L'assassinat de Politkovska?a est le troisième meurtre apparemment
politique en trois semaines.Le fait que le procureur général de Russie
Iouri Tcha?ka prenne en main l'enquête sur le meurtre d'Anna
Politkovska?a, comme il l'a fait pour celui de Kozlov, n'est pas source
d'espoir, comme ce serait le cas dans une vraie démocratie si un si haut
fonctionnaire s'impliquait dans une enquête. En l'occurrence,
l'implication des plus hauts niveaux du gouvernement en Russie est
pratiquement une assurance que le meurtrier ne sera jamais retrouvé. Le
meurtre de Politkovska?a est un augure particulièrement sinistre si l'on
considère le fait qu'elle émettait de virulentes critiques à l'endroit
du président russe. Dans ses articles pour les quelques journaux encore
indépendants de Moscou, Nova?a Gazeta, et dans ses livres, Anna
Politkovska?a commentait la suppression des libertés qui marque la
présidence de Poutine. Comme le montre le sort réservé aux anciens
hommes d'affaires exilés Boris Berezovski et Vladimir Gouzinski ainsi
que du magnat du pétrole emprisonné Mikha?l Khodorkovski, le destin des
ennemis de Poutine peut prendre trois formes : l'exil, la prison ou la
tombe.Je ne suis pas en train d'accuser le gouvernement de Poutine
d'avoir ordonné le meurtre de Politkovska?a.
Après tout, en tant que journaliste d'investigation en campagne, elle a
mis en colère, outre Poutine, de nombreuses personnes.Mais, même si les
associés de Vladimir Poutine n'avaient rien à voir avec le meurtre par
balles de Politkovska?a dans un ascenseur de son immeuble du centre de
Moscou, c'est le mépris de la loi qui a créé le climat dans lequel le
meurtre a pu être perpétré.?tant donné ce que représentait
Politkovska?a, le gouvernement aurait d? s'assurer qu'il ne lui
arriverait rien. La Russie de Poutine a déjà perdu douze éminents
journalistes, assassinés au cours de ces six dernières années. Aucun de
ces crimes n'a été élucidé, ce qui ne serait pas le cas si la
? dictature de la loi ? de Poutine était autre chose qu'une simple
stratégie de relations publiques.Les six années qui se sont écoulées
depuis l'arrivée de Vladimir Poutine au Kremlin ont été marquées par des
signaux profondément contradictoires. D'un c?té, le monde a vu un jeune
leader dipl?mé s'engager à moderniser la Russie et, plus
particulièrement, à aligner l'application de la loi et les pratiques
judiciaires sur les normes internationales. D'un autre c?té, le président se contente de regarder sans rien dire
ses anciens collègues des services de sécurité du FSB (l'ex-KGB) retirer
toute protection à ceux qui se font assassiner. Une fois de plus, en
Russie, le contact avec les valeurs de l'Occident a donné naissance à un
autre village Potemkine. Au niveau mondial, le danger est que le
non-respect des lois manifesté par Poutine s'exporte. Près des
frontières russes, une forme de diplomatie criminalisée est en train de
s'enraciner. Pensez à la manière dont Poutine a tenté de truquer les
élections en Ukraine. Songez aux accusations sans cesse retirées contre
le leader de l'opposition Ioulia Timochenko.Tous les policiers le
savent.
.. Lorsqu'on ignore les comportements des criminels, ceux-ci n'en
deviennent que plus audacieux.Il est plus que temps que le monde
reconnaisse Vladimir Poutine pour ce qu'il est : un homme qui refait de
la Russie un pays des ombres. Le monde doit aujour?d'hui méditer cette
vieille maxime latine, qui tacet consentere videtur - ? Qui ne dit mot
consent ? - et se demander s'il est vraiment sage de consentir
tranquillement à la construction par Poutine d'une superpuissance
énergétique où la loi ne compte pas.L'ennui avec les idées re?ues, c'est
qu'elles sont rarement totalement fausses. Mais elles polluent
suffisamment le jugement pour qu'on puisse utilement les interroger.
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