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2014-12-15 15:28:02
LE CONSEIL des droits de l'homme de l'ONU a évité de justesse de
perdre sa crédibilité. Hier, l'instance a décidé l'envoi d'une mission
d'experts pour ? évaluer la situation des droits de l'homme ? dans la
province soudanaise du Darfour. A priori simple, cette décision a donné
lieu à une journée et demie de débats passionnés et de tractations
serrées, à huis clos, entre les quarante-sept ?tats membres.La
composition de la future mission était au centre de la polémique. Alors
que l'Algérie, soutenue par le groupe africain, entendait choisir des
membres politiques sélectionnés au sein du Conseil, l'Union européenne
et les pays occidentaux exigeaient que la mission soit composée
d'experts indépendants. Un compromis a finalement été trouvé. La future
mission de ? haut niveau ? sera bien formée par ? cinq personnes
hautement qualifiées ?, mais elles seront désignées par le président du
Conseil, l'ambassadeur du Mexique, Luis Alfonso de Alba.
L'affrontement autour de cette décision avait des allures de test sur
la capacité du Conseil, mis en place il y a six mois, à surmonter la
traditionnelle fracture Nord-Sud et à imposer l'usage de professionnels
indépendants lors des enquêtes. Hier, les diplomates occidentaux
affichaient leur satisfaction. ? C'est un message clair que la situation
actuelle n'est pas acceptable ?, a expliqué Kofi Annan.Les débats sur
le Darfour, où quatre années de conflit ont fait 200 000 morts et jeté
sur les routes deux millions de personnes, ont été vifs. Le haut
commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Louise Arbour, a dressé un
véritable réquisitoire contre les violations commises par les forces
soudanaises et leurs milices supplétives arabes, les janjawids. En marge
du Conseil, les ONG ont dénoncé le recours ? très répandu ? aux
violences sexuelles comme arme de guerre. Des accusations qualifiées de
? mensonges ? par le vice-gouverneur du Darfour-Sud, Mustafa Farah. Mesures coercitivesL'opposition des autorités soudanaises à la future
mission laisse présager de grandes difficultés pour les experts.
Khartoum, qui entrave le travail des observateurs, a déjà rejeté
plusieurs décisions de la communauté internationale, dont l'envoi de
17 000 Casques bleus, une décision du Conseil de sécurité. Conscients de
ce risque, les pays occidentaux cherchent à accentuer la pression sur
le gouvernement soudanais. Les ?tats-Unis et la Grande-Bretagne
envisagent d'imposer une interdiction de survol au Darfour. La création
d'une zone d'exclusion aérienne aurait pour objectif de mettre un terme à
l'utilisation d'avions et d'hélicoptères soudanais pour soutenir des
attaques contre des civils alors que la violence redouble dans la
région. Selon le Financial Times, un blocus naval figure également parmi
les options à l'étude. Mais ces mesures auront du mal à faire plier le
président soudanais Omar el-Béchir.
Stephen Morrison, un expert du Centre d'études stratégiques de
Washington, souligne que les menaces américaines ne sont guère que des
? fantasmes ?, tant que Khartoum bénéficiera de l'appui de la Chine.
Kofi Annan, qui quitte ses fonctions de secrétaire général fin décembre,
n'a pas m?ché ses mots contre les ?tats-Unis en laissant entendre que
ceux-ci avaient bafoué leurs valeurs fondatrices dans leur lutte contre
le terrorisme. Pronon?ant un discours à Independence, dans le Missouri,
M. Annan a noté mardi que les ?tats-Unis avaient ? historiquement été à
l'avant-garde du mouvement des droits de l'homme. Mais ce r?le ne peut
se perpétuer que si l'Amérique reste fidèle à ses principes, même dans
la lutte contre le terrorisme ?, a-t-il ajouté.Lorsque l'Amérique
? semble abandonner ses propres idéaux et objectifs, ses amis à
l'étranger sont naturellement troublés ?, a poursuivi Kofi Annan, alors
que l'armée américaine a été au centre de plusieurs scandales en Irak et
que le camp de détention de Guantánamo et les méthodes de la CIA ont
donné l'impression que les ?tats-Unis s'affranchissaient des règles
internationales. Ces critiques ont suscité une réaction agacée de
Condoleezza Rice.