suite. Les éléments essentiels de ce passage de sa confession, ce sont
le fait que les attitudes de Hélène réactualisent les craintes vis-à-vis
de la relation au père et que ce processus possède un rapport actif
avec la mort. En outre, entre Hélène et ses propres figures parentales,
il y avait une terrible histoire qui impliquait l’acte de donner la
mort. En effet, lors des maladies fatales de ses parents, Hélène avait
été conduite par le médecin de famille à leur donner le coup de grace
(p. 110). Lors de sa première rencontre avec Hélène 150; laquelle
pourrait être comprise comme une forme de facteur blanc réactualisant la
forclusion du NdP 150;, il a été question pour Althusser d’un très fort
sentiment d’oblation exaltante, à cause d’un énigmatique sentiment de
douleur de vivre. à ses yeux, le visage d’Hélène portait les traces
d’une 160;longue douleur de vivre , 160;les traces d’un long et terrible
“travail du négatif” […].
Ce visage si ouvert pouvait aussi se fermer dans la pétrification
murale d’une intense douleur qui lui remontait des profondeurs. […] Elle
n’était que pierre blanche et muette, sans yeux ni regard, et son
visage s’enfermait dans une fuite sans traits (p. 149-150). également,
ce qui a avivé et précipité son désir de tomber amoureux, c’était
l’attente désespérée de la sauver de sa douleur, de sa souffrance, de
son angoisse et de sa solitude, qu’Althusser partageait en partie
d’ailleurs. Une telle oblativité amoureuse, ou plut?t un altruisme en
même temps érotique et angoissant, se retrouve dans le passage à l’acte
homicide. C’est cela que nous permet de le considérer comme un homicide
altruiste à la manière de De Clérambault[29][29] En tant que traits
principaux de l’homicide altruiste,.. .suite et non pas comme un suicide altruiste, puisque le passage à
l’acte d’Althusser répond, comme dans les meurtres familiaux, à des
angoisses altruistes, s’arrête à la destruction de l’Autre de l’amour,
ne parvenant pas jusqu’au suicide du sujet. Dans le suicide altruiste,
il s’agit d’un acte suicidaire effectif (meurtre du sujet par lui-même)
qui s’accomplit en même temps par la mise à mort de gens dépendant
affectivement du sujet160;; c’est le cas lorsque le sujet entra?ne ses
proches dans le suicide, ou lors de suicides collectifs, comme dans les
mouvances sectataires par exemple. De son c?té, l’homicide altruiste
équivaut à un suicide symbolique du sujet mais qui est accompli
seulement chez l’Autre. Le sujet suicide l’Autre. Il s’agit en général
d’un Autre que le sujet aime d’un amour profondément anxieux aspirant à
la fusion et au salut, comme dans le meurtres familiaux. De tels actes
sont liés à une puissante identification au sauveur chez certains
maniaques.
Et, si au fond de ces actes, il y a évidemment l’idée de suicide, c’est
par ce même fonds anxieux et maniaque que suicide altruiste et homicide
altruiste se retrouvent assez souvent accomplis dans un seul passage à
l’acte.19 Il est par ailleurs intéressant de noter que le premier
déclenchement véritable, au moins le premier qui eut fait émerger une
angoisse aussi terrifiante, intense et insupportable, ou le premier qui
eut nécessité une hospitalisation d’urgence, ait été provoqué, à l’age
de trente ans, dans le contexte de sa première relation sexuelle avec
l’affreuse Hélène et aussi d’ailleurs première relation sexuelle de sa
vie. Malheureusement, pour compliquer encore plus la situation et l’état
psychique d’Althusser, c’est à partir de ce premier contact sexuel
qu’il s’est vu immédiatement confronté avec la possibilité de devenir Un
père. En outre, devant la profonde dégradation de sa santé mentale
après la relation sexuelle et l’avortement, confronté également à la
menace, de plus en plus insistante, d’une perte de cet amour ou d’une
forme d’abandon de Hélène en sa propre présence[30][30] L. Althusser,
L’avenir dure longtemps, op. cit. , p.
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