Desofficiers municipaux avaient fait ouvrir le Luxembourg et les
autresprisons, délivré les cinq représentants détenus, et ils les
avaientconduits à l'H?tel-de-Ville, ?ce Louvre du tyran Robespierre,?
suivantl'expression du thermidorien Fréron. Mais le commandant des
sections,Henriot, ne donna aucun ordre aux bataillons des faubourgs,
quirestèrent immobiles dans leurs quartiers; et, pendant ce temps,
laConvention prit l'offensive: elle mit hors la loi les
cinqreprésentants, la Commune, Henriot; elle appela à elle les
sectionsdes quartiers riches. Celles-ci accourent, nombreuses,
pleinesd'ardeur, heureuses d'avoir à combattre la terreur, la Montagne,
laCommune, la révolution elle-même; elles jurent à la Convention
demourir pour sa défense et marchent sur l'H?tel-de-Ville. Il
étaitminuit: la Commune et les représentants proscrits n'avaient
prisaucune mesure de défense; il n'y avait sur la place que
quelquescompagnies de canonniers, avec des groupes de femmes et de gens
nonarmés. Au bruit que la Commune et ses défenseurs sont mis hors la
loi,tout se disperse. Les sections Lepelletier, des Piques, de
laButte-des-Moulins, arrivent, cernent l'H?tel-de-Ville et arrêtent
sansrésistance les représentants avec Henriot et tout ce qui était
autourd'eux. Le lendemain, Robespierre, ses collègues et dix-huit
membres dela Commune furent conduits au tribunal révolutionnaire, qui
constataleur identité, et de là au supplice, au milieu d'une foule
immense quipoussait des cris de joie et des imprécations contre les
condamnés.
Les deux jours suivants, quatre-vingt-deux membres de la Commune,hommes
obscurs et presque tous ouvriers ou de la petite bourgeoisie,furent de
même envoyés en masse et sans jugement à l'échafaud.
Ainsi
finit cette Commune fameuse, qui, pendant près de deux ans (du10 ao?t
1792 au 27 juillet 1794), avait dominé Paris, la Convention etla France;
elle s'est souillée de tant d'excès, elle a répandu tant desang et
laissé tant de ruines, que la mémoire des hommes qui lacomposèrent est
encore et sera à jamais exécrée.§ XV.Réaction thermidorienne.--Nouvelle
administration de Paris.--Jeunessedorée. --Fin du club des Jacobins.--Apothéoses de Marat et de Rousseau.La mort
de Robespierre fut le signal d'une réaction violente,non-seulement
contre la terreur, mais contre les hommes et les chosesde la révolution,
réaction qui ne devait s'arrêter qu'avec lerétablissement de la
monarchie. D'abord on ouvrit toutes les prisons,qui, huit mois après, se
trouvèrent remplies de dix millerépublicains; on modifia, puis on
supprima le tribunal révolutionnaire,dont la plupart des membres furent
envoyés à l'échafaud; on cessa dedonner les 40 sous de présence aux
citoyens pauvres qui assistaientaux assemblées de sections, et celles-ci
se trouvèrent ou abandonnéesou occupées entièrement par les royalistes;
on modifia, puis on abolitle maximum, ?et l'unique effet de cette
abolition, dit le royalisteToulongeon, fut d'accro?tre le discrédit et
de h?ter la chute desassignats, qui tombèrent bient?t dans un
avilissement tel qu'il fallut24,000 livres tournois pour payer une
mesure commune de bois àbr?ler.? On désarma Paris de sa terrible
Commune, et l'administrationde cette ville, dont la concentration avait
été si redoutable, futéparpillée de la plus étrange manière et donnée:
1? à deux commissionsspéciales de police et de finances, nommées par la
Convention; lapremière, qui était chargée réellement du gouvernement de
Paris, avaitsous ses ordres les comités d'arrondissement, les comités
civils et les commissaires de police des sections; elle
était elle-même sousla surveillance du comité de s?reté générale; 2? aux
diversescommissions nationales du gouvernement, qui rempla?aient alors
lesministères, c'est-à-dire que cette administration dépendit: pour
lessubsistances, de la commission de commerce et des
approvisionnements;pour les h?pitaux, de la commission des secours
publics; pour lesécoles et les spectacles, de la commission
d'instruction publique;pour l'illumination et entretien des rues, de la
commission destravaux publics; pour les ateliers et les arts, de la
commissiond'agriculture; pour les munitions et armes, de la commission
desarmes; pour les prisons, de la commission de police et tribunaux;
pourles revenus et domaines de la Commune, de la commission des
revenusnationaux. De plus, les fonctions relatives à l'état civil
étaientremplies dans chaque section par un officier public nommé par
laConvention, les comités civils des sections restant chargés dequelques
détails et de la liste des émigrés. sac longchamp pas cher
Avec une organisationaussi défectueuse, aussi anarchique, Paris n'eut
plus réellementd'administration, plus de police, et le désordre y devint
extrême.Toutes les mauvaises passions, les vices, les crimes que la
mainsanglante des triumvirs avait comprimés par la terreur, se
donnèrentpleine carrière: des maisons de jeu et de débauche s'ouvrirent
danstoutes les rues; la prostitution se montra toute nue, tête haute,
enplein jour et partout; les vols et les meurtres devinrent
aussinombreux qu'au temps des tire-laine et des coupe-jarrets du
XVIesiècle; les rues, à peine éclairées et nettoyées, ne furent
pluspraticables pendant la nuit que les armes à la main; enfin, la
guerrecivile recommen?a, mais ignoble et l?che, à coups de poing, à
coups deb?ton.Les jeunes gens dont les familles avaient été victimes de
la terreur, ceux qui avaient échappé à la levée en masse ou
déserté lesarmées, les habitués de cafés et de spectacles, les hommes
de finance, lesbeaux, les égo?stes, les débauchés de l'ancien régime,
enfin tous ceuxqui détestaient la République par amour des plaisirs et
de l'argent,dès qu'ils n'eurent plus peur, se mirent en campagne contre
larévolution. On les appelait incroyables, muscadins, jeunessedorée, jeunesse de Fréron, et ils se recrutaient principalementdans les sections thermidoriennes. Ils se donnèrent un costumeridicule, dit à la victime,
et qui fut reproduit spirituellementdans les caricatures de Carle
Vernet[109]; ils affectèrent un zézaiementpuéril jusqu'à l'idiotisme;
ils s'armèrent de b?tons plombés et s'enallèrent attaquer dans les rues,
au Palais-Royal, dans les thé?tres,les Jacobins, les agents de la
terreur, les ouvriers des faubourgs,tout ce que le journal de Fréron
appelait la queue de Robespierre.Ils obtenaient ainsi des
victoires faciles, car la queue deRobespierre se composait
principalement de femmes, de vieillards et àpeine de quelques milliers
d'hommes jeunes et valides; ils venaientensuite parader dans les salons
qui commen?aient à se rouvrir et yétaient applaudis par la femme de
Tallien, qu'on appelait laNotre-Dame de Thermidor, par la veuve du général Beauharnais, qui,plus tard, fut appelée la Notre-Dame des Victoires, et par d'autresdames qui donnaient le ton à la société nouvelle.
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