..suite fut immédiatement dénoncé par l’éthiopie. Et c’est autant pour
échapper aux risques et contraintes de l’amont que pour obtenir une
régulation pluriannuelle de la crue du Nil que l’égypte s’est lancée
dans la construction du haut barrage. Selon Nasser, 160;avec la
construction du haut barrage, l’égypte ne sera plus jamais l’otage des
pays d’amont160;. Cette assertion, confortée à l’époque par l’énormité
du volume stocké derrière le barrage, est maintenant mise en échec sur
deux plans, à l’intérieur des frontières de l’égypte et à l’échelle du
bassin. 34 à l’intérieur des frontières égyptiennes, s’il n’est pas
question de remettre en cause l’utilité d’un ouvrage qui dès sa mise en
eau (160;1964) a évité au pays une crue catastrophique avant de lui
épargner des années de sécheresse, force est d’en mesurer les
limitesxA0;: il régularise les débits interannuels sans les augmenter
pour autant, alors que la population égyptienne a plus que doublé depuis
sa mise en eau.
Certes, les ingénieurs égyptiens font appel à la nappe d’inféroflux et
même aux eaux fossiles de la nappe de Nubie, valorisent les eaux de
colature dans les rizières et recycleront dans quelques années les eaux
usées des principales villes. Tout cela portera au mieux la dotation
nationale à quelque 63 km3, et seule la perte des terres arables
consécutive à l’expansion urbaine justifie dans une certaine mesure la
conquête de terres nouvelles dans le désert, le Sina? et la
Haute-égypte, ou un programme de dérivation des eaux du lac Nasser vers
l’ouest et ce qu’on appelle déjà la Nouvelle Vallée via le khor Toshka.
Mais on voit mal comment la dotation égyptienne même accrue pourrait
satisfaire à la demande des périmètres ainsi programmés dont le total
dépasse les 2 millions de feddans. Au cas où les projets de la Nouvelle
Vallée et du Sina? prendraient une réelle ampleur, il en résulterait une
réduction des débits dans la partie aval du delta, et cette diminution
provoquerait une ingression de langue salée et une salinisation du
sous-sol qui ruineraient tous les efforts de bonification réalisés
depuis trente ans dans cette région qui fournit l’essentiel de la
production nationale de riz. Or l’égypte poursuit ces projets
d’expansion, ce qui laisse entendre qu’elle escompte un accroissement de
sa dotation hydraulique et implique le traitement du problème à
l’échelle du bassin. 35 En théorie, et même dans les cartons des
ingénieurs, il est possible d’accro?tre les volumes disponibles jusqu’à
300 km3, alors que la capacité du lac Nasser n’est que de 162 km3. De tels volumes suffiraient à combler la soif de terre des
égyptiens, mais il faudrait pour cela rehausser les seuils des
déversoirs sur les lacs Albert et Tana (c’est chose faite sur le lac
Victoria), quitte à noyer de bonnes terres arables sur leurs rives;
créer de nouvelles retenues sur des sites déjà recensés, Nimule et
Gambela sur le Nil blanc, relèvement de l’ouvrage de Roseires sur le Nil
Bleu, une cha?ne de petits barrages sur l’Atbara, un ouvrage de grande
capacité sur la quatrième cataracte à Merowe; drainer les grands marais
qui fonctionnent comme des machines évaporatoires, Bahr el-Ghazal, Bahr
el-Djebel, Kenamuke et Machar, ce qui permettrait de récupérer 45 km3. 36 Ces projets paraissent assez illusoires. D’un point de vue
écologique, l’assèchement des marais africains provoquerait une
catastrophe écologique d’ampleur planétaire puisque ces marais
constituent les sites d’hivernage de l’avifaune européenne. Sur le plan
de la géopolitique, la guerre qui oppose le Nord-Soudan musulman au
Sud-Soudan animiste ou chrétien a interrompu le creusement du canal de
Jonglei, dont l’un des usages immédiats e?t été la création d’une voie
navigable permettant le passage de canonnières ou de convois lourds du
nord au sud. Sur le plan des hydropolitiques enfin, les accords
internationaux portant sur un aménagement global du bassin sont
inconcevables. L’éthiopie fait valoir que sa population cro?t plus vite
que celle de l’égypte, que les années de sécheresse qui se sont succédé
depuis une trentaine d’années ont provoqué des famines qui auraient pu
être évitées par la création de structures d’irrigation et que, si elle
fournit 86% des débits mesurés à Khartoum, elle n’en utilise à ce jour
que 0,3%. D’où le bien-fondé d’un projet soutenu par la Banque mondiale
et portant sur 1,5 million d’hectares irrigués à partir d’une dérivation
des eaux du lac Tana. D’autres riverains du Nil et de ses affluents
font valoir des arguments du même ordre pour justifier d’autres projets,
notamment la Tanzanie, qui programme la mise en valeur de 250000 ha sur
Le Soudan ajoute à cet imbroglio en portant de fa?on unilatérale sa
dotation de 18,5 à 20 km3... dans un premier temps. 37 Autant de casus
belli, disent les égyptiens, qui, désavantagés par leur situation en
aval du fleuve, font valoir aussi bien l’ancienneté de leurs droits que
la pénalisation inhérente à l’aridité de leur climat. La Turquie ou le
160;ma?tre du chateau160; 38 Dans l’imaginaire populaire, le Tigre et
l’Euphrate évoquent moins la Turquie, qui fournit l’essentiel de leur
débit, que la Mésopotamie, qui les utilise[24][24] Sur les problèmes
spécifiques du Tigre et de l’Euphrate,..