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2014-11-26 09:25:38
Or, deux accords de libre-échange en suspens devant le Congrès, l'un
déjà ratifié par le Pérou, l'autre tout juste signé avec la Colombie,
risquent d'être recalés par les nouveaux ma?tres de la Chambre et du
Sénat. ?lus avec le soutien financier et la mobilisation active des
syndicats, les démocrates sont sensibles à leurs arguments sur la
délocalisation des emplois américains. Ils ont déjà demandé une
renégociation de ces traités pour y inclure des mesures de protection
des salariés. ? S'ils ne sont pas ratifiés, cela enverra le message à
tout le continent qu'il n'a pas d'importance stratégique pour les
?tats-Unis ?, dit M. Shifter. Un dossier sur lequel les démocrates sont
réputés plus ouverts que les républicains est l'immigration. ? Il
devrait être plus facile à George Bush de faire passer son projet de
réforme globale, incluant un programme d'accueil des travailleurs
étrangers ?, souligne Stephen Johnson, ancien diplomate spécialiste de
l'Amérique latine à l'Heritage Foundation.
Mais le parti de Nancy Pelosi n'a pas pris officiellement position et
certains de ses membres durcissent le ton. Le sénateur Joe Biden,
candidat potentiel en 2008, vient de traiter le Mexique de ? démocratie
ringarde et corrompue ?. Après six ans de face-à-face avec Vincente Fox
centré sur l'immigration, Felipe Calderon espère élargir la relation
bilatérale à d'autres sujets, comme l'économie ou la lutte antidrogue,
pour prendre un nouveau départ. La construction de 1 100 kilomètres de
palissades sur leur frontière reste le symbole de l'attitude des
?tats-Unis envers leurs voisins du Sud. Elle nourrit la méfiance des
populations et la rhétorique des dirigeants. ? cet égard, Washington
peut se préparer à six années de souffrance supplémentaires avec Hugo
Chavez à Caracas. Après ses incantations contre ? le diable Bush ? à la
tribune de l'ONU en septembre, les démocrates avaient serré les rangs
derrière le président. ? Ils ne chercheront pas à amadouer Chavez, mais les échanges
commerciaux et pétroliers continueront, parce que aucun c?té n'a
vraiment le choix ?, prédit Michael Shifter. Le Venezuela exporte 60 %de
son pétrole aux ?tats-Unis, où il représente 11 % des importations. Un
rapport du Council on Foreign Relations préconise d'? ignorer les
gesticulations ? du disciple de Fidel Castro, qui ? aboie plus fort
qu'il ne mord ?. C'est déjà la ligne suivie par le département d'?tat,
avec l'approbation des pétroliers américains. Un risque de contagion du
phénomène Chavez pourrait- il amener Washington à changer de ligne ? ?
Son rapprochement avec l'Iran pose un problème, reconna?t Shifter, et je
ne vois pas les démocrates être plus mous là-dessus que les
républicains. ? Mais les experts estiment que les ?tats- Unis auraient
tort d'intervenir, leur meilleure carte restant la neutralité : le
chantre de la révolution bolivarienne ? a montré un talent pour s'isoler
lui-même, assure Johnson à l'Heritage, plut?t classé à droite. Le mieux
est de le laisser tisser la corde pour se pendre.
? Le vice-président de l'Inter-American Dialogue, plus à gauche,
approuve : ? Chavez n'est pas suivi par grand monde en Amérique latine ?
et, s'il persiste dans sa lubie de s'octroyer la présidence à vie, dit
Shifter, ? il aura perdu toute légitimité pour parler au nom de la
démocratie ?. La le?on vaut aussi pour Fidel Castro, proche de la fin au
tournant de ses cinquante ans de règne. L'Administration Bush maintient
un embargo strict qui n'a donné aucun résultat et que les producteurs
de blé et de ma?s américains voudraient voir assoupli. Mais leur lobby
n'est pas particulièrement influent chez les démocrates et ? il leur
manque la passion qui anime l'autre camp ?, celui des Cubains-Américains
attendant en Floride la chute du Lider Maximo. Quand ce jour sera venu,
les ?tats-Unis devront ? entièrement repenser leur politique en faveur
d'une approche graduelle ?, prévient Shifter. C'est là que les
démocrates peuvent se mettre à l'écoute du continent : ? Nous sommes
englués dans le populisme, la plus vieille tradition politique de
l'humanité, a déploré l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa lors d'une
conférence jeudi àWashington. La bataille des idées reste à gagner en
Amérique latine.