Cette publication est l’occasion
de relire ce livre pionnier, l’un des premiers à s’intéresser à la
société de cour au début de l’époque moderne. Des dépouillements
considérables de sources imprimées, de correspondances et de comptes,
ont permis ce travail de grande ampleur, qui se consacre dans un premier
temps à l’organisation de la cour, aux carrières de ses membres et aux
modes de consommation propres à ce milieu, avant de décrire les
pratiques culturelles et religieuses de l’entourage royal.8 Par
ailleurs, J. Boucher s’est penchée avec empathie sur la figure d’Henri
III (1574- 1589), ce roi de France dont la réputation avait été
terriblement noircie par les ligueurs. L’un des principaux apports de sa
recherche repose certainement dans le portrait équilibré du prince
qu’elle a su brosser, révélant ses aptitudes intellectuelles et la
profondeur de sa piété. La reconstitution de la bibliothèque du
souverain, principalement à partir des reliures des ouvrages, appara?t à
ce propos comme un véritable tour de force.9 On le voit, le livre de J.
Boucher méritait tout à fait cette édition. Au texte initial,
intégralement repris, a été adjointe une courte bibliographie plus
récente, qui permet en particulier de suivre la production de l’auteur
depuis trente ans. Comme J. Boucher le note elle-même dans son
introduction, la connaissance de l’univers curial n’est pas épuisée par
cette étude. Gageons que cette belle publication suscitera de nouvelles
vocations.10 Nicolas Le RouxHugues DAUSSY et Frédérique Pitou (dir.),
Hommes de loi et politique (XVIe-XVIIIe siècles), Rennes, PUR, 2007. 11 Ce recueil de treize articles, qui reprend une série de séminaires
organisés à l’Université du Maine, éclaire la manière dont les gens de
justice, à la fois théoriciens de l’état et praticiens du droit,
participaient à la vie politique dans la France moderne. L’ouvrage est
organisé en trois parties, la première consacrée aux parlementaires, la
seconde aux officiers moyens et la dernière aux avocats. Le choix de
cette division par groupes professionnels s’explique à la fois par une
vision partagée de la société, selon laquelle les magistrats des cours
souveraines servaient de modèle à l’ensemble des juristes, et par la
différence très forte de statut entre avocats indépendants et magistrats
détenteurs d’un office vénal.12 Un des enjeux majeurs, pour les
parlementaires, est celui de l’obéissance au pouvoir monarchique, qui
est envisagé tant sur le plan individuel, à travers l’?uvre d’Innocent
Gentillet (H. Daussy), ou les Mémoires de Claude Groulart (E. Potier),
que collectif, à l’échelle du parlement de Tours au moment de la Ligue
(S. Daubresse) ou du parlement de Bordeaux sous Louis XIV (C.
Le Mao). O. Chaline offre un éclairage nouveau sur ?l’affaire de
Bretagne?, en étudiant les divisions du monde judiciaire nées à
l’occasion de rumeurs sur des assemblées secrètes de jésuites qui se
seraient tenues à Rennes en 1766-1768.13 La seconde partie opère une
véritable plongée dans l’univers politique des présidiaux, en
sollicitant des sources variées, depuis les correspondances (D. Boisson)
et les écrits du for privé (V. Meyzie), jusqu’aux harangues qui
témoignent de l’importance des gens du roi dans l’articulation entre
monde judiciaire et vie politique?: ainsi, le verbe de l’avocat du roi à
Rodez sert-il de ?relais provincial de la propagande royale? de Louis
XIV (M. Cassan).