’en étant pas absente, se dégage
l’image, à la fois subtilement et clairement dessinée, d’un grand noble
qui ne concevait pas ses rapports avec le roi en termes d’antagonisme
ou d’affrontement mais plut?t d’échanges, de compromis, d’arrangements
mutuellement profitables, bref de partage du pouvoir. En fait, c’est
tout un système politique, patiemment élaboré et soigneusement préservé
au prix d’ajustements successifs, associant droits héréditaires et
concessions royales, reposant sur l’imbrication de fidélités et de
clientèles utiles aussi bien au duc qu’au souverain, que décrit avec
précision Ariane Boltanski, contribuant, par conséquent, à invalider un
peu plus les préjugés tenaces qui s’attachent à l’analyse des rapports
que la monarchie entretenait avec ses sujets, qu’ils soient nobles ou
bourgeois, et qui tenaient bien davantage du dialogue, de la
négociation, de la réciprocité, voire de l’interdépendance, que de la
domination arbitraire et unilatérale.4 La contribution que l’auteur
souhaitait apporter à une meilleure compréhension de la genèse de l’état
moderne est assurément substantielle et précieuse, permettant notamment
de sortir des poncifs dépréciatifs et idéologiquement datés que
véhicule le concept de féodalisme, pas forcément synonyme de
morcellement et de désordre, nullement incompatible avec l’affirmation
d’un état fort et national. Toutefois, mais cela n’engage que l’auteur
de ce compte-rendu, l’un des apports les plus intéressants de cette
thèse, qui remplit en l’occurrence tous les critères de l’exercice par
la rigueur et la pertinence de sa démonstration, réside certainement
dans l’analyse, menée dans la troisième partie, des orientations
politico-religieuses du duc. Ariane Boltanski démontre à cette occasion,
que si le souci de sauvegarder ses acquis, de conserver prestige,
pouvoir et gratifications, conditionnait en partie le comportement du
duc et de son épouse, leur implication dans le conflit confessionnel
relevait aussi et surtout d’une vision du monde parfaitement cohérente
et caractérisée par la primauté du religieux, d’une conception très
élevée du service de Dieu et du roi, d’un idéal unitaire, celui d’ ?une
corporation entre un roi chrétien et la communauté chrétienne de ses
sujets? (p. 341), auquel, au demeurant, adhéraient un grand nombre de
leurs contemporains. De fait, l’objectif prioritaire et ultime du duc de
Nevers, qu’il a poursuivi dans ses discours, ses actions politiques et
militaires, ses missions diplomatiques, ses initiatives en matière
religieuse, a toujours été que le royaume demeure uni dans une même foi
et soumis à un monarque lui-même capable de remplir ses obligations
envers la religion établie et l’église. C’est pourquoi le duc de Nevers s’est dévoué tout entier à la
réalisation d’un grand projet consistant à purifier le royaume de
l’hérésie, tout en le réformant en profondeur, afin de le rendre plus
conforme à la volonté de Dieu. Concrètement, cela s’est traduit par une
participation active du duc à la deuxième guerre de religion et à
l’élimination des huguenots de guerre, par une opposition acharnée à
toute forme de tolérance en faveur des protestants et l’appel à la
croisade contre eux. Parallèlement, le duc et sa femme ont été à
l’origine d’importantes fondations religieuses, au profit de certains
ordres nouveaux tels que les jésuites ou les minimes, et de mesures en
vue de l’application en France, sur leurs terres tout du moins, des
décrets tridentins. Par ses avis fréquents et solidement argumentés, sa
présence dévouée auprès de l’héritier du tr?ne, le duc avait espéré le
convaincre du bien-fondé de ses idées, et l’inciter à agir dans le sens
qu’il préconisait. Néanmoins, des impératifs plus prégnants ont conduit
Henri III, une fois roi, à prendre ses distances avec un mentor que son
inflexibilité rendait quelque peu encombrant. L’échec de sa stratégie
aurait pu faire du duc de Nevers une recrue de choix pour la Sainte
Union mais s’il fraye brièvement avec elle, il ne tarde pas à se
détourner d’un mouvement que condamnent à ses yeux son caractère
subversif et les atteintes qu’il porte à son autorité dans les provinces
qu’il est censé contr?ler, comme la Champagne. L’équivoque est donc
rapidement levée et Nevers opte pour le camp du roi, même quand ses
pairs se détournent de lui, après l’assassinat des Lorrains.
ne sait comment concilier fidélité monarchique et fidélité catholique. à
terme, c’est à nouveau le parti du roi qu’il prend, à la fois parce
qu’il avait trop à perdre de s’en détourner, et parce qu’il lui semblait
que c’était encore le seul moyen de protéger l’état et la religion
qu’il servait avec constance. Nevers apporte alors une inflexion majeure
à son grand dessein, troquant la guerre sainte contre la croisade
spirituelle, destinée à pousser le roi à la conversion et à rassembler
les catholiques sous son égide, conditions sine qua non du
rétablissement de l’ordo rerum auquel il croyait. Aussi, bien que le
système politique que le duc avait édifié de concert avec le roi et les
représentations qui le sous-tendaient, aient été sévèrement mis à
l’épreuve pendant le dernier tiers du siècle, l’ensemble a tenu bon, et
si Nevers a connu force déconvenues et scrupules de conscience, sa vie
durant, il est resté fidèle à ses valeurs, ce dont il a finalement été
récompensé par le maintien de sa maison, malgré les incertitudes et les
dangers auxquels les troubles l’ont exposée.5 Telle est la trajectoire
spécifique mais éclairante du duc de Nevers, s’agissant aussi bien de la
culture nobiliaire et des modalités de construction de l’état royal,
que de la force d’un imaginaire, partagé par une majorité de
contemporains mais diversement mis en ?uvre, et marqué par le refus de
séparer politique du religieux.6 Olivia CarpiJacqueline Boucher, Société
et mentalités autour de Henri III, Paris, Honoré Champion, 2007, 1 273
p.7 Cet ouvrage volumineux est loin d’être inconnu des spécialistes du
XVIe siècle, puisqu’il s’agit de la thèse d’état de Jacqueline Boucher,
soutenue en 1977 et qui avait connu une première diffusion, relativement
confidentielle, en 1981.