Ainsi les travaux publiés au Brésil révèlent un intérêt prioritaire pour
la thématique 5 (160;de la rue au travail160;: la vie quotidienne dans
les villes brésiliennes160;160;: 22 références), puis de fortes
préférences pour les thématiques (160;solidarités160;), 14
(160;pratiques culturelles et identités160;) et 1 (160;les pouvoirs dans
la ville160;). Ces thèmes, nous l’avons vu, sont plutt abordés à partir
du contexte des villes contemporaines160;: c’est donc la mise en place
des sociétés industrielles complexes qui retient l’attention,
l’émergence de nouveaux groupes sociaux et de nouvelles identités, les
rapports entre sociétés et pouvoirs... Prenons le cas de Walker et
Barbosa ([39]), dont l’étude montre comment la diversification des
activités en cours dans la région de Ribeiro Preto a modifié les styles
politiques160;: coronélisme, populisme, style dictatorial et démocratie.
Les travaux publiés aux é tats-Unis indiquent trois spécificités
thématiques160;: 160;réformes urbaines et contrle social160; (no 2),
160;identités sociales160; (no 4) et 160;de la rue au travail160; (no
5). C’est ici la dimension politique de la ville comme lieu de conflits
sociaux mais aussi comme espace à contrler, qui est privilégié, à
l’exemple des travaux de Margareth Meade [46] et Thomas Holloway [43].
Les ouvrages et articles publiés en France se répartissent autour des
thématiques 14 (160;Pratique culturelles160;), 13 (160;sensibilités et
sociabilités160;), 8 (160;urbanisme colonial160;) et 9 (160;enjeux
urbanistiques de l’ère industrielle160;). Placé sous le regard franais,
ce Brésil urbain est présenté comme disposant d’une forme spatiale
originale (à l’exemple des travaux de Laurent Vidal [59] et Claudia
Damasceno [184]) et comme un lieu d’apprentissage de nouvelles attitudes
culturelles (sociabilités et sensibilités abordées par Jean-Pierre Blay
[204] et Jorge P. Santiago [201]). Enfin, cté portugais, ce sont les
thématiques 8 (160;urbanisme colonial160;) et 11 (160;villes, échanges
et transports160;) qui sont plus particulièrement appréciées. Ces choix
illustrent ce que nous avons déjà eu l’occasion de souligner160;: dans
le cadre des commémorations des découvertes portugaises, le Portugal a
souhaité démontrer la rationalité et la cohérence de la politique de
contrle territorial mise en place au Brésil, surtout au XVIIIe siècle, à
partir de la création de nouveaux noyaux urbains et de solides réseaux
de communications (voir les travaux de Renata Araú jo [127], [128],
[134]). Tableau no4 - Thèmes étudiés selon les pays d’édition 23 Ces
constats permettent désormais d’établir les lieux du dialogue que les é
tats-Unis, la France et le Portugal entretiennent respectivement avec le
Brésil au sujet de l’histoire du Brésil urbain. Pour le cas des é
tats-Unis, c’est assurément autour de la question des enjeux politiques
et sociaux des réformes urbaines de la période 1880-1930 que s’établit
le dialogue. Pour la France, c’est plutt autour de la définition des cultures
urbaines dans la ville contemporaine. Et pour le Portugal, c’est
évidemment autour de la problématique de l’urbanisme colonial. 24 La
définition opératoire plutt large qui a été retenue afin de rendre
compte de la multiplicité des regards portés sur l’histoire du Brésil
urbain, ainsi que de l’originalité des expériences scientifiques menées,
nous permet d’établir un certain nombre de conclusions. En premier
lieu, l’histoire du Brésil urbain est un champ d’étude partagé entre
disciplines (histoire, urbanisme, architecture, anthropologie et
géographie) et pays (Brésil, é tats-Unis, France et Portugal). En second
lieu, ce partage repose sur des spécificités thématiques propres à
chaque pays. L’une des qualités de ce champ est d’être fortement
réceptif aux incitations internationales, fruits de programmes de
recherche en coopération. Ensuite, ce champ d’étude est marqué par un
profond déséquilibre entre les travaux portant sur la période coloniale
et ceux portant sur la période contemporaine.
C’est la forme de la ville industrielle qui est interrogée, de même que
les implications politiques, sociales et culturelles de son émergence
(près du quart des travaux sont consacrés à la période 1880-1930).
Enfin, ce champ s’est initialement structuré comme une 160;école de
vie160; pour reprendre les propos d’Armus et Lear160;: le recours à
l’histoire servait à identifier des genèses, à tirer des leons du passé.
Près de quinze ans plus tard l’étude du corpus rassemblé indique au
contraire que s’est imposée une pratique classique de l’histoire
urbaine, prenant soin de croiser dimensions spatiales et sociétales.
C’est assurément ce qui fait la spécificité de cette expérience. Bibliographie 1.
Généralités Champs de l’histoire urbaine [1 ] 160;Cidade e histó
ria160;, Espao e debates, NERU, So Paulo, no 34,1991, p.x00A0;7-21